Un pas de plus vers l’implosion de la Belgique

par Romain Weis
mercredi 30 juillet 2008

Du surréalisme de la belgitude.

Qu’est-ce que la Belgique ? De la bière, du chocolat et des frites pour Wallons et Flamands. Cela pour les plaisirs. Pour les déplaisirs, la question linguistique qui envenime la vie politique du royaume depuis des lustres. Prémonitoire, en 1965, le général de Gaule déclarait : «  La Belgique, il ne faut pas y toucher. (..) Ou alors, il faudrait que les Flamands rendent la vie impossible aux Wallons, et qu’alors les Wallons se jettent dans nos bras »(1).C’est pourtant une option de plus en plus débattue en Belgique, surtout en Wallonie (la moitié Sud du pays).

Porté par un électorat flamand de plus en plus intransigeant devant les difficultés économiques de la Wallonie, Yves Leterme avait remporté haut la main les élections législatives du 10 juin 2007. Aujourd’hui Premier ministre, il ne peut revenir sur ces engagements régionalistes promis à ses électeurs. Les revendications flamandes étant inacceptables pour les francophones, le gouvernement Leterme se retrouve depuis lors dans l’impossibilité de négocier l’indispensable réforme de l’Etat belge. Bientôt treize mois d’interminables tractations qui n’aboutissent qu’à renforcer les parties sur leur position, alors que les questions urgentes auxquelles doit faire face le pays sont laissées à vau-l’eau. De guerre lasse, les francophones sont de plus en plus nombreux à vouloir jeter l’éponge et lorgnent vers la France.

C’est en tout cas ce que révèle un sondage transfrontalier publié le 29 juillet dans les quotidiens belge Le Soir et français La Voix du Nord, lequel confirme la prescience du général. Dans la perspective de l’implosion du pays, près de la moitié des Wallons (sans compter la région de Bruxelles) sont favorables au rattachement de leur région à la France (49 %). La lassitude gagne du terrain devant l’impasse politique puisqu’ils n’étaient que 29 %, il y a six mois encore. Le rattachisme (courant wallon prônant la réunion de la Wallonie, voire de Bruxelles, à la France) n’est plus une option surréaliste de groupuscules francophiles.

Du côté français, l’imbroglio politico-linguistique du voisin du Nord n’est déjà plus une autre histoire belge. L’accueil des provinces wallonnes dans le giron républicain fait aussi son chemin. Un précédent sondage (novembre 2007) indiquait que 54 % des Français se disaient favorables au rattachement. Ils sont aujourd’hui 60 %.­



Certes il ne s’agit que d’un sondage et l’évolution des intentions qu’il manifeste n’a pas l’heur de plaire dans toutes les capitales européennes. Trop de particularismes régionaux au sein de l’UE s’en trouveraient renforcés. Reste que le tabou de l’unité belge est levé, le débat sur la place publique et les politiciens, particulièrement flamands, sont dos au mur pour avoir vidé de son contenu, peut-être sans vraiment l’avoir voulu, la devise de la Belgique « l’Union fait la force », en alimentant l’écœurement des francophones.


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