Reddition de Saïf al-Islam : la CPI ira-t-elle au bout de sa logique ?

par Abdoulaye Jamil Diallo
vendredi 4 novembre 2011

Le procureur de la Cour pénale internationale, a récemment annoncé, devant le Conseil de sécurité de l'Onu, qu'il était disposé à aider Saïf el-Islam Kadhafi à se rendre à la juridiction internationale, lui promettant même de ne pas - au cas où il serait acquitté - le renvoyer en Libye. Dans ses déclarations, devant le Conseil de sécurité, Luis Moreno-Ocampo a également souligné qu'il ouvrirait des enquêtes sur les exactions commises et par le CNT et par l'Otan. Mais le magistrat de la Justice internationale ira-t-il vraiment jusqu'au bout de sa logique ?

Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé, mercredi 2 novembre, devant le Conseil de sécurité, ses craintes de voir Seïf al-Islam échapper à la justice. Il pourrait ainsi, nous apprend-il , s'enfuir vers un pays voisin ; ce qui lui permettra – à ses dires – de recruter des mercenaires. Car Kadhafi junior – nous apprend-il – disposerait « d'argent liquide et d'or », même s'il ne peut faire usage des « cinquante millions de dollars » de comptes londoniens « identifiés » – toujours d'après le magistrat - comme lui appartenant ; des comptes qu'ils ont pris le soin de geler.

Le procureur annonce, d'autre part, un possible transfèrement de Kadhafi junior et – tenez-vous bien - « en toute sécurité (sic)à la Cour pénale où il sera dans une cellule à La Haye, avec un avocat, et la garantie que ses droits seront respectés ». Accusé d'avoir orchestré « une campagne de meurtres et de persécutions contre les opposants libyens », le magistrat promet au fils de Kadhafi qu'en cas d'acquittement, il pourrait être envisagé de ne pas le renvoyer en Libye.

Le magistrat de la CPI ne s'arrête pas là ! Il serait même – selon ses déclarations au Conseil de sécurité – déterminé à enquêter – ce n'est pas peu lui demander ! - sur les exactions et « les accusations de crime » dont font l'objet le CNT et l'Otan.

Luis Moreno-Ocampo ira-t-il jusqu'au bout de sa logique ? Ouvrira-t-il aussi une enquête sur le massacre sanglant des 85 civils du village de Majer, à une douzaine de kilomètres au Sud de Zliten ? Des civils, dont 33 enfants, 32 femmes et 20 hommes issus de 12 familles, furent bombardés une nuit d'août, froidement assassinés sous le simple prétexte qu'ils faisaient l'objet d'accusations de soutien aux forces loyalistes.

Le procureur de la Cour pénale internationale ouvrira-t-il des enquêtes sur toutes les exactions et les crimes commis par l'Otan et leur protégés, dont les 40 civils massacrés lors de la prise de Tripoli ?

Ou voudrait-on simplement se jouer de la communauté internationale en nous faisant croire, encore une fois, en un semblant de justice internationale, libre, qui n'est, en réalité, qu'un leurre que les âmes averties interpréteraient plutôt par un : « Silence ! On sévit ! » ?

Abdoulaye Jamil Diallo


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