Quand le journaliste devient dealer de drogue

par 404 Brain Not Found
lundi 25 septembre 2006

Les journalistes sont-ils devenus des criminels en puissance ? Les services secrets le pensent, les rédactions s’y préparent.

Quand Greg Palast a commencé son reportage pour aller photographier un camp de (toujours) réfugiés de Katrina, il ne se doutait pas que ça allait l’emmener droit dans les griffes de la sécurité intérieure américaine, au nom de la défense contre le terrorisme. Quand il visite le camp, le journaliste s’étonne de voir les ex-habitants de La Nouvelle-Orléans parqués dans des logements de fortune à deux pas d’une cheminée d’une des plus grosses raffineries du pays. Il prend des photos de la chose, des 73 000 réfugiés qui sont encore là et de l’usine qui sert de décor à cette désolation urbaine (source Greg Palast, Journalism and Film ).

Mauvaise pioche : Greg Palast est maintenant accusé d’avoir mis en péril un bâtiment critique pour la sécurité nationale (qu’on peut pourtant voir tranquillement en long, en large et en travers sur GoogleMaps, Google Earth et Google Fais-moi-un-café). Malgré le procès en cours contre Greg Palastet le producteur du reportage, le segment a été diffusé sur DemocracyNow, soulignant le désoeuvrement dans les foules déplacées par Katrina (1re partie et 2e partie du reportage sur DemocracyNow !).

Alors, réelle mise en péril d’une installation critique pour la nation (une raffinerie de pétrole) ou entrave délibérée à la liberté de presse ? En tout cas, certains prennent les devants : le NewYork Observer dévoile cette semaine que les journalistes du New York Times suivent des formations sur la meilleure façon de brouiller les pistes pour protéger leurs sources des investigations de la sécurité américaine : utiliser des téléphone "jetables", des notes"effaçables",se "comporter comme un dealer de drogue" - dans le texte (source New York Observer ).Quelqu’un a dit "bienvenue en URSS" ?

On en profite pour signaler trois saines lectures sur le même sujet : d’abord, "Black List "de Kristina Borjesson qui décrit quinze exemples célèbres d’affaires dans lesquelles des journalistes ont été intimidés, menacés, mis à l’écart pour avoir voulu sortir des affaires qui n’arrangeaient personne. Ensuite, le site Project Censored (merci à Yves pour le lien) qui recense toutes ces informations qui n’ont jamais atteint la une des journaux (on se demande pourquoi) et enfin, Media Crisis de Peter Watkins, auteur de The War Game en 1966 qui imaginait, sous la forme d’un reportage d’anticipation, l’impact d’une attaque nucléaire sur la Grande-Bretagne. Histoire de comprendre que derrière les WMD, les MMAV (mass media audio visuals) sont autrement moins impressionnants mais d’autant plus puissants. Aux dernières nouvelles, Jean-Pierre Pernaut n’aurait pas encore été inquiété.


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