« So called Kurdistan »
par Shyankar
vendredi 4 janvier 2008
Nouvel attentant lié au PKK en Turquie : analyse de la situation entre ce géant et ce « prétendu Kurdistan ».
Évidemment on ne peut nier cette réalité. Mais une meilleure problématique est encore formulée dans cette phrase, assez courte, mais qui démontre bien l’état d’esprit actuel d’Ankara : "En effet, ce dont nous avons peur, c’est que les Kurdes habitant du côté irakien de la frontière vivent de mieux en mieux, que nos Kurdes à nous les envient et qu’ils souhaitent in fine se séparer de la Turquie pour les rejoindre." Et d’ajouter de suite : "Mais, bon sang, combien de siècles allons-nous vivre avec cette phobie ! Le maintien de l’unité du territoire turc ne dépend-il vraiment que du maintien dans la pauvreté et sous l’oppression des Kurdes vivant au-delà des frontières de la Turquie ? Plus les Kurdes d’Irak vivront dans la peur et dans la misère et plus notre unité territoriale et notre sécurité s’en trouveront assurées ?"
Dans l’actualité, c’est 70 blessés et plus de 5 morts qui viennent s’ajouter 37 000 personnes mortes depuis 1984, année des premiers heurts entre le PKK (considéré comme entité terroriste selon l’UE, les Etats-Unis et la Turquie) et Ankara.
Cette fois-ci, c’est à Diyarbakir que la bombe a explosé, visant probablement un véhicule militaire qui passait par là, mais aussi une caserne située à une centaine de mètres de la déflagration. Cet acte a été vivement condamné, que ce soit par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ("Le terrorisme a ressorti son horrible visage. Mais ce type d’événements n’infléchira pas notre détermination à combattre le terrorisme à la fois dans le pays et à l’extérieur"), que par les Etats-Unis qui, de leur côté déclarent qu’ils "réitèrent leur détermination à se tenir aux côtés de la Turquie dans la lutte contre tous les types de terrorisme".
Difficile donc de donner ne serait-ce qu’un semblant d’avis sur la question kurde en Turquie, sachant que ce peuple se bat certes pour une autonomie, voire une indépendance ; mais les moyens mis en oeuvre ne sont absolument pas bien choisis et, la plupart du temps, les civils souffrent plus qu’ils n’obtiennent. Pourtant, il est tout autant difficile de ne pas montrer du doigt le rôle qu’a joué la Turquie et qu’elle joue encore aujourd’hui dans la "résolution du problème". Et pour conclure, redonnons donc la parole à Gülay Göktürk : "Voyez donc où nous a menés cette politique consistant à nier systématiquement la réalité. Les généraux turcs, qui dans le passé se sont avérés de véritables champions de ce type d’exercice, n’en finissent plus aujourd’hui de faire leur autocritique et d’admettre qu’ils ont commis une erreur en niant la problématique kurde."
Certains diront que c’est un peu comme "le prétendu génocide arménien"...
Sources :
- L’article de Gülay Göktürk en français sur Courrier international
- TV5 : "Turquie : 5 morts dans l’explosion d’une voiture piégée dans le Sud-Est"
- Al Jazeera : "Deadly blast hits Turkish city"
- "Turquie et PKK : nouvelles tensions" par Shyankar