Mais qui rase Poutine
par olivier cabanel
jeudi 31 mars 2022
L’autocrate russe semble rencontrer quelques problèmes, et ses ambitions d’un futur empire russe s’éloignent chaque jour un peu plus…
Mais on pourrait aussi poser la question autrement en proposant : « mais que rase poutine ? »... la réponse est facile, il tente de raser l’Ukraine, comme pour effacer la trace d’un mauvais souvenir, celle d’une guerre qu’il est en train de perdre s’il faut en croire quelques politologues. Lien
On le sait, le président russe avait une conviction : il allait mener une guerre éclair et tout serait fini en 3 ou 4 jours...hélas pour lui, c’est la grosse déception.
Il pensait que les ukrainiens l’accueilleraient à bras ouverts, d’autant que d’innombrables russes ont des attaches familiales, ou amicales en Ukraine, et réciproquement. lien
D’ailleurs le blogueur Vladimir Ossechkine avait fait la même analyse : « des manifestations pro-russes de plusieurs milliers de personnes auraient du éclater dans les grandes villes, mais ce n’est jamais arrivé. Dans le même temps, Poutine recevait des rapports que l’armée russe devait être accueillie avec des fleurs ». lien
Après avoir argumenté qu’il s’agissait de chasser les néo-nazis ukrainiens, (lien) il a changé son fusil d’épaule en accusant l’Otan de le menacer, si elle intégrait l’Ukraine. lien
Mais alors, comment expliquer ce qui ressemble de plus en plus à un échec en devenir ?
Les raisons sont multiples, mais il est probable que la terreur qu’il inspire à ceux qui lui sont le plus proche en est une.
Ils sont une petite dizaine à l’entourer, des anciens partenaires de l’ex KGB, et des ex-collègues qui l’ont suivi dans son ascension au pouvoir.
Il y a cet ex-KGB, Vladimir Iakounine, devenu PDG des chemins de fer russes, et Sergueï Tchemezov devenu chef d’une agence d’exportation d’armes.
Deux autres sont les principaux actionnaires de la banque Rossia…
Viennent ensuite Viktor Ivanov, le patron d’Aeroflot, Igor Setchine le patron du géant pétrolier Rosneft, Gennady Timtchenko, négociant en hydrocarbures, et ferment la marche Dmitri Kozak, secrétaire général adjoint, le chef du FSB (service de renseignement du pays, ex- KGB) Alexandre Bortnikov, Dmitri Medvedev, l’ancien président, et Nikolaï Patrouchev l’idéologue du régime poutinien.
On pourrait ajouter à la liste Sergueï Choïgou, le ministre de la défense...
On se souvient de cette réunion surréaliste, appelée « conseil de défense », au cours de laquelle Poutine les avait réunis, un certain 22 février, il a mis sa « garde rapprochée » au pied du mur, afin de les faire entériner sa décision d’envahir l’Ukraine. Lien
on se souvient aussi de la récente entrevue entre Macron et Poutine, celui çi ayant décidé d’humilier le président français, en le mettant au bout d’une très longue table, sans même serrer la main de Macron, ni même l’accueillir à la sortie de l’avion, comme je l’ai évoqué dans un article récent.
Mais s’il a reçu sa « garde rapprochée » dans une pareille mise en scène, c’est probablement plus par prudence, le président russe semblant victime d’une véritable parano, mettant à distance respectable tous ceux qui sont censés le défendre.
Or, comme l’a affirmé sur les ondes de France Culture, Julie Pietri, les oligarques du cercle de pouvoir de poutine lui sont redevables, et ne pourraient être une possibilité d’opposition : « ils lui doivent tout (…) ils ont depuis plus de 20 ans commencé à piller les richesses de la Russie en toute impunité, protégés par Poutine qui leur a expressément dit qu’ils ne devaient en échange de se mêler de politique. (…) ses collaborateurs sont souvent malmenés. Poutine les met sur le grill, joue avec eux au chat et à la souris, les réprimande. Personne n’ose prendre d’initiatives. Ils savent trop ce qu’ils risquent. Je pense que tous les gens qui l’entourent ont peur de lui. S’opposer à Poutine, c’est risquer sa liberté et sa vie. Le Parlement est une chambre d’enregistrement. L’opposition est anéantie... ». lien
Or un grain de sable s’est invité dans la machine, sous la forme de 2 membres importants du FSB, le colonel général Sergueï Bessada, responsable de la 5ème direction, et son adjoint Anatoly Bolyukh. lien
Poutine leur reproche d’avoir fournis des rapports erronés qui validaient l’invasion de l’Ukraine.
Ils ont été arrêtés et placés en résidence surveillée. Lien
Le militant russe des droits de l’homme Vladimir Osechkin, a ajouté que des perquisitions ont été effectuées chez plus de vingt membres du FSB.
Est-ce eux qui auraient fauté, permettant aux services étrangers du renseignement US de connaître le dessous des cartes, lesquels avaient averti en vain les services français ?
Mais il y a mieux...selon le journal « Le Point », il existe un agent du FSB anonyme qui a écrit : « nous devons maintenant écrire nos rapports en présentant une situation victorieuse, sinon nous sommes menacés de ne pas faire du bon travail (…) nous avons perdu le contact avec nos principales divisions...même avec une résistance ukrainienne minimale, vous avez besoin de 500 000 hommes, sans parler de la logistique (…) il n’y a pas d’autre option que la défaite ».
D’ailleurs en France, le patron du « renseignement » vient d’être remercié, pour n’avoir pas pris au sérieux les infos données par les services américains. lien
Cette possible trahison de nombreux de ces proches a poussé Poutine à les sanctionner : ainsi, il a fait arrêter le N°2 de sa garde nationale, Roman Gavrilov, lui reprochant un gaspillage considérable de carburant, trop de victimes dans les rangs de cette armée forte de 400 000 soldats, et surtout d’avoir échoué en Ukraine. lien
Il l’a remplacé par un de ses anciens garde du corps, Viktor Zolotov, un des rares qui ait osé lui déclarer : « l’invasion se déroule plus lentement que prévu ».
Quant à Sergueï Choïgou, le ministre de la défense, il semble avoir disparu des écrans, et aux médias qui s’interrogent sur cette « disparition », il a été répondu : « il a beaucoup à faire en ce moment, et n’a pas de temps pour les médias ». lien
Finissons par le patron du contre espionnage Sergueï Narychkine qui a fait l’objet d’une terrible humiliation, laquelle a fait le tour du monde. lien
Poutine aurait peut-être du s’intéresser aux écrits d’Andreï Kozovoï, l’auteur de « l’histoire des services secrets russes, des Tsars à Poutine ». lien
Récemment, ce maître de conférence en histoire russe a déclaré : « des erreurs ont été commises (…) Poutine à surestimé son potentiel de frappe tout en faisant preuve d’un mépris total des ukrainiens, et donc tendance à les sous-estimer complètement ». lien
Comment tout cela va-t-il finir…
comme dit mon vieil ami africain : « la toute-puissance est vouée à l’échec, tel le virus le plus mortel ».
Le dessin illustrant l’article est de îoO
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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