Même The Economist dénonce le budget antisocial de Cameron

par Laurent Herblay
samedi 16 avril 2016

Son premier papier sur le nouveau budget britannique était plutôt positif, mais une semaine plus tard, The Economist, la bible des élites globalisées, tempère son jugement en notant son caractère très profondément antisocial, après avoir déjà noté que les politiques des Conservateurs favorisent fortement les personnes âgées. Comme une mise en pratique du dernier livre de Todd.

 
Une illustration de la théorie de Todd sur les MAZ ?
 
Dans son premier compte-rendu du budget, The Economist parlait de « direction économique raisonnable », et jugeait que ses bénéficaires le méritaient. En revanche, il critiquait son caractère extrêmement complexe, notamment les 86 nouvelles mesures fiscales annoncées. Mais une semaine plus tard, l’hebdomadaire ultra-libéral se fait bien plus critique, publiant notamment un dessin qui pourrait trouver sa place dans l’Humanité, en décortiquant les résultats d’une étude sur l’impact fiscal sur les ménages en fonction de leurs revenus. Et les résultats sont assez effarants. Déjà, le premier mandat de David Cameron avait fait fait peser le poids de l’austérité bien plus lourdement sur les ménages les moins riches, qui y avaient perdu 6% de leurs revenus, contre 1,5 à 3,5% pour les 50% aux plus hauts revenus.
 
 
Malgré tout, le gouvernement avait défendu que « tout le monde y contribuait  », s’appuyant sur les hausses de taxe qui avaient touchées tous les contribuables, malgré un poids injustement réparti. Problème, le centre des études fiscales a révélé l’impact des annonces pour les années à venir, et la différence de traitement s’accroit avec une baisse de plus de 12% pour les revenus du 2ème décile (dans les 80 à 90% les plus riches) pour une légère hausse pour les 8ème et 9ème décile (dans les 30 à 10% les plus riches) et une légère baisse pour le décile le plus riche, faisant dire à The Economist que « les changements penchent plus encore en faveur des riches  », chose somme toute logique quand on réduit les taxes sur les gains du capital, dont 50% vont à 35 000 individus qui gagne plus de 100 000 livres par an.
 
 
Depuis plusieurs mois, The Economist critique également le biais générationnel de la politique de Cameron, en notant qu’il favorise les personnes âgées en les protégeant des politiques d’austérité, au point que leurs revenus ont dépassé ceux des travailleurs, après avoir longtemps été maltraités cependant. Ces choix ont sans doute une dimension politicienne étant donné que les personnes âgées votent plus et plutôt pour les Conservateurs.Ce faisant, on peut voir dans les choix britanniques une forme de cas pratique de la théorie développée par Emmanuel Todd dans son dernier livre où il parlait de l’alliance des classes Moyennes, des personnes Agées et des catholiques Zombies, les MAZ. Et Londres y ajoute un soutien aux multinationales dont l’imposition va tomber de 28 à 17% en 10 ans en pleine austérité  !
 
Cette capacité à aller au-delà des intérêts de la classe qui l’achète et dénoncer les excès d’une époque dont il soutient pourtant le logiciel est une raison de lire The Economist. Merci de continuer à rapporter les faits qui permettent de remettre en cause les politiques que vous soutenez.
 

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