Obama fustige le tribalisme dont a été victime son père africain

par TSAKADI Komi
mercredi 15 juillet 2009

« Durant la vie de mon père, ce sont en partie le tribalisme et le népotisme dans un Kénya indépendant qui, pendant longtemps, ont fait dérailler sa carrière, et nous savons que cette forme de corruption est toujours un fait quotidien de la vie d’un trop grand nombre de personnes ».

 

Voici un court extrait du discours du président Obama prononcé à Accra le samedi 11 juillet dernier lors de sa visite au Ghana, pays choisi pour la solidité de ses institutions démocratiques (deux alternances politiques et ethniques successives s’y sont produites ces dix dernières années).
 
En effet, le père du président américain était de l’ethnie luo et malgré ses diplômes prestigieux obtenus aux Etats Unis, il n’a pas progressé dans l’administration tribalisée de son pays aux mains des dirigeants Kikuyu (une autre ethnie du Kenya).
 
Obama est donc bien placé pour fustiger cette pratique en cours dans la plupart des pays africains où le pouvoir est monopolisé par une poignée de personnes d’une seule ethnie aux dépens des autres ethnies.
 
Ainsi dans certains pays africains, c’est l’armée qui est constituée à 90% de l’ethnie du président de la République. Les postes dans l’administration publique et les directions des sociétés d’Etat sont détenus par les personnes issues de cette ethnie.
 
Dans un article récent publié sur Agoravox intitulé « Faut-il une « charte de l’égalité » pour la fonction publique en Afrique ?  », je relevais cette situation en ces termes : « il importe de promouvoir la diversité ethnique au sein des appareils de l’Etat pour lui permettre de jouer pleinement son rôle de « médiateur de toutes les ethnies » et de capter toutes les compétences issues de la diversité ethnique pour remplir sa mission de développeur au service de la communauté nationale ».
 
Gageons que les propos du président Barak Obama puissent faire prendre conscience à nos dirigeants qui ont ethnocentralisé leur armée, leur administration pour rester indéfiniment au pouvoir en refusant l’alternance démocratique et ethnique, au moyen de la répression, des tripatouillages constitutionnels, des fraudes électorales, des coups d’Etat, des conflits armés…
 
 « Nous sommes tous répartis selon nos identités diverses, de tribu et d’ethnie, de religion et de nationalité. Mais se définir par son opposition à une personne d’une autre tribu, ou qui vénère un prophète différent, cela n’a aucune place au XXIe siècle. La diversité de l’Afrique devrait être source de force et non facteur de division. Nous sommes tous enfants de Dieu. Nous partageons tous des aspirations communes : vivre dans la paix et dans la sécurité ; avoir accès à l’éducation et à la possibilité de réussir ; aimer notre famille, notre communauté et notre foi. Voilà notre humanité commune » avait-il ajouté dans son discours d’Accra.
 
Les pays africains gagneraient à ouvrir le débat sur la diversité ethnique dans la fonction publique et dans la vie politique pour corriger la pratique ethnocentralisée en cours depuis les indépendances, sous les différents régimes politiques et qui constitue l’un des freins au décollage économique sur le continent.
 
 
Komi TSAKADI

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