MH17 : preuve de canonnage et faillite occidentale

par joelim
mercredi 30 juillet 2014

Si on vivait dans une démocratie ou si la presse fonctionnait ne serait-ce qu’à 1 % (1 % d’info pour 99 % de vent), les faits et conclusions qui suivent auraient déjà été présentés aux yeux du monde. Cette accablante histoire montre que ce n'est pas le cas.

Les faits ? Le Bœing malaisien a été mitraillé au niveau du cockpit. 

La preuve est facile à faire : regardez cette photo haute définition. On y voit sur la gauche cinq impacts en ligne et régulièrement espacés. Sur cet extrait basse résolution ils sont indiqués par des flèches rouges :
Sont-ce des impacts entrants ou sortants ? Regardons-les un à un à la résolution maximale, en partant du haut à gauche.
 
Impact 1 :
Pas d’indice sur la question : les bords du trou ne s’incurvent pas significativement dans un sens ou dans l’autre. Le matériau traversé est probablement légèrement différent de celui ayant subi les autres impacts, car la paroi extérieure à cet endroit – autour des hublots – arrive au niveau de la paroi (ou peau) intérieure plus bas. Cela explique probablement la différence avec les autres impacts.
 
Impact 2 :
La peau intérieure s’incurve vers l’intérieur et la peau extérieure s’incurve vers l’extérieur (le trou sur la gauche est pour le rivet). Les revêtements sur un Boeing 777 sont constituées d’un alliage à base d’aluminium et d’autres métaux (source). Manifestement le projectile est entré (sinon la peau intérieure ne s’incurverait pas vers l’intérieur). Le fait que la peau extérieure s’incurve vers l’extérieur s’explique par sa dureté probablement plus faible : le projectile traverse la première peau, puis rencontre la 2ème peau plus dure ce qui provoque un effet rebond plus diffus que le premier : la peau extérieure s’écarte alors vers l’extérieur.
 
Impacts 3, 4 et 5 :
La peau extérieure s’incurve vers l’extérieur. La peau intérieure semble s’incurver vers l’intérieur, ce n’est pas probant dans l’image mais l’impact 2 montre que c’est bien le cas.
 
Conclusion : ce sont des impacts de projectiles entrants. 
 
Quelles armes ont-elles pu provoquer de tels impacts ? Il y a 3 possibilités.
 
1) Un missile tiré par un système anti-aérien Buk-M1-2.
 
Les types de missile utilisés par ce système s'approchent de leur cible à environ 20m pour projeter des tiges en acier par détonation (source). Les impacts constatés ne correspondent pas à ceux qui résulteraient de chocs avec des tiges d'acier. Conclusion : ce n'est pas un Buk-M1-2 qui a provoqué ces impacts.
 
2) Un missile air-air tiré par un avion de combat Soukhoï Su-25.
 
Sans entrer dans le détail des types de missiles (exemples : Kh-25MLR-73, R-60M) qu'un tel appareil peut lancer (il faudrait déjà savoir de quel type de Sukoï dispose Kiev, voir ici), il est peu risqué d'affirmer qu'aucun ne peut faire d'impacts aussi petits et régulièrement espacés. 
 
3) Un canon bitube GCh-2-30 (source, ou selon cette source, A0-17A) de 30 mm déclenché par un avion de combat Soukhoï Su-25. Voici une photo (source) de cet appareil (sinistre, dans le contexte) :
                crédit photo : Yefim Gordon
 
La taille des trous d'impact semble correspondre. D'autres trous visibles sur le cockpit sont plus petits que ceux que j'ai examiné – notamment près des impacts 2 et 3 et près de l'impact 5 – mais je n'ai aucune conclusion à en tirer.

Peut-on voir une série d'impacts parallèles, qui devrait exister puisque ce sont des bitubes ?

Eh bien, oui, on voit une série d'impacts sur la droite de la photo qui pourraient bien correspondre, sans que cela soit certain. Le canon bitube serait alors légèrement divergent (vu l'écartement des deux séries) ce qui est une hypothèse qui reste à vérifier.

Quoiqu'il en soit, ces 5 impacts alignés et parfaitement visibles mènent directement à la conclusion qu'un tir de canonnage (et non de mitrailleuse, qui s'arrête à 20 mm) a été effectué précisément à l'endroit où se tenait le pilote (voir ici et ici). Les dégâts occasionnés (matériel, humain, décompression) ne leur laissaient aucune chance. C'est donc la cause du crash. L'avion n'a pas explosé ce qui explique aussi l'aspect des débris retrouvés.

Examinons quelques objections qui peuvent venir à l'esprit.

