Universités : le classement de Shanghai a encore frappé !

par ÇaDérange
vendredi 22 août 2008

Depuis maintenant cinq ans, l’université de Shanghai publie un classement des meilleures universités dans le monde. Pour l’information des étudiants et des pouvoirs publics chinois pour décider de leur part du meilleur endroit pour envoyer leurs étudiants compléter leurs études.

La première année, l’effet de surprise peut avoir joué. Méconnaissance des critères utilisés pour ce classement, impréparation de notre part, effet favorable de la langue pour les universités anglo-saxonnes et également structure bicéphale universités/grandes écoles en France mal appréhendés dans ce type de classement. Réaction négative et désagréable de nos universitaires avec un certain mépris hautain pour ces gens d’Extrême-Orient qui ne comprennent pas les spécificités françaises et appel à la prise en compte de la fameuse "exception culturelle" française.

Cinq ans ont passé et le classement de l’année 2008 qui vient de paraître ne montre aucune amélioration. Au contraire, nous sommes passés derrière la Suède pour la qualité de nos universités telle qu’analysées dans le classement de Shanghai. Dans le même temps, ledit classement a acquis sa légitimité et est désormais pris comme un outil intéressant d’évaluation de la qualité d’un enseignement.

Bien sûr, le classement repose sur la qualité des laboratoires de recherches associés aux universités, sur le nombre des publications qui y sont faites, sur le niveau de notoriété des journaux scientifiques qui acceptent ces publications comme faisant vraiment avancer tel ou tel sujet. On pouvait donc prendre des mesures techniques simples pour améliorer la manière dont notre recherche est perçue dans le monde. Simplifier l’incompréhensible système d’auteurs et de laboratoires multiples. Essayer de proposer ses publications à de journaux scientifiques plus huppés et critiques que nos journaux franco-français à petit tirage et copinage. Peut-être un peu accepter que nous ne sommes pas "le phénix des hôtes de ces bois", comme l’aurait dit La Fontaine. Bref, faire un mea culpa qui tout en acceptant notre manque de moyen, reconnaître que nous manquons peut-être de motivation et d’évaluation des travaux et des chercheurs.

Rien de ceci n’a été fait et au contraire on a critiqué une étude semblable, française celle-là, qui arrivait à une conclusion semblable à celle de l’université de Shanghai. Le milieu des Grandes Ecoles, ennemi intime des universitaires, a lui bien compris la menace et s’ingénie à regrouper ses forces, avoir de nouvelles idées, faire avancer la qualité de l’enseignement. Bref, il se bat et les Chinois le savent qui envoient dans nos écoles de forts contingents d’élèves. Il s’expatrie même en Chine pour y installer des écoles entières qui reprennent le modèle français.

Madame la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, qui se devait de réagir comme ont, je suppose, réagi ses prédécesseurs, fait ressortir ses réformes récentes et le temps qu’il leur faut pour produire leur effet. Dont acte. Mais voilà tout de même cinq longues années pendant lesquelles il ne s’était rien passé. Faut-il vraiment dans notre pays que les ministres décident de tout et que les milliers d’intéressés qui travaillent dans ce domaine tous les jours attendent benoîtement en troupeau que le train passe et leur apporte... les budgets nouveaux qui semblent être la seule réponse à tout en France ?

Remuons-nous un peu, que diable ! Nos étudiants le méritent.


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