Morts de Bitam - Comment au Gabon on règle la question des clandestins et sans-papiers...
par Le Gri Gri International
lundi 27 juin 2011
Jean-François Mvé Abessolo, un photographe gabonais, a été arrêté par les gendarmes alors qu’il filmait la manifestation. Arrivé dans l’après-midi, le ministre de l’Intérieur, Francois Ndongou, s’est aussitôt rendu à l’hôpital central de Bitam où il a été accueilli par une bronca : « Assassin ! Assassin ! ». Il faut dire que pour son malheur, on venait d’annoncer, quelques minutes auparavant, le décès d’une nouvelle victime. Appelée en renfort, l’armée s’est ostensiblement déployée dans la ville et ses environs. Selon la version officielle, les immigrants seraient morts à la suite d’une diarrhée. Une hypothèse qui a eu le don de mettre en colère un ressortissant de Bitam, joint au téléphone : « il n’y a aucune épidémie de diarrhée chez nous, la seule épidémie que nous subissons en ce moment est ce pouvoir assassin dit émergent ! »
Déjà accusés de tueries et d’exactions à l’encontre des populations immigrées installées sur le site de Minkébé, dans l’Ogooué Ivindo, les militaires gabonais voient leur réputation se dégrader encore un peu plus. À ce sujet, certains n’hésitent pas à rappeler les événements de triste mémoire des 3 et 4 février 1993, lorsque près de 80 immigrés ouest-africains étaient morts asphyxiés par des gaz lacrymogènes dans une cellule de la brigade de gendarmerie de Gros-Bouquet. Interrogé à l’époque par le journal Le Bûcheron, un maréchal des logis présent sur les lieux avait déclaré : « Au départ, on nourrissait ces immigrés. Cela a duré un mois. Et puis le rythme a baissé. Il a tellement baissé qu’il arrivait qu’on oublie de leur donner de l’eau. Cette rupture d’alimentation a commencé par les rendre nerveux. Ils se battaient souvent. (…) les gendarmes décident de les ranger tous dans la même cellule qui fait 5 mètres de long sur 4 mètres de large. C’est par une petite voie d’aération sur la porte que vous pouvez respirer. On a réussi à en mettre deux cents dans une seule pièce de cette dimension. Il ne faut pas rêver. Les plus faibles mouraient tout de suite » À l’époque, le gouvernement avait cru s’en sortir en parlant d’une « rixe entre détenus ».
Photo - dr Texte - J.O.