Une préhistoire de l’UNESCO

par Jean Delaporte
mardi 25 août 2009

L’UNESCO doit élire son nouveau DG en septembre. Une élection à risque pour une institution porteuse d’un héritage presque centenaire. Ce premier article revient sur les fondements historiques de l’institution.

Premier article d’une série que vous pourrez suivre en septembre au sujet de l’UNESCO et de l’élection de son directeur général. Aujourd’hui, un rappel sur les fondements historiques de cette institution prestigieuse.

Si l’UNESCO a été créée officiellement en 1945, on peut remonter la datation d’une institution internationale chargée d’établir des liens culturels, éducatifs et scientifiques aux années 20. Plus précisément, la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU fondé en 1919 par le traité de Versailles, avait déjà mis sur pied un « International Committee on Intellectual Cooperation » (ICIC). C’est donc logiquement à Geneve, siège de la SDN, que l’ICIC sera installé en 1922. Sa mission est la même que celle de l’UNESCO : œuvrer en faveur du rapprochement intellectuel des nations, par le biais de programmes de coopération culturelle, scientifique et éducative.

A son bord, des grandes figures du début du siècle, comme le philosophe Henri Bergson, le génial physicien Albert Einstein, la chimiste Marie Curie, le compositeur Bela Bartok, l’écrivain Thomas Mann ou encore le poète Paul Valéry … Une diversité d’origines et de métiers qui reflètent bien la volonté de dépasser les clivages humains – nous sommes au sortir de la 1ère guerre mondiale qui a fait environ 10 millions de morts – mais qui, hélas n’a pas été financée à la hauteur de ses ambitions. Quelques années plus tard, c’est donc la France qui héberge le conseil exécutif de l’ICIC à Paris. Etonnamment, c’est un Japonais, Inazo Nitobe, qui deviendra le premier directeur, qui semble ainsi faire écho au rôle grandissant du Japon dans les institutions internationales : l’actuel directeur de l’UNESCO est également Japonais. Koichiro Matsuura termine son second mandat sur un bilan positif, avec à son crédit la réintégration des Etats-Unis au sein de l’UNESCO en 2004 et le maintien de l’importante contribution financière du Japon. On craint d’ailleurs que l’élection d’un candidat peu qualifié ait pour conséquence la baisse des contributions financières des Etats membres.

 

 


L’ICIC a été logiquement dissoute après la Seconde Guerre Mondiale, au moment de la création de l’ONU – et de l’UNESCO. Ce premier essai d’une institution internationale oeuvrant pour la « paix dans les esprits » se conclut, à l’instar de la SDN, sur un demi-succès. Si l’ICIC n’a jamais pu réellement trouver les financements et la volonté politique nécessaires à son bon fonctionnement, elle a tout de même posé les jalons de ce qu’allait être le rôle de l’UNESCO. On peut citer comme exemple son action en faveur des universités, des bibliothèques, ses réflexions sur l’évolution de la propriété intellectuelle et les médias en général.

La communauté internationale doit donc trouver en septembre un successeur digne et capable de porter l’héritage de l’UNESCO – et de l’ICIC – toujours plus loin. Et c’est le Ministre de la Culture Egyptien Farouk Hosni qui pourrait bien être ce nouveau directeur. Autant dire que nous sommes loin, très loin des idéaux de fraternité et de respect mutuel de l’UNESCO, nous reviendrons rapidement sur ce point.

Pour plus d’informations sur l’UNESCO et l’élection du mois de septembre, vous pouvez visiter notre blog.


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