Savoir sans frontière
par Guiom
jeudi 9 novembre 2006
Une autre façon de participer à l’aide aux pays pauvres : leur offrir de la connaissance, pour donner les moyens à ces populations mises à l’écart de s’ouvrir au monde.
Je ne sais pas si vous recevez beaucoup de courriers d’appels au don, mais ce type de demande augmente chez moi de mois en mois. Et il est souvent difficile de ne pas envoyer quelque chose. Dix euros par ici font vivre une famille pendant deux mois dans un pays d’Afrique. Trente euros par là vont permettre de vacciner tout un village en proie à une maladie pour laquelle on a la solution depuis des années. Le problème, parfois, c’est que des mafias se chargent de la distribution des denrées et qu’un petit pourcentage seulement arrive à bon port. Alors que faire ? Laisser tout ce monde dans le vide sans bouger le petit doigt ? La réponse, là encore, peut difficilement être l’ignorance. Mais c’est une question de conscience personnelle.
Seulement la pauvreté ne s’arrête pas au dénuement physique ou pécuniaire.
Il y a quelques mois, une entreprise a créé un ordinateur à cent euros, avec une batterie qui se recharge grâce à une manivelle, un traitement de texte, et un navigateur pour aller sur Internet. La nouvelle a fait un peu de bruit, car c’était un petit exploit technique et financier. Mais depuis, on n’en sait pas beaucoup plus : la nouvelle ne peut être suivie que sur quelques sites spécialisés, un peu à l’écart du grand public. Ces ordinateurs sont destinés aux pays pauvres en général, pour leur fournir ce qui leur permettra de se relier au monde et surtout de transmettre de l’information. Il ne reste plus qu’à les relier à Internet, et à remplir ces ordinateurs de contenus pour qu’ils soient de véritables médias.
Le raisonnement est simple : donner accès à la connaissance, c’est ouvrir la porte à une prise de conscience de populations tenues à l’écart. L’éducation d’un peuple, c’est la graine de la démocratie. La France, avec l’école de la République, a construit l’histoire en ce sens, et il y a de quoi en être fier, même si l’on pourra toujours trouver à y redire.
Une initiative française, la petite association Savoir sans frontière, poursuit un but dans ce sens : fournir gratuitement des bases de connaissance dans de nombreux domaines. Son slogan : Tout ce qui n’est pas donné est perdu. Sur son site, vous trouverez des bandes dessinées écrites par un Français bien connu de certains d’entre vous, ancien directeur de recherche au CNRS : Jean-Pierre Petit. Si ce personnage haut en couleurs peut agacer par ses prises de position rarement en demi-teinte, il n’en reste pas moins que tout le monde s’est toujours accordé à dire que c’est un vulgarisateur hors pair. Ses BD sont en cours de traduction dans une trentaine de langues, les membres de cette association travaillent de manière totalement bénévole. Mais cette association a besoin d’argent pour rémunérer ses traducteurs, des gens comme vous et moi, au tarif de 150 euros par livre. Je vous conseille de télécharger ces bandes dessinées pour les lire. Vous apprendrez sans aucun doute des choses en cosmologie, en électricité, en économie, en mécanique des fluides, ou sur tout autre sujet. Et l’auteur nous promet qu’il a beaucoup d’idées pour poursuivre ce travail humanitaire et compléter la collection.
Cette initiative mérite vraiment qu’on y apporte son intérêt. Elle soulève à nouveau ce problème un peu oublié de l’éducation dans les pays pauvres. Un don est évidemment la meilleure (et la plus simple) façon de participer à ce projet. Si vous pensez que vous pouvez vous passer d’un café, vous pouvez envoyer cinq euros, si vous pouvez plus, il n’y a pas de limite. Rassurez-vous : les comptes de l’association sont transparents, et vous pourrez accéder à sa comptabilité qui est mise en ligne sur le site.
Une autre façon de participer est aussi d’en parler autour de vous, et pourquoi pas sur votre propre site ou sur votre blog. Plus ce projet sera connu, plus facile il sera, à terme, de mettre ces connaissances à portée de main des plus démunis.
C’est une cause humanitaire de plus, me direz-vous. Peut-être. Mais la connaissance est le fondement de la liberté car une fois donnée, elle ne se reprend plus.