Mardi soir, j’étais invité par France 24 pour parler du drame de Lampedusa et des conséquences à en tirer. Un débat extrêmement révélateur de l’incompréhension qui existe entre certaines élites et le peuple, et où la fermeté des principes est essentielle pour ne pas être piégé par l’émotion.
Comment éviter de tels drames ?
Le deuxième volet,
que j’ai essayé d’expliquer, est un renforcement des contrôles aux frontières, y compris en mer. En effet, si nous surveillons mieux nos frontières, avec plus de gardes, outre leur mission de contrôle des frontières, ils pourront sauver la vie des victimes d’un tel accident. Mais surtout, en indiquant clairement que nous souhaitons accueillir moins d’immigrés (
y compris en renvoyant plus systématiquement les immigrés clandestins) et que les frontières seront mieux contrôlées, alors, moins de personnes tenteront la traversée et il y aura donc moins de victimes (et moins d’immigrés).
Les angles morts du débat
Le débat était très intéressant puisque tous mes interlocuteurs, réflexe humain, oulaient tendre la main aux réfugiés. Ils soulignaient que certains étaient des réfugiés politiques, qu’en accepter quelques milliers n’était pas une grosse affaire pour les pays européens. Mais si cette générosité est humaine, elle aurait toutes les chances d’être contreproductives. En effet, si nous indiquons aux immigrés potentiels qu’ils seront les bienvenus, davantage de bateaux clandestins partiront, et il y aura davantage d’accidents et de morts. La solidarité peut, ici, provoquer l’exact inverse de l’effet recherché.
Et il y a un paradoxe à demander à
des peuples essorés par trois ans et demi d’austérité, d’impôts et de coupes de prestations,
d’accepter plus d’immigrés. Inconsciemment, la député des Verts fait de la publicité pour Geert Wilders. Pire, elle demande un meilleur accès au marché européen pour les produits africains. En clair, elle demande à ses concitoyens de mettre en danger leur emploi tout en payant pour les réfugiés. Et après, on s’étonne que l’extrême-droite progresse ! De plus, il faut bien noter que les pays européens ont du mal à intégrer les immigrés, ce qui plaide pour une pause dans l’immigration.
Enfin, certains,
comme le Monde, affirment que la solution serait «
plus d’Europe » mais que «
cette vérité-là est plus impopulaire que jamais ». Le «
réflexe souverainiste » aurait abouti «
au drame de ces radeaux de la mort ». Rien que cela. En quoi le fait d’avoir une politique commune de l’asile aurait poussé les victimes à ne pas venir ? Et demander des moyens renforcés de contrôle est assez paradoxal de la part
d’un journal qui soutient l’austérité néolibérale et monétariste. Enfin, la difficulté à se mettre d’accord à 28 montre au contraire qu’il vaut se baser sur les Etats avec des coopérations ponctuelles.
L’émotion est naturelle, mais il ne faut pas se laisser dicter des réactions sous son influence. Bien sûr, il s’agit d’une horrible tragédie et il faut agir pour en éviter d’autres, mais ce ne serait pas aider l’Afrique que d’ouvrir davantage nos frontières. Bien au contraire, plus de contrôles est la solution.