Ukraine, les masques tombent
par Michel DROUET
lundi 4 avril 2022
C’est à Bouchta que la violence des militaires russes semble la plus parlante, des groupes de cadavres civils gisants dans les rues, l’un enfourchant son vélo, certains avec une balle dans la nuque et les mains liées derrière le dos. Des cadavres de femmes ont été découverts, dénudés et à demi calcinés. 280 corps ont été récupérés et 57 corps retrouvés dans une fosse commune derrière une église.
Ces faits ont été constatés par les premiers reporters sur place et les images qui ont été diffusées (pas en Russie…).
Bien sûr, tous ces éléments demandent à être vérifiés, mais d’ores et déjà l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a constaté des faits « assimilables à des crimes de guerre » dans la région de Kiev, mais aussi dans d’autres régions.
On pourra juger indécents les propos du ministère russe de la défense qui a la haute main sur la censure et qui qualifie, avant toute enquête, ces éléments de « production de Kiev pour les médias occidentaux ».
On pourra juger indécentes les réactions sur ce site d’une rédactrice qui publie actuellement beaucoup d’articles sur cette guerre et qui n’hésite pas à dire d’emblée (avant de se rétracter partiellement) :
« Je n’ai pas besoin d’être sur place pour savoir de un à quoi ressemble un corps qui a quatre jours (parce que l’armée russe est partie de Boutcha le 30 mars), et de deux un mort ça ne lève pas la main et ça ne se relève pas une fois la voiture qui filme partie.... ».
On pourra me rétorquer que moi non plus je ne suis pas sur place, pas plus que cette « journaliste », mais en ce qui me concerne j’en appelle à l’établissement des faits par des organisations indépendantes pour qualifier les faits de crimes de guerre, ce qui n’est pas son cas.
Car cette « journaliste » nous donne de bien belles preuves à voir comme ce militaire pro-russe avec sa chapka et son brassard bleu qui « prouve » qu’il est un enquêteur officiel et forcément impartial. Je m’étais ouvert auprès de cette rédactrice de la faiblesse des « preuves » ainsi fournies consistant pour cet « officiel » chargé d’enquêter à poser devant des maisons détruites avec un papier portant une date enveloppé dans une pochette plastique à trous. Chacun jugera :
On retrouve cette même mise en scène décortiquée dans un reportage diffusé hier sur France TV France 2 dans l’émission 13 h. 15 le dimanche dont voici le lien (nécessité d’ouvrir un compte – gratuit – pour visionner) :
https://www.france.tv/france-2/13h15-le-dimanche/3187480-odessa-la-resistante.html
On y retrouve un militaire pro-russe (le même, apparemment) chargé d’enquêter sur un tir présenté comme ukrainien avec des images terribles d’un habitant qui aurait perdu une jambe dans cette explosion, sauf que, lors du transport de cet homme on constate que cet homme avait déjà été amputé et que l’on voit la fixation de la prothèse…
Nous sommes dans la propagande, par conséquent, dirigée par le ministère russe de la défense sans lequel rien ne parait sans son aval. La censure qui pèse en Russie ne laisse passer que ce qui conforte le discours officiel du Kremlin ou qui nient les dérapages de son « opération militaire spéciale » en nous proposant de gentils soldats russes qui donnent à manger aux civils et les accompagnent (devant des caméras) pour les aider à sortir de l’enfer des tirs ukrainiens, bien sûr, car vous l’aurez compris, ce sont bien, selon la version officielle russe relayée par des « journalistes », les ukrainiens qui détruisent leurs propres villes et tuent leur propre population.
Il faudra qu’un jour ces « journalistes » et commentateurs bienveillants nous expliquent tout cela : comment tant de ruines (Marioupol ,Kharkiv, Mykolaïv, Bouchta, Irpin,…) de morts et d’exactions qui seraient le fait de l’armée ukrainienne, car en plus de contrer et d’infliger d’énormes pertes à l’armée russe en matériel et en hommes, ils trouveraient le temps, semble-t-il, à leurs moments perdus sans doute, de procéder à des crimes de guerre contre leur population et de détruire leurs villes ?
Etonnant, non ?