Projet de securité alimentaire en Afrique
par seam
mardi 28 septembre 2010
Un projet de coopérative agricole de céréales pour contribuer à la sécurité alimentaire et au développement du monde rural en Afrique.
COOPERATIVE AGRICOLE DES CEREALES : C.A.C
L’agriculture est par nature une activité spéculative, car les besoins alimentaires et la production agricole sont décalés dans le temps. En effet les besoins alimentaires sont régulièrement étalées sur toute l’année sauf quelques exceptions aux jours fériés (fin de ramadan ou les fêtes de fin d’années ou les fêtes familiales etc.) alors que la production agricoles n’a lieu le plus souvent que pendant quelques 2 mois d’été.
Il en s’ensuit donc un excès d’offre par rapport à la demande au moment des récoltes et un excès de la demande par rapport à l’offre au début de la saison culturale, excès exacerbé par la demande des semences. Ainsi est il normal qu’il y ait une fluctuation des prix des denrées alimentaires entre ces deux périodes : les prix étant bas à la récolte et élevés à la période de soudure (au début des saisons culturales). Pour tirer partie de cette fluctuation, les opérateurs agricoles devraient garder en stock une partie de la récolte pour la revendre plus tard. Mais c’est justement au moment des récoltes que l’agriculteur a cruellement besoin d’argent notamment pour la scolarité des enfants et/ou pour les fêtes familiales d’une part mais aussi pour rembourser les dettes contractées à la période de soudure. En plus pour stocker sa récolte, l’agriculteur devrait avoir d’autres sources de revenus pour tenir jusqu’à ce que les prix montent. Il est donc obligé de céder sa récolte au prix bas pour plus tard se réapprovisionner plus cher au marché. Une double perte. Le financement bancaire de l’activité agricole aggraverait cette situation, car les banques exigent le remboursement en numéraire de leur dette en début des récoltes. Ce qui oblige les agriculteurs à vendre leur production au bas prix, aggravant de ce fait davantage la chute des prix. Le financement bancaire semble, dans les conditions actuelles, ne pas être adapté au secteur agricole.
Dans les pays développés, les agriculteurs ont résolus ce problème en institutionnalisant la vente à terme des produits agricoles, technique similaire au stockage mais nécessitant un marché bien organisé : la bourse des produits agricoles (comme par exemple la bourse de Chicago). Un tel marché pour les céréales n’est pas malheureusement pour demain en Afrique.
Il nous parait donc raisonnable de penser qu’un système qui permettrait aux opérateurs agricoles de faire face à ce décalage de l’offre et de la demande tout en leur permettant de profiter des hausses ou des baisses des prix de leur production rencontrera une excellente résonance au sein des populations rurales mais aussi urbaines. Ces dernières profiteront de la stabilité des prix et d’approvisionnement en denrées alimentaires.
La Coopérative agricole des céréales
Une coopérative est une organisation (société privée ou communautaire) dont les activités seraient entre autres de :
- La collecte et le stockage des produits agricoles essentiellement les produits secs facilement conservable tels que les céréales et les farines ;
- La transformation et la distribution des produits agricoles
- Vente des semences et des intrants (engrais et produits phytosanitaires etc.)
- Location des outils et petites machines agricoles (pompes, motoculteurs etc.)
- Octroi des crédits sur nantissement du stock agricole : warrantage
- Octroi des crédits de soudure en nature et remboursable en nature : carry trading.
- Achat, vente et location des terrains agricoles.
- Aucun service à nos jours ne fournit une palette aussi complète de services aux agriculteurs.
Mais qu’en est-il au juste de ces deux techniques : warrantage et le carry trading ?
Crédit nanti sur un stock agricole : warrantage
Concept :
Le warrantage consiste en une opération de crédit de quelques mois dont la garantie est un stock de vivres (céréales secs) liquidable par la coopérative agricole en cas de défaillance de remboursement. Ce crédit permet à l’agriculteur de différer la vente de sa production au moment de la récolte où les prix sont très bas (par excès d’offre par rapport à la demande), alors que la nécessité de se nourrir et les besoin en semence en période de soudure l’obligera à recourir au marché pour racheter les mêmes vivres et semences à des prix plus élevés (car il y aura plus de demande que d’offre). Cette fluctuation des prix enrichit les spéculateurs (commerçants) et non les agriculteurs qui se retrouvent dans un cercle vicieux de pauvreté. Cette technique va donc contribuer à la sécurité alimentaire du monde rural et à stabiliser les prix des denrées alimentaires.
Pour la coopérative, le stock des récoltes constitue une garantie facilement liquidable en cas de défaillance de l’emprunteur.
Limites de ce concept
Le warrantage permet à l’agriculteur de participer à la hausse des prix à la période de soudure.
