Quand la Chine nous rachètera

par ÇaDérange
mercredi 27 septembre 2006

Ce titre fait suite à l’annonce que les réserves de change de la Chine ont désormais dépassé les 1000 milliards de dollars. C’est le résultat, bien entendu, de l’incroyable croissance chinoise de ces dernières années, basée sur les faibles salaires et la faible protection sociale des travailleurs chinois, de la maîtrise par la Chine de la parité de sa monnaie, le yuan, et son inconvertibilité, et d’une grande tolérance - qui tend à diminuer actuellement - de la contrefaçon. C’est aussi le résultat de la conversion spectaculaire depuis Deng Siao Ping du communisme traditionnel à l’économie de marché, sous couvert d’une argumentation alambiquée qui explique au bon peuple qu’il ne s’agit que d’une étape obligée avant la mise en place du communisme pur et dur. Bravo, Monsieur Deng, pour votre habileté dialectique.

Nous pouvons, à juste titre, être effrayés des marges de manoeuvre financières que possède désormais la Chine. D’autant plus qu’elle ne vont pas se stabiliser à ce niveau, et qu’au rythme actuel (150 milliards supplémentaires en 2006), elles sont prévues croître encore jusqu’à 1500 milliards de dollars, voire plus, d’ici 2010.

Avec un tel trésor de guerre, on peut se payer quasiment ce qu’on veut, un grand nombre de sociétés internationales, un "panier" de pétrolières, de sociétés automobile, informatiques, etc. On peut se payer aussi des réserves pétrolières, comme la Chine a proposé de le faire à l’Arabie séoudite, des réserves de minerai, tout en poursuivant le développement du pays, qui est financé d’ailleurs pour une part par les investissements étrangers. Et prêter de l’argent aux autres pays du tiers monde (de préférence riches en pétrole et minerais) sans garantie. On peut calculer aussi par rapport aux besoins d’achats extérieurs du pays. Ainsi, la Chine a suffisamment d’argent pour acheter aujourd’hui, si elle le voulait, 18 mois de ses importations totales, y compris celles de pétrole.

Par contre, on ne peut laisser dormir une telle masse d’argent, et il faut donc le placer. A l’heure actuelle, il est placé à 70 % en dollars. C’est-à-dire que c’est la Chine qui soutient le dollar, qui sans cela devrait être beaucoup plus bas qu’il n’est, s’il refletait vraiment la situarion économique du pays. La Chine a donc un moyen de pression énorme sur les Etats-Unis. Mais paradoxalement, elle en est aussi prisonnière car, à supposer qu’elle commence à montrer de la défiance vis-à-vis de l’économie américaine, c’est la valeur de ses placements en dollars qui diminuerait immédiatement. Et vu les sommes concernées, cette perte de valeur deviendrait tout de suite considérable. Nous en sommes donc, dans notre monde globalisé, à un petit jeu de " je te tiens, tu me tiens par la barbichette ". C’est aussi ce qui est rassurant, en ce sens que tous les pays riches finalement ont des intêrets liés entre eux, et un intêret général global, à ce que l’économie mondiale poursuive sa marche en avant.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans les années de la hausse des prix du baril de pétrole, déclenchée initialement pour des raisons politiques (déjà la guerre au Moyent-Orient) et dont les énormes transferts de ressources au profit des pays producteurs de pétrole ont finalement été récupérés sous forme de placements dans les industries des pays riches. Ouf, me direz-vous !

Seul risque majeur : que cet "el Nino" d’argent potentiellement déstabilisant tombe entre les mains d’un leader idéologique comme Ben Laden, ou peut-être dans d’autres sans intérêt pour l’économique...


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