Résistance armée en Iran

par Jahanshah Rashidian
vendredi 15 octobre 2010

Puisque l’oppresseur existe, le peuple opprimé a le droit de prendre l’arme contre son oppresseur. La lutte armée s’impose lorsque aucune solution pacifique n’aboutit à grand-chose. Dans ce cas, la résistance armée contre la force d’occupation ou le régime totalitaire est un légitime moyen de se défendre.

La révolution chinoise et cubaine en ont mis l’accent sur le rôle des mouvements armés dans le « Tiers Monde ». La victoire armée de guérilla cubaine sur la dictature de Batista a été aussi un bouleversement des vieux dogmes concernant la conduite des masses populaires de l’Amérique latine. Elle a démontré de façon tangible que par la guérilla un peuple peut se libérer d’un gouvernement qui l’opprime.

Che Guevara analyse la lutte armée cubaine en trois points capitaux qui dans le dispositif des mouvements révolutionnaires en Amérique, ce qui encourage des mouvements populaires du Tiers Monde à penser d’autres stratégies libératrices :

1- Les mouvements populaires peuvent conquérir une guerre contre l’armée régulière du régime totalitaire ou la force d’occupation.

2- Il ne faut pas forcement attendre que toutes les conditions soient réunies pour prendre l’arme ; le foyer insurrectionnel peut les faire surgir.

3- Dans l’Amérique sous-développée, le terrain fondamental de la lutte armée doit être la campagne.

La victoire de la révolution chinoise et cubaine a aussi influencé des luttes libératrices dans le monde entier. En Amérique latine la victoire militaire des sandinistes « Frente Sandinista » met fin au régime dictatorial de Somoziste. En Vietnam, l’armée nationale du nord avec l’appui de la guérilla du sud libère le pays de l’armée française et puis de l’influence Américaine. En Palestine, un mouvement armé (Fatah) émerge contre l’occupation Sioniste, en Afrique des mouvements armés se lancent dans leurs combats de libération. La guérilla du F.L.N en Algérie pouvait libérer leur pays du joug colonial de la France. Sa lutte armée provoqua un choc psychologique qui a libéré les algériens de leur torpeur, de la peur, de leur scepticisme, ce sont cette lutte-là qui garantisse la victoire du peuple algérien sur les colonisateurs français.

La lutte armée en soi n’est pas une résurgence idéologique, d’un thème anti-européen ou anti-américain, l’Amérique elle-même devait acquérir son indépendance par un conflit armé contre le pouvoir colonial de l’époque, L’Angleterre. L’Europe devait faire recours à la guérilla contre l’occupation de l’Allemagne nazi.

En Iran, les Guérilleros des Fédains du Peuple d’Iran prennent  l’arme contre la dictature du Shah. Le 08.02.1971, l’épopée de Siahkal est marquée le début de la lutte armée en Iran. Siahkal est une petite ville au nord de l’Iran dont le poste de gendarmerie fut attaqué et désarmé par un groupe de Fédains. Par cette action, le mouvement armé est né en Iran contre l’inactivité des paris politiques y compris le parti Toudeh, prosoviétiques, qui plus tard sous la commande du Big Brother collabora avec le régime islamique. Le  but stratégique et tactique de la lutte armée en Iran est analysé par l’organisation des Fédains du Peuple Iranien :

1- briser la passivité ou l’attentisme qui était le résultat d’années d’inaction sous le régime du Shah.

2- encourager le peuple, le grand moteur, à suivre le petit moteur, la guérilla

En 1980 une partie du mouvement de Fédains, majorité, finalement devient un débris du parti Toudeh en collaborant avec le régime barbare des mollahs — ce qui d’ailleurs renforce mon argument qu’un mouvement politique influencé par l’idéologie peut toujours dérailler de son chemin initial et des idéaux du peuple. 

