D’après le quotidien Haaretz, Michèle Alliot-Marie a prévu de visiter le musée d'holocauste de Yad Vashem à Jérusalem avant de déjeuner avec Avigdor Lieberman, son homologue israélien. A Jérusalem, on s'attend à ce qu'elle rencontre les parents de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé à Gaza en 2006, qui est citoyen français avec une double nationalité. Michèle Alliot-Marie a prévu de rencontrer jeudi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahou. Elle a prévu également d'aller vendredi dans la bande de Gaza où elle rencontrera des représentants de l'agence de Nations Unies pour les réfugiés palestiniens. La ville israélienne méridionale de Sderot, fréquemment visée par des attaques de fusées commises par des militants de Gaza, sera sur son itinéraire.
Selon une déclaration de l’ambassade de France, le but principal de la visite est d’examiner comment la France et ses partenaires européens peuvent contribuer à la reprise directe des négociations israélo-palestiniennes, seule manière de réaliser une solution viable au conflit.
Le Figaro et Le Monde n’ont pas parlé de cette visite. Pour la presse israélienne c’est un événement important, car il confirme l’alignement de la France sur la politique du gouvernement israélien. La rencontre avec les parents de Gilad Shalit et le passage par la ville de Sderot en sont la preuve. De toute façon la France et l’Europe n’ont rien à offrir en échange d’une reprise des négociations. On peut imaginer que MAM et Lieberman se féliciteront de l’annulation de la conférence de Stéphane Hessel à l’Ecole Normale Supérieure la semaine dernière.
La compassion de MAM pour le soldat Gilad Shalit, un compatriote, bien qu’il fût pris sous l’uniforme israélien, est un bon sentiment. Mais il est bien évident que MAM n’a pas la même compassion pour Salah Hamouri, un autre compatriote, détenu depuis cinq ans dans une prison israélienne. La différence est que le premier est juif alors que le second est arabe. Pourtant tous deux sont français.
Salah Hamouri a été arrêté à un checkpoint près de Ramallah le 13 mars 2005 sous prétexte qu’il projetait un attentat contre le rabbin ultra-orthodoxe Ovadia Yossef. C’était une accusation sans preuve et il n’avait commis aucun délit.
Dans un Etat démocratique, il aurait été relâché aussitôt. Mais après trois ans de détention préventive, l’administration judiciaire lui a proposé de plaider coupable pour échapper à une peine de quatorze ans de prison. C’est ce qu’il a fait sur le conseil de son avocat, et il a été condamné par le tribunal militaire à une peine de sept ans de prison.
Le jour de son arrestation, Salah Hamouri avait vingt ans. Quand il sortira de prison l’année prochaine, il en aura vingt-sept. Comme ses compagnons d’infortune, il ne peut ni recevoir des livres ni lire des journaux. Il est privé de courrier. Son sort n’est pas meilleur que celui de Gilad Shalit.
Le gouvernement français n’a jamais rien fait pour obtenir la libération de Salah Hamouri. Nul doute que MAM n’en touchera pas un mot à Benjamin Netanyahou.