Une face cachée de l’Afghanistan : la loi de l’Opium
par actu
mardi 29 septembre 2009
L’Afghanistan est à ce jour le premier producteur d’opium au monde, devant la Birmanie.
La culture du pavot est déjà depuis longtemps active dans le pays mais ce n’est qu’à cette date que la production devient comparable à celle d’une activité industrielle, elle est alors estimée à 100 tonnes d’opium par an.
La Birmanie qui fait partie du Triangle d’or (Birmanie – Laos – Thaïlande) est encore le premier producteur mondial, suivie par le Croissant d’or (Afghanistan – Iran – Pakistan).
Bien que les champs de pavot apparaissent plus tôt dans l’histoire de l’Afghanistan qu’ils n’apparaissent dans celle de la Birmanie, Le Triangle d’or a su optimiser sa production d’opium dès 1950.
Ce n’est qu’au début de l’année 1980 que l’Afghanistan devient le premier producteur mondial.
En effet la Birmanie, dans les années qui précèdent n’a pas bénéficié de conditions de culture idéales et le gouvernement a rendu obligatoire la destruction des plans ; de ce fait le pays s’est trouvé incapable de concurrencer le Croissant d’or.
Pendant l’invasion soviétique de 1979 à 1989, le trafic d’opium connaît une croissance sans précédent, l’absence de contrôle permet aux paysans de cultiver le pavot à leur guise et aux trafiquants de solidifier leur réseau.
Après le départ des forces soviétiques, la guerre civile éclate entre les Talibans et les forces gouvernementales fidèles au général Massoud, le contrôle des champs de pavot devient alors un des principaux objectifs.
Lorsque les Talibans, soutenus par les pakistanais et les États-unis, prennent le pouvoir entre 1996 et 1997, l’Afghanistan retrouve alors sa place de premier producteur mondial.
La production d’opium est relancée. Durant l’été 1996, Oussama Ben Laden trouve refuge dans le pays et y lance un djihad contre les Etats-Unis.
C’est dans la même année qu’entre en scène le Front Uni, dirigé par l’ex-ministre de la défense Massoud, il s’agit d’une nébuleuse de groupes armés (ex- Moudjahiddin) pour la plupart, qui luttent contre les Talibans au pouvoir. Cette formation est aussi appelée Alliance du Nord par les médias afghans.
En 1999 le pays enregistre une production record de 4600 tonnes, presque le double de l’année précédente, ce qui correspond à 75% de la production mondiale.
En 2001, à la suite de l’édit religieux proclamé en juillet 2000 par le mollah Mohammad Omar, commandeur des croyants et chef suprême des Talibans, la production se limita à 185 tonnes dont seulement 35 provenaient des zones sous contrôle Taliban, les 150 autres ont été enregistrées dans des zones contrôlées par le Front Uni.
Le 9 septembre 2001 le commandant Massoud, figure centrale du Front Uni est assassiné. Deux jours plus tard ont lieu les attentats du 11 septembre.
Suite à cette attaque, les Etats-Unis ne tolèrent plus les talibans, ils financent alors le Front Uni qui prend le pouvoir début 2002.
Depuis, l’Afghanistan a retrouvé sa place de leader mondial du trafic d’opium (3400 tonnes en 2002).
Ce trafic constitue pour le gouvernement afghan, comme pour les Talibans, maintenant appelés « insurgés » une source de revenus non négligeable.
Rappelons que le trafic de stupéfiants serait le troisième commerce en importance dans le monde derrière le pétrole et l’alimentation, mais surtout devant les armes et les médicaments, d’après l’ONS.
L’ONU estime qu’en 2008 la culture du pavot et le trafic d’opium engendrait un chiffre d’affaire de 2,8 milliards de dollars, soit 38% du P.I.B. afghan.
Aujourd’hui cette question sensible soulève de plus en plus de problèmes. Le gouvernement afghan ne peut pas supprimer une source de revenus aussi conséquente pour son économie sans lui trouver de substitut, mais même s’il le voulait, l’obligation de détruire les champs de pavot entraînerait la colère des paysans et des trafiquants qui seraient alors susceptibles de rejoindre ou de financer les Talibans. Le gouvernement ne serait alors plus dans la possibilité de contenir l’insurrection des Talibans.
Selon l’UNODC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime), la production d’opium en Afghanistan représenterait aujourd’hui 60% du P.I.B. afghan, et 92% de la production mondiale.
Cependant, l’impact de ce trafic en Europe occidentale et en Amérique du Nord ne peut pas être toléré plus longtemps.
Ces trafics sont responsables d’une importante partie de la délinquance, notamment avec la création d’associations du type mafia qui implique des dirigeants comme un grand nombre de petits revendeurs.
L’opium n’est pas de ce point de vue le seul problème ; l’héroïne, dont les principaux constituants sont issus du pavot est bien plus mortelle. Cette drogue est extrêmement dangereuse car ses principaux effets sont : une accoutumance physique et psychique, des troubles de l’humeur et bien trop souvent elle peut entraîner la mort. C’est aussi un anxiogène relativement puissant qui peut amener à une paranoïa totale.
Les problèmes que posent ces drogues, trop peu visibles dans les médias, ne peuvent donc pas être écartés plus longtemps.
De plus le pavot cultivé en Afghanistan pourrait être utilisé pour produire de la morphine, à des fins médicales.
Enfin, il est étonnant de constater que l’Afghanistan a encore pu se féliciter d’une des plus importantes récolte de pavot, l’an dernier, alors même que les Etats-Unis, sous l’égide de l’OTAN occupent le pays.
V.Moreau
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