La lutte armée s’inscrira contre l’inactivité politique dans les pays occupés ou dirigés par un régime totalitaire où les pseudo-révolutionnaires excusent leur inaction en prétendant qu’il n’y a rien à tenter contre le pouvoir. Ils attendent en veine de trouver réunies d’une façon mécanique toutes les conditions objectives et subjectives, sans se préoccuper de les accélérer. Bien entendu ces conditions-là sont indéniablement importantes mais elles seraient autrefois discutées lorsque le pays n’est plus occupé ou dirigé par les agresseurs. Naturellement la lutte armée n’est pas la seule impulsion, son appareil politique doit propager toutes ces conditions nécessaires à la révolution libératrice. La guérilla est donc nécessaire de démontrer au peuple l’impossibilité de maintenir la lutte libératrice dans le cadre du pouvoir agresseur.

Lorsqu’une guérilla forte existe, le mécontentement populaire s’exprimera de plus en plus fermement ; et le moment arrivera où la résistance se cristallisera dans les attitudes revendicatrices. Ce n n’est pas seulement les oppresseurs qui imposent la lutte populaire mais plus particulièrement ce sont les embryons de la guérilla qui psychologiquement encouragent le peuple dans leurs luttes de toute forme. Le germe de la guérilla peut éclore car le régime en place est illégitime même si certaines possibilités de la lutte légale n’ont pas été épuisées.  Que qu’il en soit les tactiques « réformistes » ou apaisantes du régime, l’appareil politique de la guérilla doit informer le peuple qu’un tel régime par sa nature totalitaire et agressive n’a aucune légalité constitutionnelle à maintenir son règne.

Le troisième apport de la révolution en Chine et Cuba est d’ordre stratégique mise sur l’immense participation de la paysannerie dans la de lutte de la guérilla, ce qui était loin d’être réalisé dans un pays comme l’Iran où les paysans sont plutôt attachés à la tradition islamique qu’aux idées, considérées, athéistes de la guérilla des types Fédains du peuple Iranien, un mouvement Marxiste- Léniniste. Si la mobilisation paysanne a fonctionné en Chine et d’autres pays sous-développés d’Amérique latine, elle n’a pas l’apparence d’être assez efficace en Iran où les mouvements de gauche puissent compter sur la mobilisation de paysannerie.

À mon avis, la thèse Maoïste d’encerclement les villes par les compagnes et les relations  de ville-campagne n’est plus valable en Iran pour deux raisons principale :

1- Les paysans sont trop influencés par leur religion islamique, la religion d’État, qui les consciemment empêche de joindre une guérilla de « non croyants ».

2- La couche plus consciente de la compagne ne croit plus aux résultats positifs du communisme en Chine, Cuba ou ailleurs.

Pour certaines régions comme Kurdistan, la situation à la campagne n’est pas aussi difficile car les habitants sont traditionnellement appuyés et encouragés par les mouvements armés  de gauche mais la situation n’est pas pareil partout en Iran. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas de sous-estimer les luttes des masses paysannes dans les conditions propices. Les combattants qui accompagnent le mouvement  de gauche habituellement sont des habitants des villes. Les combattants de ville doivent alors devenir clandestins car affronter le régime brutal sans un lieu de refuge augmentera le risque de perte. Pour eux, la campagne peu devenir un lieu de refuge, ce qui a été toujours le ca sen Kurdistan.

En gros, dès maintenant, les conclusions tirées de l’expérience révolutionnaire chinoise et cubaine constituent des apports fondamentaux mais pas adaptifs à la situation de la lutte armée contre le régime islamique en Iran. Cela ne veut pas dire la guerre de guérilla en Iran avant et après la révolution de 1979 s’est éloignée de la base populaire urbaine mais qu’elle présentait des caractéristiques, des facettes trop marquée par l’idéologie.

À mon avis, la lutte armée doit présenter un aspect indépendant, libérateur et sauveteur, pas idéologique surtout que les iraniens ont gouté l’amertume des régimes dictatoriaux. Le mouvement doit recruter ces combattants parmi tous ceux qui veulent libérer le pays du joug de la dictature des mollahs. Il s’agit très particulièrement les intellectuels des couches moyennes de la société qui sont plus touchés par l’islam politique et la manque de liberté individuelle. Ce sont ces gens-là qu’aujourd’hui s’expriment de la même volonté de libération que les combattants de la révolution chinoise et cubaine l’exprimaient  il y a deux générations.

