Ron Paul, un président de rêv...olution

par lisca
mardi 18 mars 2008

La révolution Ron Paul représente un immense espoir pour la jeunesse américaine et européenne, de même que pour les populations des pays actuellement occupés militairement par les Etats-Unis.

La politique américaine a-t-elle des chances de changer ?

Nous, qui ne sommes pas Américains, qui connaissons à des degrés divers la dent dure du néocon, ici ou là dans le monde, jetons un regard un peu las, résigné peut-être. C’est vrai : tout empire finit bien un jour par disparaître, même après des siècles ou des millénaires. Le nouvel ordre mondial n’y échappera pas, de cela au moins nous sommes certains.

Mais voilà, est-il concevable qu’il s’effondre dans un avenir proche, voire très proche, mettons, allez... cette année 2008 ? Farfelu, non ? Et pourtant...

Point besoin d’être prophète ni économiste pour s’apercevoir que nous sommes à la veille d’un bouleversement idéologique, économique, planétaire. Un tour de roue (une révolution) se prépare. Quelque chose bouge aux Etats-Unis, en ce moment. Une chance ténue mais réelle est offerte de transformer le monde sans pour autant verser le sang, s’enfoncer dans une de ces grandes guerres meurtrières qui n’ont cessé d’épuiser le continent européen, de l’Atlantique à l’Oural, au XXe siècle. Un espoir, un ras-le-bol transformé en raz-de-marée populaire balaie le ronron quotidien des gros chats fourrés de l’establishment. Les mondialistes en conçoivent de l’inquiétude et préfèrent tenir profil bas car ils voient bien l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête ; une épée qui s’alourdit de jour en jour. Ce danger porte un nom : Ronald Ernest Paul, plus connu sous l’abréviation, partout placardée, de Ron Paul.

Bien que presque aucun grand média ne parle de sa candidature à la présidence des Etats-Unis, il se trouve actuellement bel et bien en concurrence avec Mme Clinton (1), M. Obama (2) et M. McCain pour le poste. (3) Les primaires désignant l’unique candidat de chacun des 2 grands partis n’auront lieu que cet été. En attendant, il précise ses positions contre McCain, comptant sur une réelle base populaire et le vote des délégués des candidats retirés de la course aussi bien que de ses propres délégués, pour devenir l’élu républicain.

L’enjeu de ces élections est important : McCain est pro-guerre d’ingérence : Irak, Afghanistan, Colombie même peut-être... et à 100 %. Soutenu par le complexe militaro-industriel, il s’engage sur une « guerre de cent ans ». Un danger d’affrontement ultérieur avec la Russie ou la Chine se profile à l’horizon, bien qu’il semble que les Etats-Unis n’aient plus les moyens de telles guerres apocalyptiques. Les antécédents de McCain d’ancien combattant torturé au Vietnam constituent son meilleur atout.

Le candidat du Parti démocrate, quel qu’il soit, quoi qu’il dise, est lui aussi pro-guerre (15), car appuyé par le même complexe militaro-industriel (11), encore que moins ouvertement.

Il convient de signaler Ralph Nader dit « candidat des consommateurs », anti-guerre (4) parmi les candidats indépendants qui se sont présentés récemment en marge des deux grands partis. Mais aucun indépendant n’a encore jamais gagné la présidence dans toute l’histoire des Etats-Unis.

Ron Paul est le seul des candidats dans l’alternative bipartite qui soit totalement anti-guerre, sauf défensive. Le Dr Paul a, dès le début, critiqué très fermement l’intervention américaine en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak. Il s’y est opposé dans divers discours sans langue de bois au Congrès. (5)

Qui est donc ce Ron Paul ? (16)

Ce vieux monsieur raffiné, cultivé, irréprochable et incorruptible est de son métier gynécologue. Élu républicain à la Chambre des représentants du Congrès au Texas, il est issu du Parti libertarien, adepte des théories économiques de l’école autrichienne (13).

Eh bien direz-vous, en quoi tout cela nous concerne-t-il, nous les habitants de la zone France ?

Cela nous concerne forcément, étant donné la situation d’assujettissement de ladite « Union européenne » au gouvernement américain, et la soumission de N. Sarkozy, qu’on suppose président de la République française, à l’UE. Les Français en Afghanistan, les Britanniques en Irak ont versé l’impôt du sang, pour des guerres pétrolières. Tony Blair, son job de Premier ministre terminé, en a été récompensé par des millions de dollars en sinécures (JP Morgan, Zurich Financial) et en conférences payantes (14).

Survolons la vision de l’Europe (le continent historique et géographique) du Dr Paul.