Objection 1  : le Sukoï ne pouvait pas s'approcher car son plafond est de 7000m soit 3 km plus bas que ne volait le MH17

C'est probablement l'objection la plus sérieuse et donc celle sur laquelle j'aimerais que les contributeurs amènent des informations fiables. Il a été dit que le boeing volait beaucoup plus bas que son altitude normale, il faut savoir d'où provient cette information (militaires russes ?) sachant que j'ai peu d'espoir que Kiev publie les données de contrôle aérien ou que des informations utiles filtrent des boîtes noires (on en sait déjà plus sur celles du crash d'Air Algérie c'est dire !). Cette omerta est en soi assez significative : l'hypothèse que l'avion volait à 10000 mètres n'est pas plus probable qu'une autre, sachant qu'il a été détourné de son parcours habituel. Ensuite, le plafond du Sukoï dépend de son chargement, je ne mettrais pas ma main à couper qu'il ne puisse pas dépasser 7000 mètres (après avoir lancé ses missiles sur la population du Donbass). La aussi plus d'information fiable est nécessaire. Le fait que les impacts soient avérés et que seul un Sukoï ait pu les faire pèse de plus de poids que cette prétendue impossibilité. Ou alors il faut présenter un autre scénario possible.

Objection 2 : ce n'est qu'une photo et une photo ça peut se truquer.

Il existe plusieurs photos distinctes de cette partie du cockpit, j'en ai dénombré 4 (ici, ici avec 2 photos distinctes – il suffit de regarder de près les ombres – et ici – la même que le pdf haute résolution mais en résolution moindre). Objection rejetée. 

Objection 3 : vous expliquez quelques impacts mais faites l'impasse sur d'autres, soit on explique tout soit on n'explique rien.

On n'est pas obligé de tout expliquer pour comprendre quelque chose, si c'était le cas aucun criminel ne serait arrêté. Seuls les faits comptent. Objection rejetée. 

Objection 4  : il est impossible de croire à un tir au canon car cela signifierait une volonté incompréhensible d’abattre volontairement cet avion civil.

Il ne s'agit pas de croire mais de savoir, en utilisant la méthode érpouvée et rigoureuse de la police scientifique. La rationalité est une chose bien subjective, et la moralité n'a jamais arrêté certains hommes quand ils voulaient quelque chose. Pensez à ce qu'a déclaré Porochenko (source) :

"Nous ne voyons pas de différence entre les événements en Ukraine et le 11 Septembre aux Etats-Unis ou la tragédie de Lockerbie" lorsqu'un avion assurant la liaison Londres-New York explosa en vol et causa la mort de 270 personnes en 1988, un attentat dont a été accusée la Libye de Mouammar Kadhafi, a-t-il souligné dans un entretien téléphonique avec le président français François Hollande.

Je ne sais pas s'il est naïf ou pas, mais l'attentat de Lockerbie était bien autre chose (source) :

« En août 2005, un ancien haut responsable de la police écossaise désirant rester anonyme, ayant participé à l’enquête, affirme que la CIA aurait « écrit le scénario » accusant la Libye. Il affirme que la pièce à conviction décisive, un fragment de circuit intégré du détonateur, a été « fabriquée » et « déposée » par des agents de la CIA qui enquêtaient sur la tragédie7.
 
Un nouveau coup de théâtre vient conforter cette hypothèse deux ans plus tard (juillet 2007), quand l’ingénieur suisse en électronique Ulrich Lumpert reconnaît avoir fourni à la police écossaise le fragment de « retardateur », présenté comme trouvé sur les lieux du crash par la justice écossaise. Lumpert, qui travaillait pour la société fabriquant ce composant, avait également expertisé cette pièce à conviction lors du procès. Il a attendu que le délai de prescription soit passé pour minimiser les risques encourus pour faux témoignage.
 
En octobre 2007, on apprend que le commerçant Maltais Tony Gauci (en), principal témoin à charge, se serait vu offrir une enveloppe de 2 millions de dollars, à la demande des inspecteurs chargés de l’enquête, en échange du faux témoignage ayant permis la condamnation à perpétuité d’Abdel Basset al-Megrahi.  »
 
Il ne faut donc préjuger de rien. Au contraire, il faut regarder à qui cela profite (instrument important de la méthode de la police scientifique), ou plus exactement qui pouvait avoir l'intention d'en profiter. Clairement : Kiev, qui continue les combats pendant l'enquête et se focalise comme par hasard sur la zone du crash.
 

Objection 5  : l'info comme quoi le pilote du Sukoï aurait avoué avoir tiré au canon de 30 mm est un canular, donc tout cela est risible.

Cela n'a rien à voir, ou sinon il serait trop facile de ridiculiser de vraies informations en fabriquant une fausse propagande. La fausse info est sortie sur la Voix de la Russie, média connu pour sa fiabilité très inégale. Certains se sont fait avoir en lisant cet autre article du même site qui lui ne donnait même pas le lien du premier, sur lequel s'affiche en rouge : The source of this article is a satire page. Voici l'article original paru dans un journal satirique allemand, traduit en français (la traduction google allemand vers français est juste horrible, choisissez allemand vers anglais si vous préférez). 

