Rumeurs sur la mort du jeune Panchen Lama
par Tibet Libre
vendredi 15 mai 2009
Yoichi Shimatsu, ancien directeur du journal Japanese Times Weeks, a déclaré lors d’une table ronde organisée par l’école de journalisme et communication de l’université Tsinghua à Pékin fin avril 2009 que Gendhun Choekyi Nyima (le 11ième Panchen-lama reconnu par le Dalaï lama) serait décédé il y a longtemps. La date de sa mort présumée n’est cependant pas précisée. Il a été enlevé, il va y avoir bientôt 14 ans de cela, par les autorités chinoises. Celles-ci ne se sont pas exprimées sur cette rumeur, aussi avons-nous écrit au Comité des droits de l’enfant de l’ONU pour demander une information. Dans le même temps, les autorités chinoises tentent de décourager le maire de Paris Bertrand Delanoë de remettre le titre de citoyen d’honneur au Dalaï lama à l’occasion de sa conférence le 7 juin à Bercy.
Gendhun Choekyi Nyima a été reconnu comme étant le 11ième Panchen-lama par le Dalaï-lama, mais pas par les autorités chinoises, et nous sommes sans nouvelle de lui depuis qu’il a été enlevé le 17 mai 1995 à l’age de 6 ans. Selon les déclarations étonnantes de Yoichi Shimatsu publiées dans le Corriere della Sera, édition du 19 avril 2009, il serait mort de cancer il y a déjà plusieurs années. Le 25 avril 2009, il aurait eu 20 ans. Penpa Tsering, le porte-parole du Parlement tibétain en exil a publié le 27 avril 2009 une lettre ouverte au président Hu Jintao demandant la vérité sur cette affaire, à ce jour, il n’y a pas eu de réponse officielle. S’il est mort il y a quelques années, il est possible qu’il n’était encore qu’un enfant, et c’est pourquoi nous avons écrit au Comité des droits de l’enfant de l’ONU afin qu’il demande aux autorités chinoises des informations concernant Gendhun Choekyi Nyima.
Le Comité des droits de l’enfant avait, le 28 mai 1996, examiné le cas de Gendhun Choekyi Nyima, et les autorités chinoises avaient admis pour la première fois avoir « pris l’enfant pour sa sécurité ». Le porte-parole chinois Wu Jianmin avait déclaré au Comité que l’enfant avait reçu la « protection du gouvernement chinois » à la demande de ses parents. Le Comité demanda à rendre visite à Gendhun Choekyi Nyima, mais les autorités chinoises n’ont pas donné suite, et le dossier n’a pas avancé depuis, malgré un appel lancé régulièrement par près de 400 personnalités, dont 11 lauréats du Prix Nobel, et associations réclamant cette visite.
L’absence de communication des autorités chinoises suite à cette rumeur est d’autant plus étonnante en comparaison de celle concernant la mairie de Paris et de la possible remise du titre de citoyen d’honneur au Dalaï lama. En effet, nous annoncions le 1er mai la visite du Dalaï lama en France qui donnera une conférence publique le 7 juin à Bercy ayant pour thème « éthique et société » (cf. article AgoraVox sur la conférence du Dalaï lama), évoquant l’attribution en avril 2008 par le Conseil de Paris du titre de citoyen d’honneur au Dalaï lama. Quelques jours plus tard, le bureau du Tibet en France, ambassade du gouvernement tibétain en exil, avait déclaré que le Dalaï lama pourrait recevoir son titre de citoyen d’honneur des mains du maire Bertrand Delanoë. Le 7 mai, la Chine s’est exprimée contre la remise du titre demandant à la Ville de Paris de cesser ses "ingérences dans les affaires intérieures chinoises". Le maire de Paris a répondu le 11 mai qu’il n’a "pas l’intention de changer de point de vue" à propos du Dalaï lama, expliquant : "J’ai reçu le Dalaï lama il y a quelques années (...) J’assume le vote des élus de Paris de lui accorder la citoyenneté d’honneur. Quand lui remettrai-je ? Je n’en sais rien. Il n’est pas question d’ingérence. Mais il n’est pas question non plus de renoncer à mes convictions, sans provocation".
Ainsi, en va-t-il de la diplomatie dans un contexte des plus difficiles qu’ait jamais connu le Tibet sous loi martiale non officielle. Derrière les manifestations de solidarité telles que celles de nos élus, nous ne voyons qu’une seule et même volonté, celle du respect des droits de l’Homme, et de l’Enfant, au Tibet comme en Chine. Nous souhaitons vivement que le plus grand nombre de personnes puissent entendre le message du Dalaï lama lors de sa conférence à Bercy à 14h le dimanche 7 juin, peut-être l’une des dernières occasions de rencontrer l’un des plus grands sages de notre temps, qui n’a pas perdu l’espoir d’un dialogue avec la Chine, et d’une résolution pacifique de la question tibétaine.