Prism-gate : Et si c’était une comédie de guerre fluide jouée par la NSA ?

par Bernard Dugué
jeudi 13 juin 2013

On le sait depuis plus d’un siècle, les espions peuvent s’avérer être des agents doubles. Ce fait connu de tous alimenta en son temps nombre de scénarios de film à suspense genre Hitchcock ou bien des romans à la sauce OSS 117. Depuis quelques jours, les médias focalisent sur les révélations publiées par le Gardian et le Washington Post concernant un programme d’interception des communications conduit par la NSA avec l’appui des géants du numérique. L’intéressé responsable des fuites, Edward Snowden, s’est réfugié à Hong Kong. Du coup, les autorités américaines ne décolèrent pas et veulent récupérer le traître à la partie qui aurait dévoilé des secrets défense aux puissances ennemies et de ce fait, mis en danger la sécurité américaine. Et dieu sait si aux States on ne plaisante pas avec ce sujet. Partout sur la planète l’affaire est commentée mais au bout du compte, on se demande s’il ne s’agit pas d’une mise en scène. Snowden n’est peut être pas un agent double mais rien n’interdit de penser qu’il n’aurait pas été manipulé par quelque habile employé de la NSA lui refourguant le document Power Point relatif aux programmes Prism. Un document où il n’y a pas grand-chose de sensible en vérité. Le genre de truc qu’on présente dans une banale conférence servie par des stratèges en guerre cybernétique à l’attention d’étudiants ou de politiciens.

Est-ce que la NSA aurait eu quelque intérêt à effectuer cette mise en scène ? On pourrait le penser puisqu’il est de notoriété publique que cette agence construit actuellement un immense centre pour récupérer les données. Elle ne s’en cache pas vu que sur son site officiel figure le descriptif de ce bâtiment coûtant deux milliards d’euros. Mais comme tout est secret à l’intérieur, l’opinion publique pourrait s’inquiéter et s’informer auprès de quelques sites du Web où sont diffusés des informations crédibles mais aussi tout ce que l’imaginaire peut concevoir en matière de fantasmagorie complotiste. De ce fait, il est utile de jouer la transparence pour conserver le secret. Disons que les autorités du renseignement auraient intérêt à laisser croire, à la faveur d’une fuite qui rend encore plus crédible l’information, qu’elles se servent des entreprises du Web pour récupérer des informations nécessaires à la sécurité du pays. L’opinion publique prend note de ce fait qui bien entendu, est connu de tous dans les milieux autorisés et même chez les experts. D’ailleurs, cela fait des décennies que la coopération entre agences fédérales et industries privées est encouragée par les administrations successives et les membres du Congrès.

Cette affaire ressemble vraiment à un film de série B avec un jeune idéaliste luttant au service du bien et de l’humanité contre les puissances étatiques qui espionnent les gens. Mais en arrière-fond on ne sait pas ce qui s’est réellement passé. Toujours est-il que, fait sans précédent, le général Alexander, haut gradé de la NSA, a été auditionné devant la commission du renseignement au Sénat américain. Ce fait est très rare car la NSA n’existe pas en vertu de sa définition en forme de boutade, « no such agency ». Bref, ce brave Monsieur Alexander a confié aux sénateurs que grâce à des interceptions de communication, des attentats ont été déjoués, notamment ceux projetés en 2009 dans le métro new-yorkais par un extrémiste afghan dont les plans ont été neutralisés grâce aux mesures prises par la NSA grâce à cet admirable outil qu’est le Prism. Ce sont même des douzaines d’attentats qui ont été déjoués selon l’intéressé qui n’a pas échappé à la question facétieuse de l’emmerdeur de service, un sénateur démocrate, trouvant étrange qu’on ait besoin d’intercepter toutes les conversations pour savoir si un terroriste se trouve au bout du fil.

Finalement, cette fuite du programme Prism pourrait arranger les autorités américaines, celles-ci pouvant jouer la fausse transparence et se féliciter auprès de l’opinion publique de son efficacité retrouvée dans la gestion des risques terroristes. Car depuis l’attentat de Boston, un doute pouvait planer. Et puis, comme l’ont confirmé des récents sondages sur cette question, les citoyens américains en majorité approuvent les programmes de surveillance conduits par le renseignement américain. La Maison Blanche peut-être rassurée car l’opinion suit. Il n’y a que les journalistes pour penser que le président Obama est dans la mouise avec cette comédie du Prism-gate. On voit donc que cette affaire aurait pu très bien être mise en scène par la NSA afin d’officialiser un programme de surveillance et alimenter la diffusion des leurres médiatiques auxquels contribuent la plupart des pays avancés car nous sommes entré la l’ère de la guerre fluide. Les journaux de Hong Kong peuvent s’indigner de l’espionnage de quelques sites par la NSA, livrant des informations devenues publiques mais qui étaient connues depuis des années par les services secrets de tous ces pays impliqués dans la guerre fluide.

Finalement, on ne sait pas où se situe la vérité. L’analyse que je livre est cohérente mais c’est comme pour le chat de Schrödinger, l’interprétation est à la fois vraie et fausse.


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