Lincoln avait prévu la chute des USA. Le Tea Party les en sortira

par franchamont
jeudi 4 novembre 2010

Quelles que soient les couleurs bigarrées de ce mouvement, au delà de la diversité ou même de l’adversité des idées qui l’habitent, c’est la manifestation flagrante et réjouissante de la santé mentale de l’Amérique qui se réveille. Beaucoup chez nous oublient que notre République a d’abord été Sans Culotte.

Rand Paul et sa femme crient victoire le 2 novembre 2010. Source : The Huffington Post

Comme attendu les Tea Partiers sont les grands gagnants des élections de mi-terme et je ne vois pas pourquoi tant de gens, pourtant épris de liberté –je l’espère, décrient si bêtement le mouvement du Tea Party ! Le comble se trouve hélas dans deux articles parus le même jour à la une d’Agoravox, le 02 novembre 2010. Leurs auteurs n’ont pas une vue dynamique de l’Histoire, ne la regardant qu’au travers de poncifs déformants ou n’énonçant que clichés futiles. Ils ne comprennent pas les États-Unis et ne connaissent pas leur culture de base, fortement marquée par l’histoire et par la conquête originelle des libertés. Libertés qui plus tard, dès le début du 20e siècle, furent progressivement écrasées et le sont encore et d’autant plus vite au 21e.

Abraham Lincoln, peinture de George P. A. Healy, 1869 (source Wikipedia)

Abraham Lincoln avait senti venir cette dérive tragique, lui qui écrivait dans une lettre au Colonel William F. Elkins, le 21 novembre 1864 :

“I see in the near future a crisis approaching that unnerves me and causes me to tremble for the safety of my country. As a result of the war, corporations have been enthroned and an era of corruption in high places will follow, and the money power of the country will endeavor to prolong its reign by working upon the prejudices of the people until all wealth is aggregated in a few hands and the Republic is destroyed. I feel at this moment more anxiety for the safety of my country than ever before, even in the midst of war. God grant that my suspicions may prove groundless.”

Traduction :

« Je vois venir une crise dans le futur proche, cela m’énerve et me fait trembler pour la sécurité de mon pays. Il résulte de la guerre [de Sécession] que de grosses sociétés ont été intronisées et qu’une ère de corruption dans les hautes sphères va s’ensuivre, si bien que la puissance financière du pays fera tout pour prolonger son règne en agissant au détriment du peuple jusqu’à ce que toute fortune soit concentrée entre peu de mains et la République détruite. J’ai en ce moment plus d’angoisse pour la sécurité de mon pays que je n’avais auparavant, même en pleine guerre. Dieu nous octroie que mes soupçons s’avèrent infondés. »

Éclairés par la pensée prémonitoire de Lincoln, nous pouvons mieux comprendre les Tea-Partiers. Ils sont de vrais américains qui commencent à réaliser comme ils se font avoir par une oligarchie financière et industrielle dont les intérêts ne sont plus la patrie Amérique, mais la possession du Monde, et qui ont pour laquais la grande majorité de « l’élite » acquise au sport de tromper leur électorat. Le retour aux sources est donc une réaction saine et inéluctable pour le peuple et les classes moyennes. Il y aura encore bien des soubresauts, mais il est certain que la grande remise à plat viendra. Ils réécriront leurs lois tout en réapprenant et en acceptant les nécessaires régulations. Ainsi ils construiront le nouveau système de demain à partir du bas.

Rendez-moi mon pays ! (source : instantnewskaty.com)

Les Tea-Partiers cherchent à stopper la chute de leur pays non seulement en bloquant tous les processus abusifs, mais en le réorientant, en recherchant les justes valeurs. Ces dernières ne sont pas toujours des valeurs réactionnaires comme certains osent le prétendre. Loin de là. (voir plus bas). Leurs valeurs, même si elles sont parfois conservatrices, ne seront jamais celles qui soutiennent l’immoralité, le pillage, la corruption, la pourriture et le désastre dans lequel le pays est en train de sombrer aux mains d’une mafia financière, industrielle, sécuritaire et militaire. Cela peut paraître paradoxal, mais des valeurs conservatrices indépendantes et désintéressées ont été souvent dans l’Histoire le gage de progrès futurs. Elles peuvent préserver, conserver une société, contre des tyrannies, des génocides à petit feu, des exterminations massives. Pas besoin de retourner bien loin en arrière pour en trouver exemple.