Objection 6 : Le temps passant, la désinformation faisant son office, la vérité ne retrouvera jamais son chemin parmi les monceaux de bobards fantasmés.

Ça c'est ce que certains espèrent. Mais ce n'est pas gagné : sur l'attentat de Lockerbie la version de Washington a par exemple été démontée (voir ci-dessus). Ce n'est pas parce que des gens posent des hypothèses qui s'avèrent après coup absurdes qu'il faut oublier les faits. Il faut même continuer les hypothèses audacieuses car certaines finissent par épouser complètement la réalité. Distinguer les faits des hypothèses est le B-A-BA du raisonnement intelligent. Je citerai deux hypothèses qui s'avèrent "foireuses" (en espérant que les discussions ne porteront pas trop sur ces points inintéressants) : 1) les victimes auraient déjà été mortes dans l'avion car elles sont vidées de leur sang -> c'est oublier ce que les corps ont dû subir, froid et vent relatif intense jusqu'au sol ; 2) l'avion ne serait pas le bon à cause d'un hublot qui serait fermé par un cache alors que des photos existent où le cache n'est pas présent -> c'est oublier que le même avion peut avoir mis ou enlevé le cache d'un jour à l'autre comme l'explique un commentaire ici.

Conclusions

Quelles conclusions tirer de cette extrêmement glauque et triste affaire ?

D'abord et en priorité, une pensée pour les victimes. Elles méritent que la vérité soit faite, pour elles, leurs familles et leurs amis.

Ensuite, on se demande si les faits arriveront à surnager devant tant de désinformation (voir par exemple ici). J'applaudis Ron Paul qui lance : "Shut Down The CIA !".

Ecoutons Elena, soldate des fédéralistes ukraïniens (penser à mettre les sous-titres en anglais et en grand écran pour pouvoir les lire). Elle dit qu'un chasseur de Kiev se cachait près d'un avion de ligne après avoir envoyé ses bombes, en espérant manifestement que les fédéralistes tirent dessus. Peut-être qu'ils se sont aperçu que ça ne marcherait pas et ont-ils décidé de forcer un peu le destin en l'abattant eux-mêmes ? Mais je considère plus plausible que cela ait été prémédité, en effet le changement de trajectoire dès la Pologne était nécessaire surtout s'il imposait un abaissement du plafond de vol, afin qu'un chasseur de la junte puisse organiser ce qui s'apparente, en l'état actuel de mes connaissances, à un attentat sous faux drapeau. La confiscation des bandes du contrôle aérien par Kiev est, dans ce contexte, accablante.

Quand au Département d'Etat à Washington – je ne parle même pas d'Obama qui semble parfaitement dépassé et plafonnant à son niveau d'incompétence – et tous les médias qui désinforment avec une liberté somme toute gravement pathologique et totalement ignoble, je leur conseille de tous démissionner en bloc et de se terrer dans un trou jusqu'à ce qu'on les oublie et accepte de leur octroyer un boulot de cantonnier ou de dame pipi. La réalité contemporaine quand on s'y intéresse a tendance à faire passer Star Wars et Call-of-Duty pour Oui-Oui et la gomme magique ou Barbapapa. Comme si le déchaîmement de matière, propre à la modernité, devait finir compulsivement en apothéose, à l'instar du final d'une symphonie. J'ai tendance à penser qu'on a tous payé notre billet pour participer à une aventure pleine de suspens, de larmes et parfois de tendresse, et dont nous ne connaitrons le dénouement qu'à la fin. Le trajet est tout ce qui compte, et quand on a confiance en l'intelligence des foules (malgré leurs tendances moutonnières inverses) et en l'humanité irréductible des peuples (malgré là aussi certains cas...), on se dit qu'on a raison de prendre parti et qu'on ne peut que gagner, car le temps joue pour la vérité.

____________________________

Sources :

voici ma source primaire en anglais, gracieusement apportée sur cet article par Wesson (que je remercie) :

https://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&hl=fr&rurl=translate.google.fr&sl=de&tl=en&u=http://www.anderweltonline.com/wissenschaft-und-technik/luftfahrt-2014/shocking-analysis-of-the-shooting-down-of-malaysian-mh17/&usg=ALkJrhi7Tw8APb5_siHJKmLehoEEkaOMNg

La 1ère photo mène vers le pdf (image) en haute définition utilisé dans mon article. L'auteur conclut que les trous les plus petits sont entrants et les trous les plus gros sont sortants. Je ne partage pas ses conclusions (cf mes arguments sur l'impact 2).

Les pilotes ont un fil sur le MH17 dans Crash-Aerien, je ne m'en suis pas servi mais il peut être intéressant à suivre (ils ont souvent la tête sur les épaules !).

Voir aussi l'enquête traduite par le site d'Olivier Berruyer, Les Crises, traduite du site 21st Century Wire.

Et bien sûr, les infos et analyses de référence sur le drame en Ukraïne chez Le Saker.


Lire l'article complet, et les commentaires