La lutte contre le régime totalitaire islamique peut avoir une très grande diversité de formes et moyens. La lutte armée consiste une de ces formes efficaces surtout dans une période où toute activité politique est brutalement opprimée. Cet article, en analysant la lutte armée, n’ignore pas d’autres formes de lutte dont la lutte non-violente à la Gandhi mérite réflexion. Le mouvement armé est une phase de la revendication légitime qui peut encourager les masses dans leur diverse forme de luttes

Il est bien évident, le mouvement armé dans un pays occupé par une poignée des mollahs répond à une série déterminée de lois objectives et que quiconque les transgresse est voué à l’échec. Il doit être régi par toutes ses lois qui ont été expérimentées ailleurs ; mais par son aspect général, il comporte en outre des lois annexes auxquelles il faut se plier. Les conditions géographiques, historiques, niveaux culturelles  et sociales de chaque pays déterminent évidemment les formes particulières qu’y adoptera la lutte.

En Iran, l’on doit trouver les bases sur lesquelles s’appuie son propre type de lutte armée, avec les règles proposées par les peuples qui cherchent leur libération, de transformer la pratique en réponse des revendications du peuple et de structurer et généraliser cette expérience à l’usage de l’encouragement du peuple face à l’atrocité du régime islamique. Il faut tout d’abord recruter ceux qui sont les combattants courageux, conscients, et patriotiques. Pour moi, les étudiants, les femmes, les jeunes intellectuels ont la priorité.

Des petits groupes armés se forment en tant que les avant-gardes combattantes du peuple ; leur force réside dans le soutien de la population. Il ne faut pas sous-estimer la guérilla comme inférieure, bien que leurs nombres et sa puissance militaire soient inférieure à l’armée du régime, ils comptent alors sur l’appui de la population. C’est seulement dans une telle condition qu’il faut recourir à la lutte armée, sans l’appui de la population la lutte armée reste dans les noyaux de guérilla et elle est née morte.

Il est important de répéter et imprégner dans la conscience du peuple que la guerre de guérilla est une lutte de masses, une lutte du peuple pour les causes tangibles sans derrières pensées idéologiques. Elle cherche à libérer le pays pour que le peuple puisse librement et sous les yeux des inspecteurs internationaux choisissent leurs prochain gouvernent. La guérilla ne remplacera pas l’État renversé mais ouvrera la voie pour une démocratie inconditionnelle  et un choix libre du peuple.

L’appui du peuple est une condition sine qua non. Cela parait évident lorsqu’on croit à la cinérite de la guérilla dans leur but final. L’exemple des mouvements armés des années précédentes ont laissé des traces sombres dans notre mémoire collective. Il leur manquait l’appui du peuple, même malgré leurs courage, ils ne représentaient pas les revendications immédiates et tangibles du peuple et par conséquent le peuple ne les a pas suivi.

Parmi ces mouvements, l’Organisation des Mojahedines du Peuple Iranien représente pour un grand nombre d’iraniens comme une secte de l’islam politique qui cherche à remplacer le régime islamique à n’importe quel prix. Un autre mouvement populaire, la Guérilla des Fédains du Peuple iranien, très divisé, dont une grande partie, majorité, a adhéré le camp du régime et a collaboré avec le régime pendant les premières années de la répression du régime. Bien que leurs chuchotements n’aient pas été long temps entendus par les mollahs, leur idéologie les pousse toujours vers les « réformistes » du régime.

À mon avis toute forme de lutte est légitime quant à un mouvement armé, il doit être fortement gratifié et justifié par le peuple entier. Il doit être en contact organique avec le peuple en transmettant les inspirations libératrices du peuple et non pas leurs propres appartenances idéologiques.


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