Moyen-Orient-Caucase : guerre probable ŕ court terme avec quelques espoirs significatifs venus des États-Unis

par Mefrange
mercredi 11 juillet 2012

Dans un précédent article écrit à ce sujet qui exprimait son inquiétude, tous les signaux passent à l'orange puis au rouge les uns après les autres. Compte tenu d'une perte de rationalité de plus en plus visible des élites et de l'absence d'un mouvement populaire structuré (les peuples ne se mobilisent pas ou trop peu ou trop tard), et selon la phrase célèbre de Gide, le monde sera-t-il sauvé par quelques-uns ?

Avant propos : du principe de réalité.
 
Dans un de ses livres, « Un balcon en forêt », Julien Gracq met en scène un soldat qui est sous-officier affecté dans un fortin dans la forêt des Ardennes. C'est un livre à lire, premièrement parce qu'il est bien écrit et deuxièmement parce qu'il fait bien comprendre ce qui arrive quand on est dirigé par des incompétents (les militaires dans ce cas) qui ignorent ou déforment la réalité.
 
Aucune chance que les allemands passent là. « Les Ardennes sont infranchissables » est un dogme. Notre héros se trouve coupé du monde. Le monde de la forêt est paisible. La tension de la déclaration de guerre est retombée et on s'accorde à dire qu'on est parti dans une guerre de 30 ans à s'observer. « ils n'attaqueront pas » est l'opinion dominante. Au début du printemps notre sympathique héros a une histoire d'amour et se sent heureux et en paix.
 
La réalité est ce qui est. Le 10 mai 1940, la réalité est la blitzkieg pas les illusions des généraux ou le bonheur du soldat en forêt. Le 11 mai la réalité, ce sont aussi les colonnes de chars vulnérables qui se faufilent lentement le long des routes étroites et tortueuses des Ardennes, dûment reconnues par un Potez 637 confirmé le lendemain à 8h37. La réalité, c'est aussi l'incrédulité arrogante de l’État Major qui ne veut pas croire que la réalité puisse (ose ? ) être différente des illusions officielles et planifiées. Pourquoi parler d'histoire ? Parce qu'on sait comment ça c'est terminé. Que l'histoire se répète ou pas, peu importe. Les attitudes autistes des élites sont une constante et les conduit à la fin aux désastres. L'ennui est qu'elles emportent le peuple avec elles.
 
Le résultat final est évidemment que la maison forte explose (c'est avec ce truc que vous comptez arrêter les panzers ?) et que la réalité remet (brutalement) les illusions à leur place.
Aujourd'hui la réalité est d'une part une guerre économique des financiers contre les états et les peuples et un empire qui a franchi au Moyen-Orient comme en mer de Chine la zone rouge à partir de laquelle ses ennemis ne peuvent plus imaginer reculer.

 
Première partie : des signaux qui passent au rouge les uns après les autres.

 
Les journalistes se perdent souvent dans l'immédiat des dépêches de presse. Si on prend comme unité de temps l'année, on constate que rien n'a été réglé et qu'au contraire la plupart des points chauds du Moyen-Orient / Caucase se sont aggravés ou sont restés à l'état de conflits gelés.

 
Seconde partie : la pathologie des élites occidentales.

 
La conférence des « amis » de la Syrie a mis en scène des gouvernants atteints d'hystérie (Hillary Clinton) ou irrémédiablement enfermés dans leurs mensonges (Fabius). Exactement comme pour la crise financière, des élites autistes coupées de leurs peuples et qui en ont même peur, n'affrontent pas la réalité. Ce faisant ils commettent des erreurs grossières et mènent « leurs » peuples au désastre.
Pourquoi nos dirigeants ne parviennent pas à créer un espace de paix réelle, celui qui encourage le bon commerce, le bon voisinage et même à terme l'amitié.

 
Accumulons les incohérences qui mis bout à bout créent une pente vers la guerre contre laquelle les acteurs de bonne volonté (laissons les autres) auront bien du mal à s'opposer. .
 
Troisième partie : quelques graines d'espoirs ?

 
Si la dynamique générale tend à la guerre (et pas une petite), quelles sont les forces qui peuvent s'y opposer ?
 
  1. A l'extérieur de l'empire.

 

  1. A l'intérieur de l'empire.
Cela fait plusieurs mois que nous vivons au milieu de plans, de rumeurs et de propagande de guerre pour attaquer la Syrie et déposer Assad. Cependant, la semaine dernière, il a été rapporté que le Pentagone avait terminé sa programmation militaire à cette fin.

 Mon opinion est que tous ce qui est présenté à l’appui de cette attaque, et pour la justifier, n’est que du vent. Ce n’est pas plus crédible que le prétexte donné en 2003 pour l’invasion de l’Irak ou pour l’attaque de 2011 sur la Libye. Or, ces guerres ont été un gaspillage complet. Nous devrions donc nous arrêter un instant et réfléchir avant d’entreprendre encore un violent effort d’occupation et de changement de régime à l’encontre de la Syrie.

