Quel avenir pour le Darfour ?

par TSAKADI Komi
mardi 19 septembre 2006

La journée internationale pour le Darfour a été célébrée dimanche dernier en vue d’accroître la mobilisation internationale en faveur des populations de Darfour. Cette manifestation organisée dans une cinquantaine de villes dans le monde dont Paris, Le Caire, New York, Moscou, Hong Kong, Dar es Salam, Kigali, Berlin, Abuja, Kuala Lumpur, Vancouver... a été marqué dans la capitale française par le lancement, les 16 et 17 septembre, d’une campagne pour sensibiliser l’opinion publique aux massacres dans cette région de l’Ouest du Soudan et exiger « l’envoi sans délai de casques bleus pour protéger les populations civiles ».

Il s’agissait d’une campagne nationale de distribution et d’envoi de cartes postales organisée par le Collectif français Urgence Darfour (présidé par Jacky Mamou, ancien président de l’ONG Médecins du monde et regroupant plus de 120 associations), appelant le président de la République à user de son influence auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour l’envoi effectif et immédiat de casques bleus au Darfour.

Plusieurs associations chrétiennes, dont l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France), le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), la Cimade et le Secours catholique-Caritas France ont aussi écrit une lettre au président français, Jacques Chirac, demandant à la France d’agir plus fermement pour le déploiement de casques bleus au Darfour, notamment en bloquant tout investissement commercial français au Soudan.

Amnesty International-France a, pour sa part, symboliquement bloqué l’entrée de l’Ambassade du Soudan à Paris le samedi 16 septembre en déployant un long drap de 100 m² aux couleurs des Nations unies ainsi qu’une banderole avec le slogan : « Darfour : des casques bleus maintenant ».

A cette mobilisation, s’ajoutent les voix de plusieurs personnalités comme les prix Nobel de la paix Desmond Tutu et Elie Wiesel, l’acteur George Clooney... appelant à agir contre le génocide en cours dans la province de Darfour.

Depuis février 2003, cette région du Soudan est ravagée par un conflit qui a entraîné la mort de 300 000 personnes. Plus de 2,5 millions de personnes ont été déplacées de force et vivent dans des camps au Soudan et au Tchad. Malgré la signature d’un accord de paix en mai 2006 et la présence d’une force de maintien de la paix de l’Union africaine, la situation se dégrade de jour en jour selon les humanitaires.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, le 31 août dernier, la résolution 1706 approuvant un renforcement de la mission de l’ONU au Soudan avec le déploiement d’une force onusienne au Darfour, chargée de relayer la mission africaine, qui s’est révélée incapable de protéger les populations civiles menacées de cette région.

Mais le Soudan, dirigé par une minorité arabophone, refuse de permettre le déploiement de casques bleus des Nations unies dans cette province, et la Communauté internationale semble se résigner.

Va-t-on s’en tenir là et ne rien faire, au risque de laisser se commettre le premier génocide du XXIe siècle ?

Et pourtant, les Nations unies ont nommé, en 2004, un conseiller spécial pour la prévention du génocide en la personne de M. Juan Mendez, chargé de communiquer au secrétaire général des Nations unies les situations comme au Darfour qui risquent de dégénérer en génocide si des mesures urgentes ne sont pas prises.

La communauté internationale va-t-elle se donner les moyens d’éviter ce génocide et "rétablir son honneur" après les massacres au Rwanda en 1994, lorsque des centaines de milliers de personnes ont été tuées, comme l’a noté Elie Weisel ?

Rien n’est moins sûr. Les pays occidentaux, engagés sur plusieurs fronts, comme les Etats-Unis en Irak, la France en Afghanistan, en Côte d’ivoire, au Liban... accepteront-ils d’envoyer et de financer des troupes dans le cadre d’une énième OMP (Opération de maintien de la paix) pour prévenir un nouveau génocide en Afrique, après celui du Rwanda ?



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