Mali : aider mais de bonne manière et pour des bonnes raisons

par Joe Al Kongarena
lundi 13 août 2012

Le monde est devenu si petit que ce qui se passe ailleurs, loin de nos maisons et huttes, finit par nous affecter directement, sous une forme identique à celle que nous estimons lointaine ou une forme différente.

L’Afrique entière est aujourd’hui un champ de conquête. Tant pour des fanatiques islamistes que pour des prédateurs athées brandissant la feuille de vigne humanitaire pour mieux masquer leurs calculs, jusque-là, très obscurs. Alors, elle n’a pas le choix que de se battre - peu importe la forme - pour être et demeurer elle-même ; pour son progrès, sa liberté, son libre-choix ou simplement pour sa survie.

Contenir au Mali les fanatiques islamistes transnationaux et les neutraliser au moment présent est mieux que d’avoir à les affronter demain, partout en Afrique. Ne pas les confronter, c’est tout simplement choisir de les laisser venir à nous selon leurs calendriers.

Convaincus que leurs causes transcendent toutes les considérations humaines, ces prédicateurs et promoteurs de l’intégrisme islamique ne s’arrêteront jamais d’eux-mêmes, à moins de leur faire obstacle.


Aider les Maliens ne signifie pas les infantiliser ni combattre nécessairement sur les premières lignes à leur place. Ce n’est pas demander à un seul pays d’assumer entièrement les devoirs d’un continent. De toute façon, il n’a jamais été question qu’un seul pays intervienne au Mali. Le champ d’aide est large.

Comme d’autres pays en Afrique, il est demandé au Tchad de participer à l’action du secours. Le Tchad peut aider en conseillant les Maliens, en les encadrant, en se tenant au côté de l’Afrique à qui ce combat appartient. Et si cette aide mène les bienfaiteurs sur les premières lignes des nécessités, il en sera ainsi.

Par ailleurs, je tiens à revenir sur l’argument incommode de l’expérience des Tchadiens à combattre dans le désert, substruction avancée par certains pays pour demander l’aide du Tchad.


À ce discours gênant et à certains angles insultants, si c’est là toute la justification de la demande d’une assistance Tchadienne, je répondrais que c’est l’occasion pour les novices de la guerre dans le désert d’aller engranger des expériences et de murir. D’aller apprendre les dures lois du désert.

Comprenez-vous, ce n’est pas par sauvagerie que les Tchadiens se soient battus longtemps dans le désert. C’est par devoir pour certaines guerres et par manque de choix pour d’autres ! Même si on admet quelques cycles de l’affairisme à mains armées, phenomène des seigneurs guerres. Il faut situer les expériences dans leurs contextes pour tirer les enseignements qui s’y rattachent. Se battre dans le désert ou ailleurs, ce n’est pas ce qui rend un Tchadien fier.

Le Tchad peut, par devoir et humanité, participer à l’aide de l’Afrique au Mali en occupant parmi les nations la place qui est la sienne. Les enjeux présents et futurs suffisent à justifier une intervention militaire au Mali. Alors, avançons les bonnes raisons qui ne manquent pas plutôt que de hasarder une « dialectique » sortie d’un passé trop douloureux pour les Tchadiens et d’un contexte déshumanisant. La guerre, ce n’est pas ce qui humanise ni élève une civilisation.

Aidons les frères Maliens au nom des valeurs communes des hommes libres, de l’humanité, l’Africanité et de l’avenir.

Joe Al Kongarena, librafrique.com


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