Sauvons le Darfour et mobilisons-nous

par Phileas
mercredi 21 février 2007

Chaque mois, 10 000 personnes sont massacrées dans l’indifférence générale. Selon l’ancien secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, le Darfour est « l’enfer sur Terre ».

En janvier dernier, un sommet de l’Union africaine réunissait, à Addis-Abeba, les principaux chefs d’Etat du continent africain en présence du nouveau secrétaire d’Etat des Nations unies.

Les discussions n’ont permis aucune avancée décisive dans une résolution de la crise au Darfour qui dure depuis presque quatre ans et qui aurait fait, selon les chiffres de l’ONnu, trois cent mille victimes, et provoqué le déplacement de plus de deux millions d’habitants.

La communauté internationale ne fait rien car elle est divisée. Mais impuissants, devons-nous rester silencieux ?

Il existe une mobilisation insuffisante de l’opinion publique internationale, plus particulièrement en Europe, parce que nous considérons qu’il n’y a pas grand-chose à faire.

Pourtant, le risque d’embrasement de la région est aujourd’hui bien réel, puisque le Tchad et la Centrafrique accusent le Soudan d’abriter des milices rebelles.

Les organisations humanitaires font aussi l’objet d’attaques de la part des factions rebelles : La semaine dernière, Médecins du Monde annonçait la cessation de ses activités dans la région.

Les ONG et plus largement des organisations humanitaires sont présentes pour soulager les populations déplacées mais paradoxalement, elles alimentent le conflit, dans la mesure où elles deviennent elles-mêmes un enjeu économique dans le pillage et les luttes d’appropriation entre réguliers et irréguliers. Leur présence sur les lieux a permis d’identifier clairement les soldats soudanais comme responsables des massacres perpétués et de faire savoir leur rôle. Ce qui laisserait penser que des responsables à Khartoum auraient intérêt à vider certaines régions des ONG pour être libres d’accomplir leur travail génocidaire.

Seule l’intervention des Casques bleus, en vertu de l’article 42 du chapitre 7 de la Charte des Nations unies, permettrait de prévenir - ou de réagir contre elles - les attaques sur les populations civiles du Darfour et de protéger les travailleurs humanitaires afin qu’ils remplissent leurs missions en toute sécurité. La décision de faire cesser le génocide au Darfour par les Casques bleus incombe en premier ressort aux cinq Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu.

Un Etat géopolitiquement et énergétiquement clé dans la région.

Les Nations unies n’ont, jusqu’ici, pas réussi à faire procéder au vote d’une résolution prévoyant une intervention des forces de la communauté internationale, ni même ne sont parvenus à faire condamner les agissements du gouvernement soudanais parce que la Chine, premier investisseur étranger au Soudan, s’est jusqu’à présent bien gardée de sanctionner le régime allié : Le président Hu Jintao, qui vient d’achever une longue tournée en Afrique, a plaidé pour le respect de l’intégrité et de la souveraineté territoriale du Darfour.

Le Soudan est un Etat où se trouvent les sources du Nil, mais c’est avant tout un Etat pétrolier, dont 80% de la production de pétrole est dirigée vers la Chine, ce qui explique que les Chinois aient des raisons fortes d’être réticents à sanctionner le gouvernement soudanais. La Chine contribue pour 50% aux exportations du Soudan et partage des intérêts géostratégiques dans ce pays avec les Etats-Unis.

La question du Darfour est une question humanitaire, puisque cette guerre civile concerne quatre millions de personnes sur six millions d’habitants. Mais elle symbolise aussi toute la difficulté, pour la communauté internationale, de rendre stable un Etat africain.

Enfin, le Soudan est un Etat islamique qui applique la loi de la Charria et qui s’appuie politiquement sur l’ensemble des pays qui pratiquent un islam radical.

Les grandes et moyennes puissances savent de façon claire qu’il y a des pratiques génocidaires dans cet Ouest du Soudan. Mais comme à certaines époques de l’histoire du XXe siècle, elles sont informées et restent immobiles.

Il est de notre devoir de conserver une capacité d’indignation intacte sur ce qui se déroule sous nos yeux et de porter la condamnation morale la plus vive et la plus forte contre ces pratiques génocidaires.

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