Le Dr Paul veut se rapprocher de la Russie, qu’il estime injustement traitée par le système pervers qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Il s’oppose aux bases militaires américaines sur le territoire européen, et à tout interventionnisme. Enfin l’UE, bureaucratique, bancaire, autoritaire et centralisée, est pour lui l’exemple même à ne pas suivre : "Comme l’Union européenne, une Union nord-américaine représenterait un pas de plus vers l’abolition de notre souveraineté nationale." (18)

Le principe de base de notre candidat libertarien est simple : le président s’appuie, en tout, sur la Constitution des Pères Fondateurs (Jefferson). Il est une sorte d’arbitre et de régulateur, laissant le peuple américain garder au maximum la direction de son destin et de sa vie quotidienne, via toutes sortes de garde-fous prévus dans la Constitution originelle pour éviter la dictature d’un homme ou d’une oligarchie. Il demeure le chef des Armées, dans le meilleur intérêt des Américains et ne livre de guerre que défensive, avec leur permission préalable.

Ron Paul bat deux records, celui de la plus importante levée de fonds en 2007 (17) en une seule journée de novembre (6 millions de dollars) et celui d’être le premier candidat uniquement financé par des donateurs individuels. Pourtant, lorsqu’il a battu ce record historique (dépassant John Kerry en 2004), personne dans les grands médias français, n’en a parlé. Seuls Agoravox et son groupe de soutien parisien (6) nous ont instruits en français de cet événement majeur. Depuis lors, Le Figaro (7) et Le Monde (8) se sont fendus d’un article sur Ron Paul.

Que le Dr Paul soit élu « démocratiquement » par l’ensemble des Américains avec le système électoral actuel (machines de Diebold et autres procédés rien moins que fiables) paraît une perspective éloignée sinon irréaliste, quoiqu’il reste une chance avec le système des délégués républicains libres de reporter leur vote sur un autre candidat, une fois le leur hors course, et le grand meeting d’un million de paulistes (paulites en anglais) prévu en juin.

Si le Dr Paul arrivait au pouvoir, ce pourrait être d’une autre façon, dépendant par exemple des manifestations brutales de la crise économique gravissime qui menace l’économie américaine. Les spéculations sont ouvertes et il faudra tôt ou tard compter avec ce candidat. Etant donné le chiffre astronomique de la dette américaine, on peut tout imaginer.

Le respect des principes fondateurs de la Constitution américaine signifie l’arrêt net de la politique d’ingérence, donc le retour aux Etats-Unis de TOUTES les troupes américaines dispersées aujourd’hui à travers le monde, et surtout l’abolition de tout soutien militaire ou financier à quelque nation ou quelque groupe que ce soit. Sans exception. Pour Ron Paul, les Etats-Unis n’ont pas vocation à devenir le gendarme du monde, et c’est précisément en cela qu’il devient populaire dans son pays et qu’il nous intéresse.

Un autre de ses chevaux de bataille concerne les lobbies. Il veut les affaiblir, voire les éradiquer. Il considère en effet que ceux-ci ont pris trop de pouvoir dont notamment celui de battre monnaie. Ainsi propose-t-il d’abolir la Federal Reserve Bank, contrôlée non par l’État fédéral, comme son nom voudrait le faire croire, mais par des intérêts particuliers (9).

Vu de chez nous les Européens, forcés comme du bétail dans un empire à barbelés contrôlé par une oligarchie de banquiers et de lobbies, un empire incertain que nous avions rejeté par référendum, cela laisse rêveur. Un espoir ?

L’une des idées-clés du Dr Paul, c’est de mettre en place un État petit, se mêlant le moins possible de la vie privée des citoyens (tout le contraire de l’UE). Par exemple, il considère que l’éducation des enfants relève du choix et de la responsabilité des parents.

La campagne Ron Paul a pris dès le début un tour original, les militants ayant suppléé par la créativité et l’enthousiasme juvénile à la subtilité, l’apparente timidité et l’âge du candidat. Confection de matériel de campagne, présence importante aux meetings, activité effrénée sur internet soutiennent activement les idées et la personne de RP. A titre d’exemple, la dernière vidéo de la chanteuse Aimée Allen, inspirée par le candidat et sa « révolution » a été un « hit » instantané à peine diffusée. (10) Il a beaucoup d’amis chez les jeunes professionnels dans la trentaine, appauvris ou mis au chômage par la mondialisation (informaticiens, ingénieurs, économistes, architectes...) et chez les entrepreneurs et tous ceux qui se sentent devenir des étrangers dans leur propre pays. Là bas aux Etats-Unis, on y croit, à la "Révolution Ron Paul ". Dans le mot REVOLUTION, il y a EVOL, soit LOVE à l’envers. Aimer, tout un programme... qui changerait le monde de l’hostilité devenue systématique dans les relations internationales. D’ailleurs, les Etats-Unis n’ont pas le choix. L’empire s’effondre financièrement pour raison de dette incommensurable. N’importe quel candidat précité autre que Ron Paul ou Ralph Nader est un pantin de fait des lobbies. Si ces lobbies restent au pouvoir, les Etats-Unis deviendront un cauchemar orwellien, et l’Union européenne, dont l’euro dépend du dollar et la défense de l’Otan, encore plus.

