Les USA et la Chine font un pas de plus vers Big Brother

par Laurent Herblay
samedi 7 janvier 2017

Bien sûr, les deux pays ne fonctionnent pas de la même manière, mais il est tout de même troublant de mettre en parallèle deux informations de la fin de l’année sur l’utilisation du digital par Washington et Pékin pour fliquer les citoyens, ravivant les craintes d’un Big Brother digital.

 

Un des côtés obscurs de la révolution digitale
 
Si cette révolution nous a apporté beaucoup, comme citoyens ou consommateurs, donnant à la fois accès à d’autres sources d’information comme à toute une palette de services et produits, elle pose beaucoup de problèmes, dont certains sont cristallisés par le modèle d’affaires de Uber ou de bien des géants de cette nouvelle économie. Le moindre de ces problèmes est la gestion de toutes les traces digitales que nous laissons. Outre le fait d’avoir fait la fortune de Google et Facebook, au détriment de tous les autres média, devenus des fournisseurs de contenu à ces agrégateurs devenus maîtres de nos vies digitales, ces données peuvent également permettre un contrôle de nos vies par l’Etat.
 
C’est ainsi que nous avons appris pendant les vacances que, pour entrer aux Etats-Unis sans visa, une demande, pour l’instant facultative, des identifiants de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram ou Snapchat) a été ajoutée pour recueillir des « informations relatives à votre présence en ligne ». Pour l’instant, ceci ne concernerait que les informations publiques des profils, de manière à « identifier une menace potentielle » et resterait facultatif, n’empêchant pas l’entrée aux Etats-Unis. Mais il est difficile de ne pas imaginer que le facultatif devienne obligatoire et que la énième révision des conditions d’utilisation des réseaux sociaux ne permette pas un accès aux données privées…
 
La frontière entre l’émancipation et l’oppression semble malheureusement plus ténue qu’on peut l’espérer et la Chine en montre déjà les dangers. Un passionant article de The Economist intitulé « Créer un état digital totalitaire » montre comment ses dirigeants utilisent ces données pour créer de nouveaux moyens pour contrôler les citoyens, jusqu’à créer la polémique dans les médias d’Etat ! Le pays expérimente un « système de crédit social  » pour noter le comportement des citoyens dans un comté au nord de Shanghai, accordant des points pour les bons comportements et en soustrayant pour des infractions routières minimes comme le fait de demander illégalement de l’aide aux autorités.
 
Un bon score permet d’avoir des promotions ou un accès plus rapide aux logements publics. Mais le projet est critiqué entre données pas toujours fiables et polémique sur l’utilisation de données politiques, des média publics affirmant que c’était aux citoyens de noter les employés publics et le compare avec les certificats émis pendant l’occupation Japonaise. Cependant, l’Etat prévoit le déploiement en 2020, pour mieux mesurer l’évolution de l’opinion publique ainsi que son contrôle. La quantité de données semble colossale, mais The Economist rapporte qu’aux USA, la NSA peut collecter 42 milliards de données de connexion Internet par mois et 5 milliards de localisations de téléphone par jour.
 

 

Ce qui est malheureux, c’est que très peu de politiques s’emparent de ces sujets, se contentant de réagir aux actualités qui font le plus de buzz, alors que les questions d’éthique devraient être des sujets prioritaires pour leur réflexion. Ce faisant, le digital est porteur de beaucoup d’abus.
 

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