Les Talibans entre le marteau américain et l’enclume afghane

par RomRom
mardi 18 mai 2010

Les Talibans menacent. C’est peut-être la seule réponse qu’il leur reste pour s’opposer à l’opération de grande envergure que prépare l’ISAF. Une immense armée devrait se déployer dans Kandahar et sa région dès le mois de juin. L’avancée militaire dans le sud interroge sur la compatibilité de cette violence avec le discours avancé par Hamid Karzai pour pacifier les insurgés par la négociation en leur offrant des solutions.

3500 GI et 6700 policiers afghans pour occuper Kandahar. 8000 soldats américains et canadiens en plus pour quadriller l’ensemble de la périphérie de la ville. Ce sont les effectifs prévus par l’ISAF pour la prise de cette cité capitale pour les Talibans. L’opération doit commencer en juin. Comme pour Marjah, les militaires prévoient de submerger ce territoire et d’y installer immédiatement un gouvernement officiel qui devra lancer très rapidement le développement des administrations d’État.

Les choses devraient cependant être plus difficiles. Si Marjah est un secteur principalement agricole habité en tout de 125 000 habitants, Kandahar a été le centre du pouvoir taliban de 1994 à 2001. C’est une cité urbaine dans laquelle vivent 500 000 habitants. Il s’agit d’une deuxième étape dans la stratégie otanienne qui devrait ensuite viser Kunduz. A chaque fois, les forces alliées de Kaboul annoncent leur arrivée pour que la majorité des insurgés quittent les lieux.


Barack Obama qui recevait cette semaine Hamid Karzaï à Washington, a admis qu’il envisageait une aggravation de la situation dans le sud qui va être secoué par les combats et par les mouvements des insurgés au cours des prochains mois. Pour l’ISAF, des résultats devraient cependant être visibles dès la fin de l’année, notamment à Kandahar. Le Président américain a confirmé sa volonté de commencer le retrait des troupes en 2011 tout en confirmant la pleine confiance de son équipe envers son homologue afghan.

Acte de présence

Pour Hamid Karzai, la partie est pourtant loin d’être gagnée. Après avoir accepté de suivre les plans occidentaux et de proposer des portes de sorties aux insurgés qui accepteraient de déposer les armes, il se retrouve avec une présence plus marquée que jamais des combattants étrangers dans les régions pachtounes.

Le président afghan qui avait entamé des négociations avec plusieurs groupes talibans pourrait donc se retrouver en porte-à-faux. L’offensive pourrait avoir deux conséquences opposées. Les rebelles pourraient la vivre comme une trahison et une menace et décider de continuer leur résistance. D’un autre côté, cette pression pourrait aussi les pousser à accepter les conditions offertes par le gouvernement.

Kaboul dispose d’une enveloppe de 125 millions de dollars destinée aux insurgés qui accepteraient de se ranger. Les chefs de guerre se voient proposer l’exil dans un pays étranger s’ils arrêtent le combat. Les combattants ont la possibilité s’ils renoncent au combat d’obtenir un emploi simple, dans le bâtiment ou le textile par exemple.

Résistance bluffante

Les Talibans ont décidé de ne pas se laisser faire. En réponse aux effets d’annonce de l’ISAF et à son rouleau compresseur, les insurgés ont prévu une vaste opération pour le printemps. Cette campagne lancée lundi doit consister en une vague d’attentats et de pièges qui n’a cependant pas marqué les médias. Le ministre de la Défense afghan, Abdul Rahim Wardak dénonçait alors une « propagande », les Talibans ne pouvant pas « affronter les forces de l’OTAN dans un conflit classique ».

Les insurgés ne prévoient cependant pas de combattre de manière conventionnelle mais bel et bien de préparer des attaques ciblées. Les attentats et les pièges explosifs doivent viser les troupes de l’OTAN mais aussi les Américains en général, les diplomates étrangers, les forces de sécurités afghanes qualifiées de « larbins de Karzaï » ainsi que les sociétés militaires privées opérant dans la sécurité ou dans la reconstruction.

Les Nations-Unies ont anticipé les troubles et ont quitté la ville de Kandahar dès le mois d’avril. Le maire adjoint de la ville, Azizullah Yarmal, a été tué quelques jours plus tôt par une rafale de mitrailleuse dans une mosquée. Mais les insurgés ont finalement peu de moyens d’amplifier leurs efforts outre mesure et risquent, comme à Marjah, d’être totalement dépassés. Ils devront alors se replier dans les montagnes. Il est pour l’instant difficile d’évaluer ce que font les Talibans qui ont évacué Marjah ni ce que pourraient planifier ceux de Kandahar.

Photos : Lance Cpl. Sarah B. Novotny & Specialist 2nd Class Miguel Angel Contreras

Un article extrait de : www.actudefense.com

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