Mali, une intervention bouclée et réussie ? Le 30/01/2013
par Christophe Bugeau
jeudi 31 janvier 2013
L’opération Serval au Mali semble aujourd’hui être une réussite. En 15 jours l’armée française et les armées du Mali et des autres pays de l’Afrique de l’ouest ont libéré Gao et Tombouctou des islamistes qui occupaient cette région depuis un an.
Les conditions pour un nouvel équilibre sont-elles désormais réunies ?
Cette réussite au moins provisoire, apporte la preuve qu’il fallait intervenir avant que la situation ne dérape trop et qu’il aurait sûrement mieux valu intervenir plus tôt, évitant ainsi aux populations une occupation extrêmement dure. Cela aurait aussi permis d’éviter une intervention si lourde.
Quoi qu’il en soit, la partie semble bien engagée et les avancées dans la libération du Nord du Mali sont de bon augure, à condition de savoir gérer l’après-intervention.
D’une part, cette dernière n’est pas terminée, il faut sécuriser la région et libérer Kidal à l’est du Mali. D’autre part, les islamistes vont se réfugier prés de Kidal dans la région montagneuse de l’Afar des Iforas, et il sera nécessaire d’aider les armées du Mali et des autres pays d’Afrique de l’Ouest à les contenir et à les réduire à merci.
Et c’est là que l’on repasse à la partie politique du problème. Il faut à tout prix éviter les exactions et les dérapages contre les Touaregs et les arabes du nord du pays pour mener une vraie politique de réconciliation et éviter de donner aux islamistes de nouveaux des soutiens (car ces deniers voudront continuer à mener des opérations terroristes et de déstabilisation).
Une solution à long terme doit être trouvée dans cette zone pour les Touaregs. Il est évident que le gouvernement malien doit leur accorder l’autonomie interne de façon à les dissocier définitivement des islamistes.
Le MNLA, mouvement des Touaregs, est prêt à s’allier au gouvernement malien contre les islamistes, à condition que des discussions soient ouvertes ; il faut persévérer dans cette voie !
Enfin, une coopération durable doit être établie avec l’Algérie et les autres pays limitrophes pour éradiquer durablement les mouvements djihadistes. C’est LA condition indispensable pour que l’intervention française soit un plein succès.
L’affaire est donc bien engagée du point de vue militaire, mais elle reste encore à gagner du point de vue politique. La paix dans la région et l’éviction des islamistes sera une affaire de longue haleine.
La fin des combats ou même, le retrait de l’armée française qui ne devra pas être trop rapide, ne marqueront pas la fin de l’histoire.
La France doit contribuer au long terme à une solution politique et à un renforcement de l’armée malienne. Nos concitoyens et nos hommes politiques qui ont fait preuve de responsabilité en la matière doivent impérativement le comprendre.