Les différents courants politiques en Algérie (1)
par GHEDIA Aziz
lundi 6 juin 2011
Le parti Jil Jadid étant nouveau sur la scène politique algérienne et pas encore agréé, il me semble, en tant que militant de ce parti, qu’il est d’ores et déjà temps à tout militant de ce parti de contribuer par des écrits à le faire connaître auprès des lecteurs et à essayer d’ en donner une image la plus réelle possible.
Toutefois, avant de commencer, une précision s’impose : c’est lors d’une conversation téléphonique avec un ami que ce travail m’a été suggéré. En fait, l'idée était de faire un papier sur les différents courants politiques en Algérie. Vaste sujet, me diriez- vous ? En effet, comme vous, c’est ce que j’ai d’abord pensé à l’énoncé de ce sujet. J’irais même plus loin encore en vous disant que si j’étais enseignant de philosophie, je ne manquerais pas de proposer cette question aux candidats au Bac algérien de cette année. Ne serait-il pas intéressant de savoir ce que pensent nos enfants, la « nouvelle génération » des partis politiques algériens toutes tendances confondues ? Il va de soi qu’au début, j’avais trouvé la question un peu délicate à aborder. Puis au fur et à mesure que j’avançais dans mes recherches sur Internet, il m’a paru que la question était prenable, si j’ose dire. Ça n’a rien d’un travail harassant ni d’un travail ressemblant au « mythe de Sisyphe ». Car, une fois le travail accompli, je n’aurais pas à le reproduire indéfiniment si ce n’est le copier et le coller. De nos jours, les TIC nous facilitent grandement la tâche. Par ailleurs j’estime qu’il est du rôle du lettré pour ne pas dire intellectuel d’éclairer la lanterne de ceux qui sont, peut être, dans l’ignorance la plus totale concernant ces questions de base de la vie politique. Que l’on sache d’abord ce que c’est un parti politique et à quoi il sert. Autrement dit quel est rôle d’un parti politique ? Dans l’esprit de beaucoup de gens, un parti politique ne sert à rien si ce n’est qu’il sert plutôt ceux qui y font partie. Or, rien n’est plus faux. Cette idée très répandue dans l’opinion publique algérienne doit être désancrée de la tête de nos concitoyens. Il est temps de porter un nouveau regard sur les partis politiques quels qu’ils soient et quelles que soient leurs idéologies.
En fait, pour rédiger ce papier, je n’ai pas été par trente six chemins. Je vous avoue que le travail était déjà à moitié fait ! Par qui ? Comment ? Je sais que ce genre de questions vous taraude l’esprit. Alors, je ne vous le cache pas, je n’entretiens pas plus longtemps le mystère et je vous donne donc tout de suite ma recette miracle. Ou plutôt magique. Je préfère de loin ce deuxième terme, MAGIQUE, car il rend bien compte de cette nouvelle technologie de la communication (Internet) capable, si elle est utilisée à bon escient, de chambouler le monde. Les révolutions qui ont eu lieu en Tunisie, en Egypte et ailleurs dans le monde arabe ne sont-elle pas un exemple vivant et concret de ce que peut faire le Web ? Alors, sans plus tarder, disons que c’est grâce à ma fille, lycéenne, qui a eu à faire un travail de recherche sur cette question-là, les partis politiques, que ma tâche s’est trouvée grandement facilitée. De ce travail de recherche qui s’intitulait « Le parti politique », je n’ai, en fait, pris que la définition. Celle-ci : « Un parti politique est une organisation politique qui cherche à influencer une politique gouvernementale, en nominant leurs propres candidats et en tentant d'obtenir des mandats politiques.
Plus généralement, la notion de parti politique possède deux définitions. La première, d'ordre idéologique, est presque synonyme de faction : il s'agit, pour reprendre les termes de Benjamin Constant, d'une « réunion d'hommes qui professent la même doctrine politique ».
La seconde, d'ordre institutionnel, le tient pour un élément essentiel du jeu démocratique : « elle consiste à saisir le parti politique en tant que forme politique, structure d'organisation de la démocratie ». Voilà. C’est net et précis.
Revenons maintenant à la question telle qu’elle a été formulée par mon ami à savoir « les différents courants politiques en Algérie ». Pour être honnête, je dirais qu’avant de donner mon accord pour entreprendre un tel travail, j’avais, comme on dit, un peu tiqué. Pourquoi me demande-t-on une chose pareille ? Ecrire un papier sur les partis politiques algériens alors que le notre, notre parti, n’a même pas encore d’existence légale sur papier ?