Comme pour illustrer la nécessité de savoir manier le paradoxe, voyez justement cette superbe coupure du New York Daily News de mai dernier. Titre : « Le nouveau héros du Tea-Party Rand Paul est tellement conservateur qu’il donne la frousse à Dick Cheney ». Pas besoin de demander à l’ex vice-président pourquoi il a une trouille terrible devant un vrai Tea-Partier comme le désormais sénateur du Kentucky, Rand Paul. Les mieux informés sur le 11 septembre et sur les guerres qui s’ensuivent auront tout de suite compris. Rand est capable de relancer la justice sur ces affaires et il y sera fortement appuyé. Alors, qui est le plus conservateur des deux ? Ne vaut-il pas mieux un conservatisme « clean » à l’heure où l’Amérique s’enfonce dans les bourbiers du pillage civil et de la violence délibérée causée par la plus grande organisation mafieuse de l’Histoire, dont Barack Obama s’est fait l’exécutant ?

Les Tea-Partiers prennent conscience de la décadence le plus souvent au travers des difficultés rapidement croissantes de la vie quotidienne, comme la chute du niveau de vie, les tracas de l’Etat devenu outrageusement policier, mais aussi dans des drames comme la perte de l’emploi, celle d’un logement et d’une vie confortable, celle d’un frère ou d’un enfant happé par la guerre. Qui ne se rebellerait pas ? Ils veulent retrouver leur Amérique à eux, celle de la liberté individuelle, celle où l’État n’est là que pour garantir le respect de cette liberté, ce qui en retour œuvre au plus grand bénéfice de la société ; non pas pour parasiter cette dernière.

Une quête à ce point essentielle les rassemble bien au-delà de leur très grande diversité d’idées, de philosophies, de religions, de préférences personnelles. Que certains soient juvénile et asexuée comme Christine O’Donnell, récupérateur-hypocrite-immoral comme le coureur de jupons Newt Gingrich, mama-sexy-va-t-en guerre comme Sarah Palin, ou récupérateur-sans-idées protégé-du-puissant-Dick comme Marco Rubio, cela n’a aucune importance. Car il y en aura bien d’autres, moins médiatisés mais disposant de bien plus de raison pour montrer la voie à un élan qui se méfie de toute récupération par les cliques de Washington. Ce n’est pas un party mais un mouvement. Ces divergences sont normales et même souhaitables, car en fait ce n’est pas tant l’avis de chacun qui compte, que l’opinion consensuelle de tous selon laquelle chacun doit pouvoir jouir complètement de ses droits inscrits dans la constitution. L’individu avant l’État, l’État avant la Fédération.

Ils s’organisent exactement comme cela se fait dans la culture américaine : de manière conviviale et par appel à soutien médiatisé, avec des collectes et grâce au sponsoring de quelques groupes comme la famille Koch proche des libertariens. Faire quelques concessions tactiques dans le but de gagner une campagne n’est pas une honte non plus. Ce qui compte c’est le résultat. Je pense que les vainqueurs du 3 novembre ne se priveront pas de le faire sentir, au sein même de leur parti, aux vieux enracinés corrompus et pervers de Washington. Quand il faut que ça bouge, ils y mettent le paquet et progressent vite avec beaucoup de pragmatisme.

« bas les pattes », « ne me marche pas dessus »
C’est la devise des libertariens. Wikipedia explique : « Le serpent à sonnettes aurait été choisi par Benjamin Franklin parce que cet animal est inoffensif, dans le sens où il n’initie jamais le combat, mais quand on lui marche sur la queue, il riposte et sa morsure peut être fatale. Il possède exactement 13 anneaux sonores, autant que de colonies britanniques en Amérique en 1776. »

Le style des Tea-Partiers peut nous surprendre, nous en Europe qui sommes devenus coincés par tant de « politico-correctitude », de certitudes toutes faites et d’attente que l’État pense pour nous. Nos anciens ne l’étaient pourtant pas en 1789 ou en 1871. Ils devaient se défendre et se démerder comme le font les Tea-Partiers aujourd’hui alors qu’ils sont de plus en plus étouffés par une oligarchie et une hyper-classe cynique et arrogante, véritable renaissance du féodalisme.

Ce dont l’Amérique a besoin, c’est d’une nouvelle révolution. Ces gens certainement en trouveront la voie, pacifiquement de préférence, mais violemment s’ils y sont poussés par un régime qui devient déjà de plus en plus fasciste et dictatorial. Répudiant l’État totalitaire, face à l’adversité ils feront renaître le sens de la communauté qui s’est tant délité avec l’embourgeoisement et l’individualisme.

