Rwanda – RD Congo : Rumeur sur la mort de Kagamé, scènes de liesse au Congo

par MUSAVULI
samedi 11 janvier 2014

Une rumeur annonçant la mort du Président rwandais Paul Kagamé a provoqué des manifestations de joie dans plusieurs villes de la République Démocratique du Congo ce vendredi 10 janvier. Des centaines de manifestants en liesse se sont déversés dans les rues de Goma, Bukavu, Beni, Butembo,… pour célébrer la mort de l’homme qui symbolise les souffrances que subissent les populations de la région depuis deux décennies. Personne n'est encore en mesure de déterminer l'origine de la rumeur qui s’est propagée sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre. Surtout, personne ne sait s’il ne s’agit pas d’un « coup politique » dans une région où l’imagination en la matière est plutôt débordante. 

On pouvait entendre dans les rangs des manifestants des cris comme : « Kagame est le premier, Museveni et Kabila vont suivre ! » Ou encore : c'est la vengeance de Dieu après la mort du commandant Mamadou.

Le sang de Mamadou

Pour rappel, le colonel Mamadou Ndala est cet officier de l’armée congolaise qui s’est rendu célèbre en remportant des victoires sur le M23[1], le plus puissant groupe armé qui sévissait dans l’Est du Congo avec l’aide des Président Kagamé (Rwanda) et Museveni (Ouganda) selon plusieurs rapports des experts de l’ONU. Son assassinat[2] le 02 janvier dernier, à Beni, a provoqué un climat insurrectionnel qui pourrait expliquer les scènes de liesse de ce vendredi.

Dans une large opinion congolaise, la responsabilité des Présidents Kagamé, Kabila et Museveni ne fait l’ombre d’aucun doute, les trois Présidents étant très proches, aussi étrange que cela puisse paraître.

La mort du colonel Mamadou Ndala n’est pas le seul facteur expliquant le climat électrique dans la région. Un autre crime met les gens à fleur de peau. L’assassinat de l’ancien patron des renseignements rwandais, Patrick Karegeya[3], retrouvé mort dans un hôtel huppé de Johannesburg, le 02 janvier dernier, a produit une onde de choc. On redoute qu’il se produise des répercutions au Rwanda.

La présidence rwandaise a rapidement démenti les rumeurs, sans convaincre. Jusque tard le soir, dans l’Est du Congo, on continuait de célébrer, çà-et-là l’étrange « bonne nouvelle ».

Un coup politique ?

On ne saura probablement jamais qui avait intérêt à répandre une telle rumeur, même si, a posteriori, elle s’avère être révélatrice d’un profond rejet des trois régimes de la région, celui de Kigali en particulier.

Il faut toutefois relativiser le phénomène. Les rumeurs annonçant la mort de grandes personnalités sont assez courantes. Elles servent parfois d’exutoire pour canaliser les frustrations des masses populaires face à une autorité haïe mais qui, du coup, se révèle être d’une humanité fragile. Comme le commun des mortels.

En général, un certain capital sympathie se reconstitue par la suite. Qui sait ? Kagamé cherche peut-être à rebondir en se présentant comme « humain ». A fortiori, en cette année symbolique où le Rwanda célèbre les 20 ans de l’après-génocide.

Boniface MUSAVULI



[1] http://www.youtube.com/watch?v=u0emrakFmDQ

[2] http://www.afrik.com/rdc-mort-du-colonel-mamadou-ndala-la-video-du-drame

[3] http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise

 


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