Ukraine, pourquoi pas un divorce civilisé ?
par Pierre de La Coste
jeudi 6 mars 2014
Pourquoi ne pas imaginer une Ukraine de l'ouest adhérant à l'Union Européenne, une Crimée et une Ukraine de l'est revenant dans le giron de la sainte Russie ? Pour ne pas déplaire à l'empire américain et à son bouffon BHL ?
Je ne suis pas BHL et je ne peux donc pas sauver l'Ukraine, après la Syrie et la Lybie. Néanmoins, il n'est pas interdit à chacun de donner son avis. Voici donc quelques éléments de bon sens.
D'abord, regarder l'Histoire et la géographie. Ce que nous appelons aujourd'hui Ukraine est tout sauf un pays cohérent et viable. En Crimée, évidemment, outre le reliquat des terribles Tatars, grands pourvoyeurs d'esclaves chrétiens pour l'empire ottoman, vivent essentiellement des Russes. Pas des "russophones", des Russes. En quoi le rattachement artificiel de la Crimée à l'Ukraine par l'URSS en 1954 créerait-il un "droit international" en faveur de l'Ukraine sur ce territoire ? Pour empêcher la Russie de retrouver un port de guerre qui date des tsars ? C'est bien l'avis de l'administration Obama et des experts de la télévision.
- Carte politique de l’Ukraine
- Votes « russes » à l’est, votes « européens » à l’ouest.
Dans le reste de l'Ukraine, certains, à l'est, se sentent russes et sont généralement othodoxes. Et attention, les héritiers des cosaques, ces paysans soldats semi-nomades fidèles au Tzar de toutes les Russies, sont toujours prêts à faire parler la poudre...
D'autres plus à l'ouest, tournent les yeux vers l'Europe. Ils ne sont pas "pros-européens", ils sont européens. Ni "pro-UE", ni "pro-OTAN", européens comme vous et moi... Ils sont généralement uniates. "Uniate" est un mot quasiment absent des commentaires de nos experts. Il signifie que les ukrainiens de l'ouest sont (en général) des catholiques de rite oriental, reconnaissant l'autorité spirituelle de Rome.
La carte ci-dessus (source : slate.fr) montre les votes que nous qualifierons simplement de "russes" et "européens" lors de la dernière élection présidentielle. Elle est pour le moins très parlante, même lorsque l'on ne sait pas lire un mot de Russe. L'Ukraine est simplement coupée en deux. Inutile de traiter ceux de l'ouest de "néo-nazis" et ceux de l'est de "staliniens". Le point de vue des uns et des autres est légitime. Il est ancré dans une histoire plus ancienne que l'URSS. Pourquoi, dès lors, obliger tous ces gens à vivre ensemble ? pour permettre à l'OTAN de marquer un point contre l'ex-URSS ? Pourquoi ne pas imaginer une Ukraine de l'ouest adhérant à l'Union Européenne, une Crimée et une Ukraine de l'est revenant dans le giron de la sainte Russie ? Aujourd'hui, la Crimée montre l'exemple.
Mais au fait, qu'est-ce qui oblige la Russie et l'Europe à s'affronter, en dehors de l'impérialisme américain qui lie de manière artificielle l'appartenance à l'Europe et l'inféodation à l'OTAN ? Un "divorce de velours" à la tchéco-slovaque serait de loin la meilleure solution, pour tout le monde, sauf pour les atlantistes les plus fanatiques. Mais on peut aussi imaginer BHL face aux tatars et aux cosaques...ça lui ferait plaisir et il sauverait sans doute la situation.