La classe dominante est très consciente des risques de rébellion et s’y prépare en faisant rapatrier les soldats déjà bien entraînés aux contrôles de population et aux combats de rue. L’administration en recycle une grande partie dans la Garde nationale, la police et de plus en plus dans des agences privées chargées de l’ordre public qui ne seront pas plus contrôlables en métropole que Xe-Blackwater l’est en Irak et en Afghanistan. Elle a très peur des vétérans car ils sont très échauffés, revendiquent leurs droits souvent bafoués et le respect de la constitution. Ce sont des citoyens patriotes formés au combat. Tout est fait pour tenter de retirer le port d’arme de ces derniers et de beaucoup d’autres citoyens.

Source : infowars.com

L’administration tente aussi de saper le mouvement en endoctrinant les enfants dans les écoles. Elle les incite à dénoncer leurs parents et les familiarise avec la présence militaire dès le plus jeune âge. Les média redoublent de propagande et la fausse terreur s’y distille chaque jour. Mais l’audience leur tourne de plus en plus le dos. Selon les audimètres et les sondages seulement un quart à un cinquième des américain a confiance dans les grands média, une chute considérable depuis le début de la décennie. Beaucoup de gens craignent un nouvel attentat très violent, pas tant à cause de réels terroristes, mais par la répétition d’un « inside job » comme le 11 septembre, attaque qui est désormais perçue comme un coup monté ou douteux par la majorité de la population.

Côté fondements intellectuels, il est certain que les analyses politiques de la masse des Tea-Partiers sont plutôt faibles. Il faut déplorer les leçons débiles d’un Glenn Beck s’adressant aux Tea-Partiers. Se prenant pour un mandarin sur son plateau, il tire sur tout et dans tous les sens, ne semant que confusion, certainement dans un but recherché par ses employeurs de la Fox. Il y a toujours le risque de récupération par des entités puissantes et néfastes, média, groupes politiques partisans, think-tanks en arrière-plan.

Il leur faudrait donc élever le niveau de conscience politique. Mais la relève est déjà présente. Dans le mouvement, ceux qui ont les analyses les plus claires et les plus solides, ceux qui sont anti-guerre et anti-racisme, ceux qui ont la meilleure compréhension historique et vont faire naître les références morales et légales du futur, comme la réappropriation de la Federal Reserve par la nation, sont des hommes politiques comme Ron Paul et son filsRand Paul, nouveau sénateur républicain du Kentucky et des érudits ou des spécialistes comme Webster Tarpley, Gerald Celente, Jesse Ventura et tant d’autres, analystes, journalistes, experts, auteurs et secoueurs d’idées parmi les plus lucides aux États-Unis.

Ces personnes s’expriment souvent sur le puissant canal radio, web radio et web TV de l’immanquable, passionné, authentique, brillant et rapide Alex Jones sur Infowars.com et PrisonPlanet.tv. Après quinze ans de traversée du désert, beaucoup de persévérance contre vents et marées et le refus constant de se laisser acheter par les requins des média, Alex a développé un véritable centre de transmission de l’information indépendante et non censurée. Une plateforme d’éducation politique, avec son unité de production audiovisuelle donnant les meilleurs documentaires informés et activistes de l’époque. Le centre a pris un essor d’audience considérable en seulement une année et demi. Il parait qu’on s’apprêterait à des agrandissements suite au succès de la dernière collecte de fonds « Money Bomb » auprès des auditeurs-lecteurs (près d’un demi million de dollars reçus). Dans ce temps le Tea Party a poussé et fleuri sur le terreau de la déception qu’Obama a créée, d’où le titre de l’une des meilleures vidéo d’Infowars : The Obama Deception (ici en V.O. sous-titrée anglais).

Face aux progrès remarquables d’Infowars, le présentateur Glenn Beck, ce type plutôt barjot mais encore influent, pour remettre ses pendules à l’heure et s’inspirer, se sent maintenant obligé de prendre source chez Alex Jones par le biais d’une équipe qui l’écoute sans arrêt depuis les studios de la Fox. Il faut bien qu’il reste en « sync » par les temps qui courent si vite, s’il tient à garder son audience. Mais ça plait de moins en moins à la Fox News de Rupert Murdoch qui l’emploie.

Retenons donc qu’à notre époque, ça n’a plus aucun sens de caractériser le mouvement du Tea-Party selon l’axe gauche-droite, et cela de même pour bien des mouvements démocratiques et populaires autour du Monde. Le clivage passe désormais entre le peuple d’une part et l’hyper-classe d’autre part, au travers même des partis politiques classiques, car le peuple n’a plus confiance en ceux qui sont devenus une élite achetée par le pouvoir économique et financier et qui abusent du peuple au lieu de le servir.

C’est nous les maîtres, 

c’est nous qui les avons élus et

c’est eux qui doivent nous rendre les comptes.

Parole de Tea-Partiers !

L’aviez-vous oublié chers français ? 

 

Lire l'article complet, et les commentaires