Bon ! « Passons maintenant aux choses sérieuses ! »
Faisons une petite digression à propos de cette dernière phrase.
Du temps du parti unique, vers les années 7O, un des journalistes de l’Unique s’est vu démis de ses fonctions pour avoir prononcé cette fameuse phrase, lors du JT de 22h (en langue française), et ce, pour faire la transition de l’information locale à « l’international » où les choses étaient, reconnaissons-le pas seulement selon lui, plus sérieuses. Autrement dit, tout ce qu’il disait jusqu’alors n’était que du baratin, du blabla sans aucun intérêt pour les téléspectateurs. Normal, en Algérie, c’était l’époque de la « révolution agraire » et des petites Kasma FLN éparpillées dans les villages et les faubourgs du pays et qui, pour un oui pour un non, condamnaient de la façon la plus véhémente l’impérialisme américain. Ce temps de « zalt ou tfaraîne »* est heureusement bien derrière nous. Ne reste sur le lit de la rivière que les galets, dit l’adage.
Ce qui nous amène donc à parler du plus vieux parti politique algérien : le FLN.
Nombre d'intellectuels et d'hommes politiques de l'opposition, en Algérie, pensent le plus sérieusement du monde que la place de ce parti politique devrait être dans un musée de l’Histoire et non au Pouvoir. Pour la simple raison qu’à son origine il appartenait à tout le peuple algérien et qu’il a déjà fait SA révolution et SON temps. Les conditions historiques de sa création sont connues de toutes et de tous.
En 1954, année de sa création, sa mission était de combattre le colonialisme français et « d’arracher l’indépendance (1). Cette mission a été menée avec brio. Nul n’est ingrat pour ne pas lui reconnaitre ce mérite. Après plus de sept ans de guerre, de souffrances, de larmes et de sang versés par les algériens, celui-ci est sorti victorieux. Il faisait alors la fierté du « seul héro, le peuple ». Malheureusement, une fois l’indépendance acquise, le FLN a vite perdu de sa crédibilité, particulièrement après la mort de Houari Boumediene qui, malgré ses détracteurs, avait du charisme. Bien sûr, nous ne nions pas le fait qu’il y eut, malgré tout, beaucoup de réalisations sur le plan infrastructurel et beaucoup d’acquis sociaux sous le règne du FLN, mais, vu la manne pétrolière dont disposait le pays, on aurait pu mieux faire. Parmi les acquis sociaux, je n'en citerais que deux :
< la gratuité des soins pour tous les algériens, mais dont ont profité, en réalité, beaucoup plus les gens bien introduits dans le système qui bénéficiaient ainsi de prises en charge à l’étranger même pour des soins dentaires
< et la démocratisation de l’enseignement supérieur grâce à laquelle votre serviteur, issu pourtant d’un milieu social défavorable, a pu accéder à une profession des plus nobles : la chirurgie. Et il se trouve aujourd’hui, en face de son micro, à dénigrer, pourront peut-être me rétorquer certains nostalgiques de ce parti. En fait, je ne dénigre pas, je balance plutôt mes quatre vérités à la face des « FLNistes » qui ont, à un moment donné, utilisé le sigle du parti unique à des fins personnelles. Ils ont fait fi de l’intérêt général. Pendant des années, le FLN gérait d’une main de fer le pays. Toutes les organisations de masse (UGTA, UNJA, UNFA …etc.) étaient sous sa coupe et seuls ses militants pouvaient postuler et accéder à des fonctions de responsabilité au sein de l’Etat, par exemple. La révolte du 5 octobre 1988 a mis pratiquement fin à un règne sans partage du parti FLN. Il est inutile de revenir ici sur « ce chahut de gamins » si ce n’est pour dire que, pendant ces évènements, tout ce qui symbolisait le parti FLN a été saccagé et brûlé. C’était la revanche des jeunes algériens contre le système du parti unique qui les a pendant longtemps brimés.
Comme conséquences à ces évènements, il y eut la réforme de la constitution en 1989 ; celle-ci a établi le multipartisme en Algérie et libéré le champ médiatique. Autre conséquence dont on parle peu : l’ex Président Chadli Bendjedid est poussé à démissionner par la « grande muette » qui, en réalité, a toujours détenu le pouvoir réel.
* Se prendre pour un pharaon alors qu'on est rien !
... à suivre.