 Nous n’avons aucun souci de sécurité nationale requérant une escalade aussi insensée de la violence au Proche-Orient. Aucun doute ne devrait pouvoir exister quant au fait que nos intérêts de sécurité sont bien mieux servis, si nous nous tenons complètement en dehors de ce conflit interne qui fait rage en Syrie en ce moment. Nous sommes déjà trop impliqués dans le soutien aux forces qui, à l’intérieur de la Syrie, désirent anxieusement le renversement du présent gouvernement. Il est probable que le conflit armé actuel (ayant maintenant le caractère d’une guerre civile) n’existerait pas, sans les interférences extérieures.

Indépendamment de savoir si nous attaquons ou non encore un autre pays, le fait de l’occuper et de mettre en place un nouveau régime que nous puissions espérer contrôler, pose une grave question constitutionnelle. D’où le Président [des États-Unis d’Amérique] tire-t-il donc une pareille autorité ? 

Depuis la Seconde Guerre Mondiale, nous n’avons cessé d’ignorer l’autorité véritablement légitime permettant d’entrer en guerre. Elle a été remplacée par des entités internationales, telles que l’ONU et l’OTAN, ou par le Président lui-même, cependant que le Congrès était complètement ignoré. Il est triste à dire que le peuple n’objecte rien à cela. 

Nos derniers Présidents soutiennent explicitement que l’autorité pour entrer en guerre n’est pas le Congrès. Cela a été le cas depuis 1950, lorsque nous fûmes entraînés dans la Guerre de Corée par une résolution des Nations Unies et sans approbation du Congrès. Et une fois encore, nous sommes sur le point de nous engager dans une action militaire, contre la Syrie, et, en même temps, nous réactivons de manière irresponsable la Guerre froide avec la Russie. 

Nous jouons au chat et à la souris avec la Russie, ce qui représente une bien plus grande menace que la Syrie pour notre sécurité. Comment pourrions-nous tolérer [, pour prendre une analogie,] une Russie qui exigerait au Mexique une solution humanitaire à une violence qui se produirait sur la frontière américano-mexicaine ? Nous considérerions qu’il y aurait là un légitime souci de sécurité pour nous. Or notre engagement en Syrie, où les Russes possèdent en vertu d’un traité une base navale, est [pour les Russes] l’équivalent de ce que serait pour nous leur présence dans notre arrière cour, au Mexique. 

Nous sommes hypocrites, lorsque nous condamnons les Russes qui protègent leurs intérêts de voisinage, alors que nous n’avons cessé de faire exactement de même, et à des milliers de milles à distance de nos frontières. Il n’y a aucun intérêt pour nous à prendre parti, à apporter une assistance secrète, et à encourager la guerre civile, dans un effort pour changer le régime en Syrie. C’est une provocation, sans raison nécessaire, que d’accuser faussement les Russes de fournir des hélicoptères à Assad. Blâmer faussement le gouvernement d’Assad pour un prétendu massacre perpétré en réalité par une faction rebelle violente, ce n’est rien moins que de la propagande de guerre

Les gens les mieux informés et les plus instruits reconnaissent maintenant que la guerre planifiée contre la Syrie est seulement un pas de plus à l’encontre du régime iranien. C’est quelque chose que les néoconservateurs admettent ouvertement. Le véritable but des néoconservateurs (eux qui sont en charge de notre politique étrangère depuis deux décennies) est de contrôler le pétrole iranien, comme nous avons fait pour celui de l’Arabie Saoudite, et comme nous tentons de le faire pour celui de l’Irak. 

Sans un changement significatif et rapide dans notre politique étrangère, la guerre est inévitable. Les désaccords entre nos deux principaux partis sont minimes. Tous deux sont d’accord pour annuler le blocage de tout crédit de guerre. Aucun des deux ne veut abandonner notre présence croissante et agressive au Moyen-Orient et en Asie du Sud.  

 Cette construction d’une crise peut aisément échapper à notre contrôle et déboucher sur une guerre bien plus importante, qui serait autre chose qu’une occupation supplémentaire et un de ces changements de régime qui sont devenus pour le peuple américain une acceptable routine, à laquelle ils ne prêtent plus attention. 

Il est temps que les États-Unis essayent une politique faite d’abord de diplomatie, et qui recherche la paix, le commerce et l’amitié. Nous devons abandonner cet effort militaire pour promouvoir et assurer l’Empire américain. D’ailleurs, nous sommes en banqueroute et nous n’avons pas les moyens [de cette politique].

Le pire de tout, c’est que nous sommes en train de mettre en œuvre la politique de Ben Laden, dont le but a toujours été, au dehors, de nous embourber au Proche-Orient et, au-dedans, de nous mener par ce moyen à la faillite.

Il est temps de rappeler nos troupes et d’établir une politique étrangère non-interventionniste, qui est la seule route menant à la paix et à la prospérité. 

Cette semaine, j’introduis donc une proposition de loi visant à interdire à notre gouvernement, en l’absence d’une déclaration de guerre par le Congrès, d’apporter un soutien, direct ou indirect, à toute action militaire ou paramilitaire en Syrie. J’espère que mes collègues se joindront à moi dans cet effort. 

 
 
Que faire en France ? La même chose. François Hollande a déclaré qu'il n'excluait pas une intervention militaire. Sans considération partisane, que ceux et celles qui ne veulent pas de guerre le disent par des pétitions, des lettres aux députés et sénateurs, en parlant autour de soi. La pente est vers la guerre pour les raisons que résume bien Ron Paul.

Lire l'article complet, et les commentaires