Turquie : vers l’interdiction du parti au pouvoir ?

par ÇaDérange
mardi 27 mai 2008


La Turquie moderne a été voulue laïque par son fondateur Kemal Ataturk qui l’a inscrit très profondément dans la Constitution et dans la culture du pays, même si elle est dirigée actuellement par un parti islamiste, l’AKP, Parti de la justice et du développement. Le Premier ministre, Recep Yaccip Erdogan, a dû évoluer dans son exercice du pouvoir entre les attentes conservatrices et islamiques de ses électeurs et les nécessités d’ouverture et de libéralisme que lui imposait le développement économique du pays et surtout son enracinement voulu dans l’Union européenne.

Un exercice difficile dans lequel il semble pour l’instant s’être pris les pieds dans le tapis. Il y a en effet deux forces qui soutiennent à tout prix la laïcité dans le pays. L’armée qui n’a pas manqué à chaque élection de rappeler son attachement au principe de la laïcité, sans être heureusement jamais passé aux actes. Et le Constitution elle-même représentée par le pouvoir judiciaire. C’est ainsi que la Cour de cassation et son procureur général a engagé une procédure judiciaire contre l’AKP au motif que ce parti et ses dirigeants, dont le Premier ministre et le président de la République, Abdullah Gül, voulaient saper les fondements laïcs de la République et instaurer la charia !

Or, ce n’est pas une menace à prendre à la légère car il existe déjà un précédent de ce type de sanction en Turquie : la condamnation à l’inéligibilité en 1998 de l’ancien Premier ministre islamiste, Necmettin Erbakan, et l’interdiction du Parti de la vertu (Fazilet) islamiste également en 2001.

La Commission européenne, qui apprécie Recep Yaccip Erdogan et dont la majorité des pays membres fait passer le "business" devant d’autres considérations, le soutient et a condamné le procès qui le vise ainsi que son parti. Mais l’affaire suit son cours auprès de la Cour constitutionnelle et il y a un risque de plus en plus évident que l’AKP puisse être interdit et que Recep Yaccip Erdogan, Abdullah Gül et 71 hauts dirigeants du parti puissent devenir inéligibles pour cinq ans !

Décision de la Cour constitutionnelle entre cet été et l’automne. En attendant, l’AKP a décidé de repousser quelques amendements constitutionnels provocateurs pour ne pas envenimer l’affaire.

A suivre...


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