Norodom Sihanouk, un des fondateurs du mouvement de non-alignement
par Giuseppe di Bella di Santa Sofia
mercredi 17 octobre 2012
A la conférence de Bandung (Indonésie), furent élaborés et proclamés par 29 pays d'Asie et d'Afrique, les principes fondamentaux du mouvement de non-alignement. Cette important réunion avait eu lieu du 18 au 24 août 1955. Norodom Sihanouk, qui venait d'abdiquer pour la première fois, représentait le Cambodge en qualité de chef de délégation.
La conférence de Bandung s'était déroulée en pleine "guerre froide". C'est dans cette période difficile que les peuples d'Asie et d'Afrique, qui constituaient plus de la moitié de l'humanité, appelèrent à la paix et au renforcement de la sécurité internationale. L'esprit de cet appel est toujours d'actualité.
Les pays représentés à la conférence de Bandung, dont le Cambodge (parmi les pays fondateurs du mouvement de non-alignement), se prononcèrent pour la liquidation du colonialisme, du racisme et de l'apartheid. Ce dernier point ne sera définitivement réglé qu'en 1990, avec la libération de Nelson Mandela.
L'appel de Bandung pour le règlement du problème du Proche-Orient est toujours, lui aussi, d'actualité. Le communiqué final de la conférence soulignait que la tension au Proche-Orient menaçait gravement la sécurité des peuples de la région et la paix dans le monde. Les décennies écoulées ont confirmé cette appréciation. La conférence de Bandung avait montré la voie pour parvenir à un règlement du problème du Proche-Orient, par la création d'un foyer national pour le peuple arabe de Palestine, conformément aux résolutions connues, à l'époque, de l'ONU.
La conférence de Bandung ne s'était pas prononcée moins nettement sur les autres problèmes qui préoccupaient la communauté mondiale, dont le développement de la coopération internationale économique, scientifique et culturelle afin de mettre fin le plus rapidement possible au retard de nombreux pays d'Asie et d'Afrique.
Depuis 1955, la carte politique du monde est devenue méconnaissable. En Afrique et en Asie, des dizaines d'Etats ont vu le jour. La paix et la sécurité internationales sont une des principales conditions pour leur avancement dans la voie du progrès. Aussi, n'est-il pas fortuit que le mouvement du non-alignement se prononçait pour le renforcement de la paix et de la coopération internationale.
Le Cambodge, sous l'impulsion dynamique de Norodom Sihanouk, a participé très directement à la création du noyau du mouvement de non-alignement. Il est resté, juqu'à la fin des années 60, un participant très actif à toutes les rencontres et conférences de ce mouvement. Le Cambodge s'est toujours prononcé en faveur d'une attitude anti-impérialiste plus active du mouvement de non-alignement et a formé un front uni avec les pays progressistes d'Asie, Afrique et Amérique latine qui partageaient la même position. Dans sa politique extérieure, le Cambodge se tenait constamment aux principes de Bandung, jusqu'en 1970.
Le Cambodge préconisait la coexistence pacifique des pays à systèmes sociaux différents, le règlement pacifique de tous les problèmes litigieux par voie de négociations, le développement d'une coopération internationale large et mutuellement avantageuse, la liquidation des foyers de tension. Norodom Sihanouk a toujours condamné énergiquement la politique d'ingérence dans les affaires intérieures des nations souveraines que pratiquait non seulement les Etats-Unis d'Amérique, mais aussi certains pays membres du mouvement de non-alignement. On sait que la guerre non déclarée contre le Cambodge était menée depuis le territoire de ces pays. Or, c'était une violation directe du principe de bon voisinage proclamé à Bandung. Tout Etat, il faut le souligner, qui est victime d'une telle ingérence, a le droit de légitime défense, individuelle ou collective selon l'article 51 de la Charte de l'ONU.
Nous pouvons constater de juste droit que, bien qu'hétérogène, le mouvement de non-alignement est devenu depuis une importante force politique de l'époque contemporaine avec laquelle toutes les capitales du monde doivent compter. Personne ne peut passer outre l'aspiration des peuples à la paix et à la prospérité, à la coopération internationale et à la compréhension mutuelle.
En agissant ensemble, les peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine obtiendront que les principes de la coexistence pacifique deviennent déterminants dans les relations internationales.Ce sera une nouvelle confirmation de la portée éternelle et universelle de "l'esprit de Bandung".