Obama a-t-il mis en marche la machine à perdre ?

par Mathias Delfe
mercredi 27 août 2008

Longtemps favori dans les sondages, aujourd’hui en perte de vitesse à moins de trois mois des élections, le Don Quichotte de la politique américaine n’a peut-être pas bien choisi son Sancho Panza.

En choisissant comme colistier, c’est-à-dire comme vice-président s’il est élu, le sénateur Joseph Robinette Biden, Barack Obama a pris à contre-pied la plupart de ses fans.


Comment un gars au profil atypique parmi l’establishment politique, qui incarne la jeune maturité, le dynamisme, l’espoir d’un changement si ce n’est radical du moins perceptible dans la gestion du pays a-t-il pu désigner pour le seconder un vieux briscard du Congrès, un centriste tout ce qu’il y a de pépère, un pote de McCain, un politicien pur America jusqu’au brushing ?

En se permettant un écart vers la science-fiction, c’est un peu comme si Olivier Besancenot, favori des sondages pour l’élection présidentielle en France, annonçait son intention de nommer Pierre Méhaignerie Premier ministre.



Il paraît que le but de la manœuvre est de rassurer les « cols bleus », ces petits Blancs conservateurs qui votent démocrate plus par opportunisme de classe que par conviction, lesquels perçoivent évidemment le métis Obama d’un œil encore plus suspicieux que celui qu’ils jetaient sur mamie Clinton (laquelle, dans un émouvant happy end hollywoodien, vient de faire la paix avec l’ancien concurrent qu’elle a si durement malmené).



En dehors de ses origines sociales modestes, j’ai du mal à comprendre ce que les hard workers ont en commun avec le sénateur Biden, bourgeois, prospère, cheveux et dents blanchis comme une vieille star de cinéma, assez âgé enfin - 66 ans pendant le prochain scrutin - pour prendre sagement sa retraite ?


En revanche, j’ai dans l’idée qu’il représente le genre d’incarnation du politique tel que la jeunesse en a soupé, saturation qui précisément l’a conduite à soutenir Barack dès le début des primaires.



On imagine sa déception, à cette jeunesse, de découvrir que le vent nouveau souffle sur un vieux navire.


Ne reste plus à espérer qu’elle sortira tout de même de chez elle en novembre afin d’élire cet attelage improbable et que les ouvriers se comporteront ainsi que le prévoient les stratèges du parti de l’âne.


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