Nouvelles du toit du monde

par Tibet Libre
mardi 21 novembre 2006

Dans le n°5 de la Revue de l’Inde, Claude Arpi analyse les relations entre Chine et l’Inde autour du Tibet. La Revue de l’Inde, créée en 2005, a pour objectif de faire comprendre la réalité indienne dans sa complexité et dans sa différence. Journaliste et historien, Claude Arpi vit en Inde depuis trente ans, à Auroville, où il est directeur du Pavillon tibétain. Résumons son analyse.

La ligne de chemin de fer reliant la Chine à Lhassa est présentée par la publicité chinoise comme l’une des plus grandes prouesses technologiques jamais réalisées. Pour soigner son image, Beijing a fait venir son panchen-lama (désigné par les Chinois et non reconnu par les Tibétains). Il a dit ce qu’on lui a demandé de dire. Le Lama a évoqué cette nouvelle ligne comme un lien qui renforcera l’unité nationale et "aidera à promouvoir les échanges entre les Tibétains et les autres groupes ethniques en Chine."


Mais derrière le décor, il en va autrement : le train ne favorisera pas les échanges entre Tibétains et Chinois Han car il ne fonctionnera qu’à sens unique. Des millions de Hans participeront au programme "ruée vers l’Ouest" de l’ancien président Jiang Zemin. Selon le côté de l’histoire où l’on se situe, on parlera "d’unité nationale" ou "de purification ethnique". Ces "réalisations" sont de mauvais augure pour l’Inde. Le président de la Région autonome du Tibet a annoncé, lors d’une visite du vice-premier ministre népalais à Lhassa, que le nouveau chemin de fer serait bientôt étendu à la frontière népalaise. Une sonnette d’alarme aux oreilles de New Delhi...
D’un autre côté, on apprend que les autorités chinoises construisent un barrage au Tibet occidental, près de la frontière indienne. Beijing a omis d’en informer New Delhi. Le directeur du Comité pour la conservation des eaux du Fleuve jaune a confirmé que la Chine prévoyait de divertir les eaux du Tibet vers la Chine. Le Brahmapoutre, vital pour l’Inde et le Bengladesh, sera-t-il affecté ? Ce serait un casus belli.
Les Chinois veulent être prêts à toute éventualité, en particulier en cas d’échec des discussions sur le problème frontalier avec l’Inde. Leur prochain pas sera sans doute de fermer la boucle du chemin de fer occidental chinois et de faire une ligne directe de Shigasté à Kashgar (au Xinjiang), en traversant la région disputée de Aksai Chin. Cela représenterait une menace sérieuse pour la sécurité de l’Inde.
Comme l’ont suggéré les sénateurs du groupe Tibet lors d’une visite récente en Chine, il serait pourtant bon pour les Chinois de faire un geste envers le dalaï-lama qui ne demande qu’un statut d’autonomie réel pour le Tibet. La rivalité avec l’Inde est une question plus difficile à résoudre, mais une vraie autonomie pour le Tibet serait sûrement un premier pas vers la détente.


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