Mais en début de la saison culturale, au moment où les agriculteurs ont besoin des semences en plus des besoins alimentaires ainsi que des fonds d’investissement dans leur champs : main d’œuvre, intrants, irrigation, location du matériel etc., l’agriculteur ne peut avoir de crédit par ce système de warrantage car n’a pas de stock à donner en garantie, le stock ayant été écoulé pour rembourser le crédit initial et financer ses besoins quotidiens.
D’où la nécessité de trouver une autre voie de financement complémentaire au warrantage. Il faut donc un credit de soudure.
Crédit de soudure en nature : system du carry trading
Concept
C’est un système basé sur la variation des prix d’un produit et qui protégerait l’agriculteur des chutes des prix du riz en début des récoltes. Ce concept est largement employé par les mines d’or. En effet dans les années 80 l’or perdait chaque année 10% de son cours de l’année précédente. Il y avait deux acteurs qui étaient préoccupés par ces pertes continuelle de la valeur de l’or : les banques centrales et les mines d’or. Les premières avaient des réserves d’or qui ne produisaient rien mais occasionnaient des frais d’assurance et de gardiennage en plus des pertes de valeur et d’un autre coté les mines d’or dont les chiffre d’affaires se réduisaient d’année en année malgré les augmentations de la production.
Les mines d’or d’Afrique du Sud ont eu l’idée d’emprunter de l’or aux banques centrales de l’Angleterre et des USA et à les rembourser avec intérêt (environ 2% par an) en 12 mois. Les mines d’or pouvaient alors vendre l’or emprunté sur le marché et les fonds obtenus étaient réinvestis dans le secteur. Il faut noter qu’a cette époque, banques appliquaient des taux de 6%. Les mines avaient donc des crédits moins chers pouvaient rembourser de l’or qui était dévalué. Et la banque centrale avait valorisé ses réserves d’or qui jusque là constituaient un stock non productif. Les intérêts encaissés compensaient les dépenses d’assurance et de gardiennage des stocks d’or des banques centrales. Dans une conjoncture de chute du prix de l’or, les mines d’or avaient vendu leur production d’or d’aujourd’hui au prix de l’année prochaine qui était pressenti qu’il sera plus bas que celui d’aujourd’hui.
La situation de ces mines d’or ressemble donc à celle de l’agriculteur dont les prix à la récolte sont généralement plus bas que ceux de la période de soudure lui précédant.
Un système gagnant pour les deux parties
Application de ce concept sur les produits agricoles (les céréales)
Pour mieux visualiser ce système, partons d’un exemple concret du riz paddy, Saison 2009 à Rukaramu (Burundi) :
En juin 2009 le riz paddy était vendu à 520Fr/kg et en décembre 2009 son prix avait grimpé à 650Fr/kg. Le mois de décembre correspond généralement au début des activités dans les rizières et l’agriculteur a besoin des fonds pour investir dans son entreprise de riziculture. Il aura besoin d’à peu près 1.585.000Fr/ha.
L’agriculteur peut emprunter auprès de la coopérative 2000Kg de riz et s’engager à rembourser 2000Kg plus les intérêts à la récolte. La coopérative applique un taux de 5% par mois pour les crédits de soudure (car il faut 12 mois d’attente entre l’achat du riz et le remboursement : Achat du riz en juin, stockage jusqu’en décembre 2009, crédit en nature de 6 mois. En tout 12 mois.). La culture en soi dure au plus 6 mois. L’agriculture va donc rembourser 2680Kg de riz à la récolte.
L’agriculteur va revendre le riz reçu en prêt sur le marché au prix de 650Fr/kg et dégager un fonds de 1.300.000Fr nécessaire pour les travaux de son champ de riz. Il aura besoin d’un capital propre de 285.000Fr (soit 18% des frais d’investissement).
Apres 6 mois, le champ de riz de 1ha produit comme d’habitude 4.000Kg de riz. Il rembourse les 2680Kg à la coopérative et garde 1320Kg de bénéfice pour lui qu’il peut vendre aumarché au prix de 520Fr/kg ou le garder en stock pour le revendre plus tard.
Au prix de 520fr/kg, l’agriculteur aura fait un e bénéfice net de 401.400Fr :
1320Kgx520= 686.400Fr moins le capital propre de 285.000Fr il lui reste 401.400Fr soit unrendement de plus de 140% du capital propre.
Ce système permet donc à l’agriculteur de financer son activité et de profiter pleinement du fruit de son exploitation agricole.
Limites du système du carry trading
Le system ci-dessus reste rentable pour autant que les prix au moment du prêt soient élevés par rapport à ceux qui prévaudraient au moment de la récolte. Ce qui est généralement le cas, car il y a excès de la demande par rapport à l’offre à la période de soudure alors que la situation est inversée à la période de la récolte:il y a excès de l’offre par rapport à la demande. Ainsi les deux systèmes décrits ci haut, le warrantage et le carry trading, permettent à l’agriculteur non seulement un accès facile au financement agricole mais aussi de profiter pleinement des variations saisonnières des prix de sa production : le warrantage pour les hausses et le carry trading pour les baisses des prix.