Palestine : un mur de silence
par Monserrat33
mercredi 26 mars 2008
Mais en visionnant ce petit film, qui parcourt internet, c’est avant tout le silence qui nous frappe, le silence de la souffrance. Car ce sont bien des êtres humains qui se couchent derrière des grilles à bestiaux. Chaque nuit, ils gagnent le check point situé entre Bethléem et Jérusalem Est pour espérer passer de l’autre côté du mur et se rendre à leur emploi.
Pour nourrir leur famille, ces hommes arrivent toujours plus tard dans la nuit, toujours plus tôt dans la matinée, pour faire partie du quota d’admis à passer le mur de séparation des territoires.
Il est trois heures du matin quand le caméraman commence à filmer le spectacle de ces vies silencieuses, de tous ces êtres qui viennent se heurter à la frontière de béton armé. On suit le trajet de ces hommes encagés jusqu’à l’arrivée impromptue d’un touriste venu jouer maladroitement du violon. Avec ces notes mal tenues, il donne un peu de voix à ces ouvriers habités par le silence et confère, à la dernière partie du film, un aspect parfaitement absurde. On se croirait soudainement au cœur d’une scène comique, où le musicien est incapable de jouer le pathos tant la situation est absurde.
Avec Intervention divine, Elia Suleiman exprimait déjà le ridicule d’un conflit qui n’a de sens pour personne et dénonçait cette logique du pire qui consiste à augmenter la haine entre les deux peuples. De même, ce document vidéo traduit toute l’absurdité de la situation, car les Israéliens ont besoin des Palestiniens pour venir travailler chez eux et pourtant ils les soumettent, comme du bétail. Il y a bien évidemment un non-sens dans cette persistance du déni des réalités, que le silence des Nations unies perpétue. Aussi simple soit-il, ce film amateur traduit la dégénérescence d’un conflit qui empêche ceux qui implorent la paix de prendre la parole.