Une 2e, une 3e (après l’UE) Union soviétique à la sauce mondialisée ?

Est-ce un rêve d’imaginer un jour les Etats-Unis devenir une nation normale, expurgée de l’Otan, du CFCR, de la CIA, de l’ONU, du NAFTA, et nous débarrassant par la même occasion du TPI, des ONG stipendiées, de meurtres et de crimes innombrables, de bombes et menaces de plus en plus effrayantes, de la montée en puissance de lobbies fortunés toujours plus sûrs d’eux-mêmes ? Une Amérique qui s’occuperait de ses oignons ?

Les supporteurs américains de Ron Paul se voient déjà retrouver leurs racines mythifiées : leur optimisme et leur esprit d’entreprise légendaires, ils se voient défendre leurs frontières et leurs intérêts de peuple cohérent, construire, inventer, gagner de l’argent, élever leurs enfants, décider par eux-mêmes, penser ce qui leur chante et exprimer ce qui leur passe par la tête... la vie, quoi. La liberté, concept oublié en Occident depuis... je n’en ai même pas le souvenir.

Et, pour nous, les esclaves programmés UE du nouvel « ordre » mondialisé, une aube inconnue pointerait son nez frisquet, mais prometteur avec l’avènement de Ron Paul. Il nous faudrait prendre en main notre destin d’Européens, secouer la mainmise de la bureaucratie, récupérer nos richesses et notre souveraineté, affronter le monde extérieur qui, recherchant son propre intérêt, ne nous veut pas spécialement de bien, et le reconnaître comme tel. La liberté est à ce prix.

RÉFÉRENCES

1. article d’Agoravox sur Hillary Clinton du mercredi 28/11/2007 par drzz

2. article de Wikipedia sur Obama

3. article d’Agoravox sur McCain du 5/02/2008 par Paul

4. article d’Agoravox sur Ralph Nader du 16/07/2007 par Carlo Revelli

5. interventions de Ron Paul au Congrès sur internet

6. blog de soutien en français

7. un article du Figaro par par Julie Connan le 1 février 2008 Extrait : (...) Ron Paul est un candidat atypique, libertarien mais qui concourt sous l’étiquette du Grand Old Party, opposé à la guerre en Irak, contre l’avortement, mais pas opposé au mariage gay et à la dépénalisation de la marijuana. C’est un exégète de la Constitution favorable au port des armes et à la suppression de la Réserve fédérale.

8. un article du Monde du 8 janvier 2008. Par Corine Lesnes. Extrait : Parti de rien, le candidat Ron Paul suscite l’engouement d’une partie de la base conservatrice. Il ne s’agit pas des évangéliques mais de la frange « libertarienne » du parti, celle qui est en pleine rébellion contre l’Etat fédéral. Gynécologue, texan, élu à la Chambre des représentants depuis 1976, il a été surnommé le « docteur Non », à l’image de son programme : non à l’impôt sur le revenu, non au ministère de l’Education, non aux troupes américaines en Irak ou ailleurs. Le Dr Paul est pour le retrait des Etats-Unis de l’ONU, du FMI, de l’Otan. Il n’hésite pas à s’attaquer aux icônes.

9. blog de campagne en anglais

10. Thème non officiel d’Aimée Allen

11. Militarisme et Démocrates (en anglais)

12. Message de Ron Paul à ses supporteurs (en anglais, mars 2008)

13. Les théories de l’Ecole autrichienne

14. La guerre de Bush (en anglais) : “Paying Insurgents Not to Fight” par Paul Craig Roberts

15. Obama n’est pas anti-guerre (en anglais, le 07/03/2008) Extrait : (...) Obama’s position is that withdrawing all U.S. troops within 16 months is a "best-case scenario" that he will revisit if he becomes president.

16. un article de présentation d’Agoravox sur Ron Paul du mardi 19 juin 2007 par Banquise Tropicale

17. un article de présentation d’Agoravox sur Ron Paul du 14 /11/ 2007 par Demian West.

18. Discours de Ron Paul (en anglais) sur le NAFTA (Union nord-américaine) du 30 /10/ 2006


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