RD Congo – 16 janvier : Laurent-Désiré Kabila et un patriotisme en question

par MUSAVULI
samedi 16 janvier 2016

Le 16 janvier est un jour particulier en République Démocratique du Congo. C’est le jour où le président Laurent-Désiré Kabila a été assassiné dans son palais présidentiel, à Kinshasa, en 2001. Un mausolée à Kinshasa et des statues ont été construits à travers le pays. Pour le régime actuel (Joseph Kabila), Laurent-Désiré Kabila est le père du patriotisme congolais dans la ligné de Patrice Lumumba. Il est honnête de reconnaître l’esprit patriotique de l’homme, mais ses erreurs politiques doivent être rappelées pour la progéniture.

 

Le patriote de Lumumba

Le petit Laurent-Désiré Kabila vient au monde un jour indéterminé[1] entre le 27 novembre 1939 et le 27 novembre 1941 à Jadotville (l'actuelle ville de Likasi), en province du Haut-Katanga. Il est de père Lubakat et de mère Lunda. Il accomplit ses études secondaires à l'institut Saint-Boniface d'Élisabethville, l’actuelle ville de Lubumbashi, capitale économique du Congo. Il entre rapidement dans les luttes de Lumumba pour l’indépendance, mais va subir la désillusion de l’après-indépendance avec la sécession katangaise. Il est rapidement identifié par Jason Sendwe, chef de des Balubakat qui luttait pour briser la sécession katangaise que des puissances occidentales orchestraient derrière la Belgique et la puissante Union minière du Haut-Katanga.

Laurent-Désiré Kabila crée, en 1963, le Comité national de libération (C.N.L.), formation politique et militaire qui revendique l’héritage de Patrice Lumumba, assassiné deux ans auparavant. Il rencontrera dans ses maquis au Kivu Ernesto Che Guevara, l’emblème des luttes sud-américaines contre le capitalisme occidental, en pleine période de la Guerre froide. Mais les luttes de Kabila n’aboutirent pas.

La marionnette de Kagame et Museveni

Il finit son parcours en Tanzanie en tant que « commerçants ordinaire ». Le Zaire/Congo tombe entre les mains du capitalisme occidental avec en chef d’orchestre Mobutu Sese Seko, l’ennemi juré de Kabila qu’il rencontrera pour la première fois sur le navire sud-africain Outeniqua, le 4 mai 1997. Kabila sort soudainement de l'ombre en septembre 1996 où il devient tête d’affiche du mouvement, l’AFDL, qui mènera à la chute du président Mobutu. Il rentre dans l’histoire le 17 mai 1997 lorsqu’il se proclame « Président de la République Démocratique du Congo » dans une déclaration depuis Lubumbashi[2]. Mais les Congolais découvrent rapidement que le Mzee (surnom de déférence chez les personnes d’expression swahili) n’était pas le maître des enjeux. La guerre contre Mobutu était avant tout une entreprise de l’administration Clinton, et des président Museveni (Ouganda) et Kagame (Rwanda) toujours en vie. Les Congolais sont scandalisés en découvrant la composition de l’Etat-major de leur armée nationale à la tête de laquelle va apparaître le général rwandais James Kabarebe (toujours en vie), l’actuel ministre rwandais de la Défense. Depuis, le pays semble avoir été plongé dans une sorte d’occupation rwando-ougandaise dont l’ouverture des portes fut accordée par Laurent-Désiré Kabila en personne. Affaire à suivre.

Un héritage catastrophique

Le principal héritier politique de Laurent-Désiré Kabila est évidemment le président actuel, Joseph Kabila. La situation dans laquelle se trouve le Congo peut être considéré comme l’aboutissement des luttes d’un homme qui n’ont pas abouti. Le Congo, vingt ans après la « Guerre de l’AFDL » est toujours un des pays les plus pauvres du monde, selon les classements du PNUD, le programme des Nation-Unies pour le développement. En gros, si un homme a mené des luttes politiques et militaires depuis les années 1960, et que son peuple se retrouve, 56 ans plus tard, dans le lont des populations les plus pauvres du monde, c’est que les pauvres se sont lourdement trompés de leader.

Le Congo est toujours classé dans les rangs des pays les plus pauvres du monde et qui vivent en dessous du seuil de pauvreté[3]. Longtemps après les promesses répandues dans les guerres de Kabila, des engagements tardèrent à être pris. Les « cinq chantiers » promis par Joseph Kabila, son principal successeur politique, étaient supposés produire des résultats sur la pauvreté dès l’horizon 2011.

En tout cas, d’autres leaders, Vladimir Poutine, Charles de Gaulles, Evo Morales, Mao Tsé-toung, Hugo et même Barack Obama ont obtenu des résultats visibles sur leurs populations en quelques années qu’ils ont eu à paraître au clair du soleil. Les Congolais ne se sont-ils pas trompée sur LD Kabila ? A Suivre… 

Boniface MUSAVULI

 

 

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent-D%C3%A9sir%C3%A9_Kabila

[2] http://www1.rfi.fr/actufr/articles/079/article_44913.asp

[3] Rapport du PNUD sur le développement humain 2013, p. 172. Cf. http://hdr.undp.org. Dans le rapport 2015, le Congo se place à la 176ème place. Cf. http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/COD


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