Unasur : un pas de géant vers l’intégration sud-américaine

par edelaub
lundi 26 mai 2008

Un géant planétaire est né vendredi dernier 23 mai 2008 au Brésil : le bébé pèse près de 400 millions d’habitants. Il répond au joli prénom d’Unasur. Les parents sont au nombre de douze. Douze comme les douze pays d’Amérique du Sud : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Equateur, la Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela.

Pour la première fois dans l’histoire de l’Amérique du Sud, tous les Etats qui la composent (à l’exception près de la Guyane française) se sont assis à la même table pour parler de leurs intérêts communs au-delà de leurs divergences du moment. Ils ont ainsi posé la première pierre d’une Union des nations sud-américaines destinée, tout comme l’Union européenne, à favoriser le dialogue entre des Etats unis par la géographie, mais souvent divisés par l’Histoire.


Ce n’est probablement pas un hasard si l’Unasur prend forme au moment précis où les tensions entre la Colombie, le Venezuela et l’Equateur au sujet de la guérilla des Farc empoisonnent l’atmosphère régionale. Ce n’est pas un hasard non plus si la première présidence en a été confiée à la présidente du Chili. Classée à gauche dans un pays marqué à droite, Michelle Bachelet a la personnalité et les compétences nécessaires pour aider les pays de la région dépassés leurs querelles. Fille d’un général chilien exécuté sous la dictature de Pinochet, elle-même torturée, elle a su malgré cela tendre la main aux Forces armées de son pays.

L’arrivée de l’Unasur sur la scène mondiale me paraît donc un événement majeur, pour l’Amérique du Sud et l’Amérique latine en général, mais également pour notre vieille Europe qui trouve ainsi un nouveau compagnon sur la route de l’intégration régionale. La France devrait d’ailleurs jouer un rôle prépondérant au sein de l’Union européenne vis-à-vis de l’Unasur, car la Guyane française est désormais le seul territoire d’Amérique du Sud à ne pas faire partie de la nouvelle union. A ce titre, l’annulation en dernière minute de la participation du président français N. Sarkozy au Sommet Europe-Amérique latine (qui réunissait 50 chefs d’Etats et de gouvernement au Pérou quelques jours plus tôt), pour des raisons d’agenda prétendument chargé, constitue d’ailleurs à mes yeux une erreur d’appréciation majeure, alors que justement la France s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne. Mais le monde a déjà compris qu’il ne fallait pas trop compter sur M. Sarkozy.

L’important, c’est que les dirigeants des douze pays d’Amérique du Sud, et bientôt j’espère de l’Amérique latine tout entière, ont trouvé en eux-mêmes la volonté de s’organiser pour placer l’intérêt général de leurs populations au-dessus de leurs différences politiques.

En fondant l’Unasur, les douze pays d’Amérique du Sud montrent au reste du monde la voie à suivre.


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