Montréal cherche son Sam Sullivan

par ismael houdassine
vendredi 3 mars 2006

Depuis des décennies, les Montréalais rêvent du maire idéal... Un maire assez imaginatif pour redonner à sa population de la fierté pour leur ville. Eh bien, il existe ! Son nom est Sam Sullivan, et on l’aime déjà. Un hic, ce n’est pas le maire de Montréal, mais celui de Vancouver.

Connaissez-vous notre maire de Vancouver ? Je sais, je suis de Montréal et mon maire n’est pas Sam Sullivan. Ici, à Montréal, siège un dénommé Gérald Tremblay. C’est son deuxième mandat, alors cela signifie sans doute que les citoyens sont satisfaits. C’est vrai qu’il a fait de bonnes choses, mais ce n’est pas très important. Ce qu’il a accompli, le cher Tremblay, c’est de ne pas avoir commis jusqu’ici de catastrophes majeures, un peu comme le vôtre, à Paris. Rien que pour cette raison, Delanoë n’est finalement pas un si terrible maire, non ?

Les dernières nouvelles ici, sont que Tremblay ramènerait de son voyage de la Ville-lumière une valise remplie d’idées-cadeaux : un nouveau tramway pour Montréal, et puis une cité universitaire de prestige international, trouvailles éblouissantes, n’est-ce pas ? À croire qu’on n’était pas capables de les trouver nous-mêmes, ces idées-là. Avec un trafic éternellement congestionné, un métro ratatiné qui aurait bien besoin d’une ou deux lignes supplémentaires, les Montréalais y pensent depuis des lustres, à la mise en place d’un nouveau tramway. De toutes façons, Gérald Tremblay s’est, paraît-il, très bien entendu avec homologue Delanoë. Ils ont ri en se donnant amicalement l’accolade. Il faudrait nous dire quelle est donc la recette magique du maire de Paris, pour avoir réussi à dégeler le maire de Montréal. Mystère et boule de gomme.

Je le maintiens, Sam Sullivan est aujourd’hui mon maire, malgré toutes les objections. D’ailleurs, il devrait être le maire d’un peu tout le monde. Si vous avez regardé les derniers Jeux olympiques de Turin, vous ne pouvez l’avoir manqué. À la cérémonie de clôture, la ville-hôte des prochains jeux se voit traditionnellement remettre le drapeau olympique en la présence du maire récipiendaire.

La prochaine ville des Jeux olympiques d’hiver de 2010, eh bien, mes amis, est Vancouver, et Sam Sullivan en est le maire. Évidemment, je ne l’ai pas choisi comme maire pour cette unique raison. Sinon, tous les maires qui accueillent les Jeux seraient tour à tour les miens. De plus, je ne sais même pas qui est le maire de Turin, j’ai seulement entendu dire que son anglais est exécrable. Toutefois, j’avoue que si Paris avait décroché les jeux d’été, Delanoë aurait sans doute fait partie de ma liste des maires que chacun devrait avoir au moins une fois dans sa vie. Une liste qui ne compte pour l’instant qu’un seul nom, celui de Sam Sullivan.

Vous avez sûrement remarqué que Sam Sullivan est en fauteuil roulant. Le maire de Vancouver est tétraplégique depuis vingt-sept ans. Avant son accident, qui lui a brisé le cou, le vigoureux jeune homme s’adonnait au sport, jouait au piano et jouissait d’une vie indépendante. Son drame n’a pas brisé son élan. Certes, le coup a été dur à encaisser. Devenir tétraplégique s’accompagne d’une certaine dose de remises en cause.

Pourtant, rien ne semble arrêter cet homme. Par la suite, il a entrepris et réussi ses études universitaires. Élu au conseil municipal, le voilà en novembre 2006 maire de Vancouver. Son handicap ne l’a jamais empêché de réaliser ses rêves. C’est la raison principale de mon attachement à cet individu. Où sont donc les Sam Sullivan des autres cités du monde ? Ceux qui croient que tout est possible si on s’en donne les moyens ?

Vous savez, on devait théoriquement aider Sam Sullivan à porter le monumental drapeau des Jeux olympiques de Turin, lors de ladite cérémonie de clôture. Le maire de Vancouver a tout simplement refusé la proposition. À l’aide de concepteurs imaginatifs, il a réussi à mettre au point un moyen d’agiter le drapeau devant les millions de téléspectateurs de la planète, témoins de sa vitalité. Trouver de nouvelles solutions, et non pas rabâcher de sempiternels discours politiques, c’est sans doute ce que les électeurs espèrent trouver auprès de leurs représentants. Ah ! Si on pouvait s’échanger les maires, rien qu’une heure seulement...


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