Tibet : la Chine multiplie propagande et menaces diplomatiques visant à isoler le Dalaï-lama

par Tibet Libre
jeudi 26 mars 2009

La Chine a décidé début 2009 de l’instauration d’un « Jour d’émancipation des serfs au Tibet », le 28 mars, à l’initiative de l’Assemblée nationale chinoise, et dans le même temps, multiplie propagande et menaces diplomatiques visant à isoler le Dalaï-lama. Un an après les manifestations de 2008 durement réprimées par Pékin, les Tibétains en exil se mobilisent.
Selon les autorités chinoises, le 28 mars 1959, l’Armée de la République populaire de Chine aurait mis fin à une oppression « féodale et religieuse » au Tibet. L’Assemblée nationale chinoise affirme que l’élite tibétaine utilisait environ un million de Tibétains (90% de la population) comme esclave. Les agences de communications chinoises n’hésitent pas à affirmer que cette commémoration aurait été choisie pour marquer le 50ième anniversaire de la fondation de la Région autonome du Tibet, alors que la dite Région autonome ne fut établie qu’en 1965. Elles affirment encore que cette date fut le commencement d’une réforme « démocratique » de la structure sociale, « théocratique et féodale » tibétaine (selon la terminologie de la propagande chinoise), pour mieux masquer une stratégie coloniale sous la direction de Mao Tsé-toung, probablement l’un des pires dictateurs du XXième siècle, sans parler des horreurs de la « Révolution culturelle ».
 
Pourtant, dans l’histoire du Tibet, le 28 mars 1959 est en réalité la date où Chou En-lai, premier ministre de la Chine, a ordonné la dissolution du Gouvernement du Tibet, qui était officiellement toujours sous la direction du Dalaï-lama et de ses ministres, 9 ans après l’invasion chinoise du Tibet. C’est aussi une date très proche du soulèvement tibétain, qui débuta le 10 mars 1959. La répression par l’armée chinoise qui suivit fit 87 000 morts parmi les Tibétains entre mars et octobre 1959. Environ le même nombre de Tibétains réussit à fuir le Tibet, début d’un exode d’environ 150 000 Tibétains, vivant actuellement pour la grande majorité en Inde, grâce à la générosité et à l’hospitalité indienne. Après 1959, l’action de l’armée chinoise avait été condamnée par des Résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies en 1959, 1961 et 1965, qui constataient les violations des droits de l’Homme et des règles internationales, et mettaient la Chine en demeure de les respecter.
 
Selon le Dalaï-lama, la société tibétaine comprenait des pauvres, mais le terme de serf n’est pas approprié pour les définir. Leur nombre est aussi une question de débat. Les Tibétains contestent que les « serfs » aient pu constituer 90% de la population, mais admettent un taux de 10-20%. Le Dalaï-lama a déclaré à plusieurs reprises que lorsqu’il était au Tibet, il avait lui-même engagé des réformes pour améliorer la situation des pauvres, en diminuant certains impôts, et dettes. D’autres réformes par étapes furent envisagées, mais les Chinois, hésitants, ont bloqué ces réformes tibétaines, car ils voulaient imposer leurs propres réformes.
 
Le servage a aussi existé en Chine, où la souffrance fut bien plus importante qu’au Tibet, si l’on en juge par les 3 millions de propriétaires tués en 1953 par les serfs chinois, alors que rien de semblable ne s’est jamais produit au Tibet. 
 
Le choix du 28 mars comme « Jour d’émancipation des serfs du Tibet » se conjugue à des attaques répétées des autorités de Pékin envers le Dalaï-lama à l’intérieur du Tibet ainsi qu’à l’extérieur, induisant un fort ressentiment chez les Tibétains. L’interdiction des territoires tibétains aux journalistes et les quelques nouvelles alarmantes qui filtrent sporadiquement, tel que le suicide d’un moine du monastère de Kirti, et celle d’un autre moine du monastère de Ragya, alors qu’il était interpellé pour manifestation « indépendantiste », laisse supposer un état de forte tension dans la région. La Chine a donné sa version de ces événements en les démentant systématiquement, démontrant une volonté de censure, une logique qui rejoint celle des pressions pour qu’aucun pays ne reçoive le Dalaï-lama. Ainsi, la décision de l’Afrique du Sud de ne pas accorder de visa au Dalaï-lama fut elle saluée comme une victoire diplomatique par Pékin. De même, la République populaire de Chine n’en finit pas de « punir » l’Etat français pour avoir oser recevoir le Chef bouddhiste, dans une volonté évidente de faire un exemple pour les autres pays. Fort heureusement, le Dalaï-lama est attendu prochainement aux USA, au Danemark, en Islande, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, suggérant que le monde n’est pas encore totalement dominé par un état totalitaire désirant lui imposer sa volonté politique.
 
Dans ce contexte, il est compréhensible que les Tibétains utilisent cette date « commémorative » pour appeler à des manifestations, comme la Communauté Tibétaine de France, le 28 mars 2009 entre 18h30-20h, Place de l’Alma près de l’ambassade de la République populaire de Chine, à Paris. Il est aussi compréhensible qu’au niveau politique, les associations accroissent leur mobilisation en Europe pour appeler leurs sympathisants à écrire à leurs députés européens afin qu’ils votent une nouvelle résolution européenne pour la reconnaissance du Gouvernement tibétain en exil d’ici à juin 2009. Cette campagne peut-être consultée sur le site http://www.tibet-europe.eu

En observant ce qui se passe au Tibet, désormais, nous savons vers où va notre monde si nous n’agissons pas. 

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