Le Vatican dans le péché

par Alain Hertoghe
jeudi 22 septembre 2005

Le Vatican entraverait les efforts de la justice pour appréhender le général croate Ante Gotovina, poursuivi pour crimes contre l’humanité (exécution de 150 Serbes et expulsion de 150.000 autres en 1995). Ce général se cacherait dans un monastère franciscain en Croatie. Pourquoi a-t-on spontanément tendance à croire l’accusation de Carla del Ponte, procureure du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie, et à ne pas accorder beaucoup de crédit aux dénégations du Saint-Siège ?

D’abord parce que la réaction du porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, à la suite des déclarations de Carla de Ponte au Daily Telegraph, nous rappelle que l’Eglise catholique se considère, à son plus haut niveau, au-dessus de la loi des hommes : le Vatican ne peut pas ’collaborer de façon institutionnelle avec les tribunaux’, a déclaré son porte-parole.

Ensuite parce que personne n’a oublié le rôle du Vatican et de ses réseaux dans la fuite des criminels nazis après la seconde guerre mondiale (Adolf Eichmann et Klaus Barbie disposaient par exemple d’un passeport et d’un statut de réfugié fournis par le Saint-Siège). Plus récemment, l’Eglise catholique n’a eu de cesse de minimiser le rôle de prêtres dans le génocide rwandais, voire de tenter de les soustraire à la justice.

Enfin, ces dernières années, face à l’avalanche des cas de religieux pédophiles dénoncés par leurs anciennes victimes, l’Eglise, des évêques locaux au Vatican, a souvent adopté une attitude complice, voire criminelle (quand les recours ont permis la poursuite d’abus sexuels). Au mieux, elle s’est réfugiée dans le déni et la dissimulation. Le cas du P. Denis Vadeboncoeur, condamné mercredi dans l’Eure, et l’attitude de ses deux évêques consécutifs, Mgr Gaillot et Mgr David, sont tristement révélateurs.

Grand donneur de leçons en pacifisme, en justice sociale et en morale privée, le Vatican serait bien inspiré de faire son aggorniamento et d’enfin collaborer pleinement avec les tribunaux pour contribuer au devoir de vérité et de justice face aux crimes humains les plus affreux. En s’assignant cette mission, le pape Benoît XVI pourrait faire la différence avec ses prédécesseurs. Les victimes et leurs familles remercient d’avance Sa Sainteté...


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