Un G2 qui s’affirme

par The Blog Beginner
vendredi 21 janvier 2011

Jamais lors d’un G20, l’importance du duo Etats-Unis-Chine n’avait été autant soulignée que lors de celui qui s’était déroulé à Séoul en novembre 2010. La guerre des monnaies était en effet au centre des débats ce qui avait eu pour double conséquence, à la fois d’intensifier les mésententes sino-américaines mais aussi d’attirer l’attention sur ces deux pays. Ils étaient les principaux acteurs de cette réunion et la rencontre qu’ils ont organisé avant le début du G20 le montre bien. Les journalistes n’ont pas mis longtemps pour s’en rendre compte et préférer un terme plus juste pour qualifier ce nouveau groupe : G2.

Une expression qui prend tout son sens lorsque l’on suit, jour après jour, la rencontre entre le président Obama et son homologue chinois accueillit très solennellement. Les deux présidents se sont entretenus à plusieurs reprises depuis le 18 janvier sur de multiples sujets aussi bien économiques que diplomatiques et politiques. Obama ne s’est pas embarrassé des tabous habituels en abordant plusieurs points chauds. Après avoir demandé à la Chine un « ajustement » de la valeur de sa monnaie, le Yuan, Il a en effet mis un point d’honneur à réclamer des progrès en matière de droits de l’Homme, de liberté de la presse et de liberté d’expression notamment. Ainsi, il aurait, entre autres, évoqué le cas de Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix toujours emprisonné en Chine mais aussi le problème du Tibet, invitant son homologue au dialogue avec le Dalaï Lama.

Une avancée importante a été remarquée dans ce domaine à la suite de ce dialogue entre les deux chefs d’Etats :

Barack Obama : « En tant qu’Américains nous avons des principes essentiels sur l’universalité de certains droits comme la liberté d’expression, la liberté de religion […] et j’en ai parlé ouvertement avec le président. »

Hu Jintao : « La Chine agit pour la protection et la promotion des droits de l’Homme, elle a toujours faits des progrès dans ce domaine […] qui sont reconnus par l’ensemble du monde mais beaucoup reste à faire en Chine en terme de droit de l’Homme.

(Voir la vidéo du journal télévisée de France 2 - lien en fin d’article)

La fermeté affichée dans les propos du président Obama au sujet de thèmes aussi épineux, montre un certain courage et en tout cas une volonté d’affirmer son pays comme le premier interlocuteur de la Chine. Finit la brouille de 2010 au sujet des monnaies. Obama veut montrer que d’autres problèmes le préoccupent aussi.

La réplique que lui fait son homologue chinois semble par ailleurs montrer qu’un tel déterminisme peut parfois payer. S’il n’y a là aucuns engagements concrets, c’est tout de même la première fois que le président chinois admet que « beaucoup reste à faire ». Cette phrase inhabituelle sonne pour tout le monde comme un espoir de changements et constitue l’une des plus grandes avancées dans le domaine. Il faut cependant se méfier car, comme le montrait Alan de Chalvron au 20H de France 2 du 20 janvier, cette phrase paraissait avant tout adresser aux Etats-Unis et aux pays occidentaux plutôt qu’à la Chine elle-même. En effet, selon ce journaliste, ces propos n’étaient visibles dans aucuns journaux nationaux… 

Le bilan de cette rencontre sino-américaine contraste énormément avec celle que le chef d’Etat Chinois avait effectué en novembre dernier en France. Dans le pays des droits de l’Homme, Nicolas Sarkozy s’était réjouis des gros contrats signés grâce, si l’on peut dire, à l’effacement du chef de l’Etat sur les sujets qu’a réussi à aborder Obama. Tous avait été fait pour s’assurer que la Chine reste un allié économique si bien que le président avait jugé bon de ne pas parler de que sont censés être les principes par excellence de la France. On peut s’interroger et remettre en cause cette décision sur un plan éthique. On peut aussi constater que cela n’a apparemment pas peser sur les accords économiques prévus entre la Chine et les Etats-Unis puisqu’un contrat de 45 milliards de dollars, en partie composé de commandes de Boeing, a été signé.

Les Etats-Unis ne sont cependant pas la France et c’est bien là que se fait toute la différence. Aujourd’hui, si un pays peut se permettre de tenir tête à la future première puissance mondiale c’est bien celui de l’Oncle Sam. Le pays du laisser-faire a clairement supplanté celui des droits de l’Homme dans ses revendications traditionnelles. La dissidence mondiale ne s’affirme donc plus dans le G20 ni dans le G8 mais plus que jamais dans le Groupe des Deux : la Chine et les Etats-Unis.

lien video : http://www.2424actu.fr/actualite-internationale/a-washington-hu-jintao-manie-le-langage-de-la-fermete-sur-taiwan-le-tibet-2028082/#read-2028207


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