Un ex-ministre Hutu Rwandais disparaît à Bruxelles

par Guillaume Ribeaucourt
mercredi 14 décembre 2005

Le 21 novembre, tôt le matin, Juvénal Uwilingiyimana disparaissait dans les rues de Bruxelles. Cet ancien ministre, réfugié politique en Belgique depuis 1998, était en 1994 Directeur de l’Office du tourisme rwandais.

C’est le 28 novembre que la DH (journal quotidien de Belgique) révèle la disparition inquiétante de Juvénal Uwilingiyimana. Témoin clé du tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR) d’Arusha, M. Uwilingiyimana aurait été interrogé lourdement depuis des semaines par des enquêteurs internationaux belges et canadiens sur les massacres de Kayove en avril 1994.

 

Quinze jours avant sa disparition, l’ancien ministre écrivait au procureur du TPIR, pour lui faire savoir que les enquêteurs usaient de techniques de pressions psychologiques dignes d’un thriller policier.

Tout cela reste flou, mais ce qui est apparemment certain, c’est que le parquet fédéral belge n’était pas informé des rendez-vous que tenait M. Uwilingiyimana à Lille avec ces enquêteurs internationaux, dans la discrétion d’une chambre d’hôtel.

Que s’est-il passé, lors de ces interviews ? Nul ne le sait, même pas la famille de M. Uwilingiyimana, qui a déposé plainte le 8 décembre, à Bruxelles, pour séquestration abusive.

Des règlements de comptes

Selon Gilbert Dupont (journaliste à la DH) et le magazine « Jeuneafrique.com » M. Uwilingiyimana aurait été cité en août dernier par Michel Bagaragaza, qui s’est constitué prisonnier à Arusha (Tanzanie), siège du TPIR. Selon ce dernier, M. Uwilingiyimana aurait fourni les armes ayant permis le massacre de Kayove. Ces accusations ont permis à M. Bagaragaza de sauver sa tête et de mettre sa famille en sécurité aux États-Unis. Dans de telles circonstances, il est donc légitime de se poser des questions sur la disparition subite de M. Uwilingiyimana.

Suicide ? Fuite ? Séquestration ?

Aucune information à ce jour ne permet de conclure à l’une ou l’autre de ces hypothèses. Toujours est-il que, dans le cadre d’un tribunal ayant pour mission de condamner les responsables de la mort de près d’un million de personnes, la volatilisation soudaine d’un témoin clé est on ne peut plus inquiétante, voire troublante.


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