RD Congo : Valérie Trierweiler ou la voix audible des femmes violées du Congo

par MUSAVULI
vendredi 31 mai 2013

Les femmes du Congo, victimes emblématiques de la guerre qui dévaste le pays depuis deux décennies, ont peut-être trouvé une voix audible, qui leur faisait tant défaut, pour faire entendre leur martyre dans les hautes instances de la « communauté internationale », en la personne de Valérie Trierweiler, compagne du Président Hollande et Première dame de France.

Dénoncer l’inaction

En effectuant le déplacement de Genève, pour plaider la cause des femmes congolaises victimes de viols, Valérie Trierweiler ne met pas fin, évidemment, à la tragédie des femmes de l’Est du Congo, mais s’engage sur une cause qui, étonnamment, tarde à éveiller la conscience des femmes hauts placées à travers le monde.

Car la femme congolaise est avant tout une femme ; une femme avant de se voir affectée à une identité nationale, une région du monde, un groupe ethnique. Son calvaire qui prend des proportions catastrophiques, s’inscrit malgré tout dans la logique des prédations sexuelles qui terrifient les femmes partout au monde et révulsent nos sociétés d’un bout à l’autre de la planète.

Proposer

Intervenant en tant qu’ambassadrice de la Fondation France-Liberté[1] (Danielle Mitterrand), jeudi 30 mai, à la 23ème session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, Valérie Trierweiler a réclamé que soit adoptée dès septembre prochain une résolution « pour mettre fin à l'impunité ». Elle a saisi l’occasion pour rappeler que « plus de 500.000 femmes ont été violées » durant les deux décennies du conflit du Congo[2].

Elle s’était déjà illustrée, sur la cause de la femme congolaise, en signant en décembre 2012 la tribune du Président Chirac[3] dénonçant les exactions contre la population dans l’Est du Congo par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda et l’Ouganda.

Durant les dix jours de l’occupation de Goma, fin novembre 2012, les rebelles du M23 avaient violé 59 femmes selon un rapport de l’ONU[4]. Les auteurs de ces viols sont toujours en liberté tandis que leurs victimes continuent de vivre à la fois dans la terreur face aux menaces du M23 et dans le dépit devant le règne de l’impunité qui fait le lit des violences endémiques contre la population.

Aller plus loin

Il faut toutefois admettre que pour venir à bout de la tragédie des femmes du Congo, qui passe par l’arrêt de la guerre de pillage et de massacre que mènent au Congo le Rwanda et l’Ouganda, par groupes armés interposés, il faut impliquer plus activement les grandes puissances. L’engagement d’une femme, première dame soit-elle, ne suffira pas. Ce sont les Etats qui détiennent la clé de sortie, en particulier, les grandes puissances.

Malheureusement, pour le moment, les grandes puissances occidentales semblent s’en tenir au laissez-faire. Pour des raisons essentiellement d’ordre économique. La nécessité d’un approvisionnement en quantité des minerais rares en provenance de l’Est du Congo, indispensables à la santé financière des multinationales de l’électronique (téléphones portables), continue de servir de chape de plomb et de maintenir dans l’inaction bien des décideurs politiques occidentaux, pourtant entreprenants sur d’autres dossiers (ex. Syrie).

Ainsi l’engagement de Madame Trierweiler et ses initiatives en faveur des victimes sont objectivement louables et apportent utilement du baume au cœur de bien des femmes désespérées dans l’Est du Congo. Ils doivent cependant être amplifiés et relayés par les décideurs politiques, notamment le Chef de l’Etat, qui se trouvent implicitement interpellés pour leur inaction par l’activisme de la Première dame de France.

Boniface MUSAVULI



[1] http://www.france-libertes.org/Le-Conseil-des-Droits-de-l-Homme.html#.UahCOZxj69E

[2] « La RDC, capitale mondiale du viol », Margot Wallström (http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/04/28/97001-20100428FILWWW00341-la-rd-congo-capitale-mondiale-du-viol.php)

[3] http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/12/25/au-kivu-on-viole-et-massacre-dans-le-silence_1810191_3232.html

[4] Rapport sur : http://monusco.unmissions.org/LinkClick.aspx?fileticket=WRSm-gXXL88%3d&tabid=11192&language=en-US ; Page 13.

 


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