Plus orthodoxe que le patriarche

par Stéphanie Tessier
lundi 20 août 2012

Le groupe punk rock russe Pussy Riot a été condamné à deux ans de camps pour "hooliganisme” et "vandalisme motivé par la haine religieuse". Dans l’Archipel du Goulag, Alexandre Soljenitsyne semblait nostalgique de la Russie éternelle des Tsars et de la religion orthodoxe russe. J’ignore ce qu’il penserait de cette condamnation. À vrai dire, même l’Église orthodoxe russe a fini par demander la clémence pour les membres du groupe pour calmer le jeu.

Nadejda Tolokonnikova, Ekaterina Samoutsevitch et Maria Alekhina ont chacune été condamnées à l'issue d'un procès très mediatisé « digne de l'Inquisition ». La juge Marina Syrova a estimé “sacrilège” et “d’incitation à la haine religieuse” leur « prière punk » chantée dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Les jeunes femmes, qui demandaient à la Sainte Vierge de « chasser Poutine » du pouvoir, auraient « violé l'ordre public » et « offensé les sentiments des croyants », sans exprimer de repentir, selon la juge Syrova.

Dans un communiqué émis par Amnesty International, cette organisation a pour sa part estimé que ces trois membres du groupe punk étaient des « prisonnières de conscience, détenues uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs convictions », appelant les autorités russes à annuler cette condamnation et à les libérer.

En Russie et à travers les monde, les Pussy Riot peuvent bénéficier d’un appui populaire comme du soutien de personnalités. D’ailleurs, il y aura probablement un appel de cette décision.

Les Pussy Riot iront au camps. Qu’elles se rassurent, elles auront pu aller au bûcher…

Je suis très choquée de voir des gens de loi ou des personnalité politiques utiliser des arguments religieux pour assurer leur pouvoir ou leur influence sur des femmes d’opinion.

Les autorités russes n’ont pas à être plus orthodoxes que le patriarche de l’Église de Russie.

Un prêtre de Moscou, le père Viatcheslav Vinnikov, a pris position sur le blogue grani.ru : 

"C’est une honte pour l’Église d’avoir envoyé des gens en prison. L’Église qualifie leur acte de sacrilège. Mais le vrai sacrilège, c’est de les juger au nom du Christ. La foi chrétienne, c’est la miséricorde et l’amour.”

Si le président Poutine se croit omnipotent, il va peut-être terminer sa carrière en chemin de croix. Lors de l’une des nombreuses manifestions de soutien aux jeunes femmes, on a pu lire sur des pancartes : « Libérez les copines, enfermez Poutine ! ».

Cela dit, est-ce que les Pussy Riot ont été utilisées, sacrifiées, pour atteindre Poutine et pour ternir l’image de la Russie ?

J’ai la pénible impression que l'on se sert des filles et que l’on se fiche de leur triste sort. Qu’en pensez-vous ?

Stéphanie Tessier


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