Que retenir du drame libanais ?
par Rachid Barnat
mardi 11 août 2020
Liban, Hezblollah, Tunisie, Frères musulmans, Ghannouchi.
Il aura fallu le drame de Beyrouth pour que la communauté internationale admette enfin ce que les libanais dénonçaient depuis octobre 2019 par des manifestations pacifiques, que le Liban vit une crise morale et politique !
L'explosion gigantesque de près de 3000 tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis 6 ans dans un port situé en ville, est le résultat de la déliquescence de l'Etat devenu otage d'une classe politique corrompue, voire mafieuse.
Ces crises politique, morale et économique que vivent les libanais depuis des décennies, et dont les premières victimes sont toujours le petit peuple ; les tunisiens sont en train de les vivre depuis que les Frères musulmans se sont accaparé tous les pouvoirs à la faveur de la fumeuse "révolution du jasmin" !
La libanisation de la Tunisie est en bonne voie. Tous les ingrédients qui ont ruiné le Liban, les Frères musulmans d'Ennahdha les ont mis en place pour qu'ils produisent leurs effets et paralysent l'Etat et ses institutions, avec pour objectif final : la fin de la République pour céder la souveraineté de la Tunisie à leurs sponsors Al Thani & Erdogan.
- L'assassinat de Chokri Belaid tout comme celui de Rafik Hariri, ne sont toujours pas élucidés. Assassinats politiques horribles, imputables aux islamistes Frères musulmans pour le premier et à Hizbollah, pour le second.
- L'immigration des palestiniens puis celle des syriens, consécutive au fumeux "printemps arabe", aggrave la situation du Liban ; tout comme les réfugiés libyens, aggrave celle de la Tunisie.
- Le recrutement massif des incompétents dans une administration publique déjà pléthorique, finit par paralyser l'Administration du Liban comme celle de la Tunisie.
- Ce recrutement de fonctionnaires, se fait en dépit du bon sens et surtout au mépris des règles de recrutements habituels que sont les concours et les diplômes requis ; puisqu'il se fait non sur la base de la compétence mais sur la base de l’allégeance de la recrue, à Ennahdha en Tunisie et aux chefs des clans libanais (chrétiens, musulmans, maronites, druzes, chiites) qui détiennent le véritable pouvoir.
- L'Etat libanais n'est plus en mesure d'assurer l'électricité et l'eau courante pour les libanais, soumis à des coupures d'eau et d'électricité régulières et de plus en plus longues ; les tunisiens commencent à avoir ce genre de problème depuis que les islamistes sont au pouvoir.
- Les Frères musulmans considèrent la Tunisie comme leur butin de guerre pour vider les caisses de l'Etat ; et les responsables libanais prennent en otage le Liban pour voler son peuple.
- Face à cette corruption devenue endémique au Liban alors qu'elle est récente en Tunisie depuis le retour de Ghannouchi de son exil doré londonien, le FMI et l'UE ne débloquent plus les aides promises tant qu'une feuille de route claire pour un projet concret, ne sont pas établis.
- La corruption est entretenue par une guerre civile larvée dans la société libanaise et par des menaces de guerre civile, brandies régulièrement par Ghannouchi.
- Et quand les pourvoyeurs de fonds demandent de la transparence, les gouvernants véreux s'abritent derrière le paravent de l'ingérence et de celui du colonialisme pour les dissuader de tout contrôle. Sauf que le peuple libanais ne tombe plus dans le panneau de ses dirigeants et demande à ces pourvoyeurs de fonds de suspendre leurs aides, de ne plus les accorder à leurs dirigeants ou du moins de les remettre à des ONG et autres associations civiles ...
Ce qu'Emmanuel Macron a enfin compris, qu'il ne faille plus verser l'aide aux gouvernants corrompus, car l'argent se volatilise très vite pour atterrir sur leurs comptes personnels !
D'ailleurs les tunisiens commencent à apprendre à leur dépens depuis l'arrivée de Ghannouchi et sa famille au pouvoir, comment les caisses de l'Etat se vident, comment les caisses de retraite se vident aussi, comment il met des entreprises nationales en faillite pour les vendre à ses amis qataris et turcs, comment habilement il les vole en souscrivant des emprunts d'Etat payables par le contribuable évidemment et comment l'argent accordé par l'UE et autres pays étrangers, disparaît dans les comptes personnels de la mafia islamiste et C° (affairistes et autres voyous sans scrupule), comme l'aide chinoise accordée à la Tunisie, s'est retrouvée sur le compte personnel de Bouchlaka, gendre de Ghannouchi quand il était ministre des Affaires Étrangères !
Il serait grand temps, devant la corruption qui se généralise et se "démocratise" en Tunisie, que les bailleurs de fonds contrôlent où va réellement leur argent et vérifient la réalité du projet pour lequel il a été consenti et sa réalisation !!
- Pour faire face à une économie exsangue, les gouvernants du Liban comme ceux de la Tunisie islamiste, recourent régulièrement à la planche à billets et multiplient les dévaluations du dinar tunisien, comme celles de la livre libanaise.
- Ce qui a pour corollaire, la baisse du niveau de vie, qui entraîne
- La paupérisation de la classe moyenne qui était nombreuse en Tunisie avant l'arrivée de Ghannouchi au pouvoir et qui faisait du Liban, la Suisse de l'Orient.
- Si la Constitution islamiste et la loi électorale sont faites par et pour les Frères musulmans d'Ennahdha pour paralyser le pouvoir exécutif ; la constitution libanaise était piégée depuis le début, puisque constitutionnellement les pouvoirs sont répartis entre les différentes communautés (président maronite, premier ministre sunnite et président de l'assemblée chiite), ce qui de facto paralyse un pays par le jeu du clientélisme ...
- Si le peuple libanais veut en finir avec le communautarisme et aspire à une identité pleinement libanaise débarrassée du joug des religions et des clans ; Ghannouchi lui cherche à diviser les tunisiens en bons et en mauvais musulmans et à raviver le clanisme et le tribalisme que Bourguiba avait tout fait pour les neutraliser afin de créer une nation unie autour de valeurs républicaines.
- Et si le Hezbollah, soutenu et financé par l'Iran, domine la scène politique libanaise depuis des décennies ; Ennahdha soutenue et financée par le Qatar, domine celle de la Tunisie depuis bientôt 10 ans. Et à travers ces deux partis, ce sont l'Iran et le Qatar qui se livrent une guerre d'hégémonie à coup de pétrodollars dans deux pays que jalousent les peuples du monde arabe pour le niveau d'instruction de leurs peuples.
Faudra-t-il aux Tunisiens un drame similaire à celui du Liban pour prendre conscience de la nocivité des islamistes d'Ennahdha ? Ils devraient prendre garde que Ghannouchi ne fasse pas de la Tunisie, un Liban-bis !
Si les libanais ont compris qu'il faut en finir avec le communautarisme et pour cela ils devraient changer de constitution ; les tunisiens, eux veulent changer de constitution et interdire les partis qui instrumentalisent la religion. Et c'est ce que propose de faire le PDL (parti destourien libre).
Blog de l'auteur : https://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.com/2020/08/que-retenir-du-drame-libanais.html