Un peu de riz Corée ?

par Valmonegasque
lundi 6 décembre 2010

Tandis que Nicolas Canteloup imitait la chevrotante Michèle Aliot-Marie à l’occasion de la 1000ième revue de presque, les deux Corée étaient en proie à de vives tensions. A tel point que la peur d’un conflit d’ordre continental s’installe, surtout au vue des récentes découvertes dans la dictature de Kim Jong-Il...

North vs. South 

Depuis la fin de la guerre de Corée, en 53, les deux pays n’ont signé aucun accord de paix. De fait, le Nord et le Sud sont toujours en guerre, même si celle-ci pouvait paraître quelque peu désuète avec, au début du nouveau millénaire, la signature d’un déclaration commune entre les deux antagonistes. Mieux, sept ans plus tard, un deuxième sommet est organisé entre Kim Jong-Il et Roh Moo-Hyun, alors président du voisin du Sud, afin d’installer la paix et la prospérité économique dans la péninsule. Clairement, le conflit ne se résume pas à deux lignes de tanks face-à-face, prêts à tirer, mais se présente sous une forme bien plus politisée. Alors il n’est guère évident de s’aventurer sur ce terrain tant la Corée du Nord est une véritable dictature personnelle, n’étant que le jouet de son maître, Kim Jong-Il, qui concentre la totalité du pouvoir exécutif. 

Le plus étonnant reste néanmoins l’incroyable croissance qu’a connu la Corée du Sud en un demi-siècle. Au sortir de la guerre, l’actuel premier dragon asiatique faisait pâle figure aux côtés des pays les plus pauvres de la planète. En favorisant dans un premier temps l’importation de matières premières et de technologies en tous genres, la restriction des imports de produits manufacturés et beaucoup de travail de la part des citoyens, notamment au niveau de l’agriculture, puis en exportant leurs propres produits sur les marchés les plus juteux (Amérique du Nord) dans une seconde période, le gouvernement Sud-coréen a habillement su redresser la barre de la béatitude économique. Mais également a su diversifier sa production d’armement au point de devenir l’un des armées majeures d’Orient. Depuis, l’IDH pointe à 0,93, soit au 25ème rang mondial du développement humain.


Quant au Nord, peu ou prou d’éléments sortent des filtres dictatoriaux. Des camps de travail forcé retiendraient près de 300 000 personnes, le pouvoir politique est placé presque entièrement dans les mains du président-dictateur et de son unique parti politique (il existe deux autres partis, d’importance moindre). Les contestations internes restent floues, les famines n’étant jamais avérées. Mais ce sont surtout son anti-impérialisme américain et son programme nucléaire qui font de la Corée du Nord une dictature dangereuse, dans une situation épineuse.

China bombs

Il y a trois semaines, un scientifique américain était invité à visiter les locaux d’enrichissement d’uranium nord-coréens. Une fois sorti du site, il confia être incroyablement étonné de la modernité de l’usine et de son nombre incroyable de centrifugeuses. De plus, en 2009, les inspecteurs internationaux n’ont trouvé aucune trace de ce site lors de leur passage éclair. Ce n’est que récemment que la Corée du Nord met les bouchées doubles en terme de production nucléaire, coïncidant avec le passage du plutonium à l’uranium et du tout premier essai nucléaire en 2006.

Selon la communauté internationale, ce phénoménal progrès ne peut être du que grâce à l’intervention d’un allié. La Russie et, bien évidemment, la Chine ont participé à l’élaboration de l’arme nucléaire en fournissant le matériel nécessaire. Surtout, les relations sino-coréennes sont au beau fixe ces derniers temps. En plus d’échanges respectifs de louanges entre Hu Jintao et Kim Jong-Il ce mois-ci, le voisin chinois représente 80% du commerce de la dictature et fournit les matière premières vitales tout comme il transite les tonnes d’uranium destinées à l’enrichissement coréen.


Puisque le dialogue n’est pas possible avec la Corée du Nord, la pression américaine est mise de nouveau sur la Chine, qui a récemment déclaré vouloir reprendre les discussions à six (les deux Corée, la Chine, les États-Unis, le Japon et la Russie). L’objectif de réintégrer la dictature Jong-Ilienne au Traité de Non-Prolifération nucléaire, qu’elle a quitté en 2003. La réaction chinoise est-elle sincère ou bien truquée afin de mimer un semblant de réaction ? Il n’est pas sans rappeler que lors du torpillage de la corvette Cheonan (sud-coréenne), la non-réaction chinoise avait laissé perplexe les États-Unis. Le problème est aussi interne au Régime Populaire, puisque les militaires veillent à ce que les modérés ne fassent pas de concession sur le sujet.


Efficacité zéro

Mardi 23 novembre, l’armée du Nord a frappé l’île de Yeonpyeong avec pas moins d’une centaine d’obus. Résultats : seulement 2 morts et 3 blessés graves. Alors que les missiles soient d’origine chinoise ou nord-coréenne, il est clair que l’efficacité est au rendez-vous absent. Depuis la fin de la guerre de Corée, aucune attaque de ce type n’a été faite jusqu’alors. La réaction ne se fait pas attendre puisque les vétérans sud-coréens appellent à la vengeance et l’armée américaine se joint à celle du Sud pour des opérations navales conjointes. De plus, le ministre de la Défense a démissionné dès le début de cet affrontement, accusé d’être trop mou et pas assez radical. Regrettant d’avoir touché les civiles, la Corée du Nord se protège néanmoins en installant des missiles sol-air à sa frontière et aurait de nouveau tirer quelques salves.

Reste à savoir maintenant comment va évoluer le conflit. Les États-Unis ayant mobilisé le porte-avion nucléaire George Washington et Séoul disposant d’une armée puissante, la voie menant au conflit semble être toute tracée. La Chine devrait avoir un rôle crucial dans les jours à venir, jouant à la fois le métronome et le balancier.

 
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