USA : des élections sous le regard de Dieu
par alberto
mardi 23 octobre 2012
Les blancs, les noirs, les rouges, les jaunes, les latinos et tous les citoyens américains âgés de plus de 18 ans seront invités à élire leur président ce 6 novembre 2012 sans distinction de race, de couleur ou de religion (ce qui n’a pas toujours été le cas !).
Par-delà ces distinctions ethniques l’habitat est aussi une composante du paysage électoral : villes ou campagne, petite villes ou grande ville, côte ouest ou côte est.
Enfin, last but not least, autre élément structurant de la répartition des votes entre Républicains et Démocrates : les religions.
La religion est un thème qui joue un rôle important dans l’ensemble de la Nation, mais aussi dans l’esprit de chaque citoyen. 84% d’entre eux déclarent appartenir à une église, tandis que seulement 4% reconnaissent être athées parmi les 16% qui déclarent ne pas appartenir à une quelconque religion.
Quoi qu’il en soit, la référence à Dieu est omniprésente dans ce pays où l’on jure sur la Bible, où de nombreux serments, dont celui de l’investiture du Président, sont prononcés explicitement sous le regard de Dieu jusqu’aux Marines qui déclarent dans leurs promesses de servir la Nation : « I will never forget that I am an American, fighting for freedom, responsible for my actions, and dedicated to the principles which made my country free. I will trust in my God and in the UNITED STATES OF AMERICA », sentence qui renvoie aussitôt au fameux billet vert, autre symbole fort de l’Amérique.
Ces religions sont nombreuses mais peuvent être simplement, vues de haut, regroupées selon un schéma simpliste : les chrétiens…et les autres !
Les autres sont les israélites 1,7%, les musulmans, 0,7%, comme les bouddhistes puis les hindouistes, plus quelques autres, l’ensemble représentant au total moins de 5%.
Côté chrétien il y a bien sûr les catholiques, apparemment minoritaires mais de conception théologique suffisamment homogène pour en fin de compte représenter la famille la plus importante, 24% selon Wikipédia.
Les protestants, eux globalement plus nombreux, 50%, mais éclatés en une multitude d’Eglises allant des biens connus cultes luthériens jusqu’aux petites communautés dites évangéliques regroupant parfois à peine quelques milliers d’individus.
Outre les luthériens, le gros bataillon des églises regroupées sous le vocable « protestants » est constitué par les baptistes, les presbytériens, les méthodistes, témoins de Jehova et autres mormons…
Il est intéressant de remarquer, qu’au-delà des clivages pauvres-riches, zones urbaines-rurales, blancs-noirs…Un dénominateur commun à ces catégories ethnico-sociales peut être l’appartenance à une même religion, même si on trouve probablement peu de noirs pauvres parmi les mormons, religion revendiquée par le candidat Mitt Romney.
Malgré leur diversité, un autre dénominateur commun à ces nombreuses communautés religieuses est l’adhésion à la doctrine dite du créationnisme dont les partisans représenteraient aujourd’hui encore 40% de l’électorat.
Mouvement issu des polémiques ayant surgi au siècle dernier après l’adoption par la communauté scientifique internationale de la théorie évolutionniste de Darwin, le créationnisme a été dépoussiéré et modernisé aux Etats Unis sous le nom « d’Intelligent Design ».
Pour leurs partisans, créationnisme ou intelligent design, Dieu a créé l’homme tel que nous nous voyons aujourd’hui il y a quatre ou cinq mille ans !
Et aujourd’hui encore de nombreuses églises et associations militent pour interdire aux école et universités l’enseignement de la théorie de l’évolution.
Une autre idée sous-jacente à ces écoles est que Dieu a doté chacune de Ses créatures de dons leur permettant de traverser leur existence terrestre selon leurs destinées.
La plupart des adhérents de cette doctrine « intelligent design » se retrouvent principalement au sein de ces églises évangélistes en union intellectuellement avec les divers mouvances prônant le désengagement de l’Etat de la vie publique : Tea Party, mouvement libertarien... Pour laisser l’individu libre d’ordonner son existence selon les dons qui lui ont été donnés à sa naissance. (A noter que certains parmi les catholiques les plus ultras ne sont pas éloignés ces thèses)
L’intérêt de cette grammaire est que les riches n’ont pas à payer pour les pauvres, car s’ils sont pauvres c’est soit qu’ils n’ont pas su faire fructifier les dons octroyés par Dieu, soit que leur pauvreté n’est qu’un effet de l’ordre naturel voulu par le même Dieu. Le pauvre adhérant à cette théorie n’aura rien de plus à attendre de l’existence que ce qu’il essaiera de gagner par ses seules actions et que s’il reste pauvre c’est que Dieu l’a voulu ainsi : Amen !
Le cynisme inconscient de cette position n’exclut pas l’exercice de la Charité pratiquée a minima car venant à l’encontre du dessein céleste, mais seulement réalisée individuellement et sans recours de l’Etat.
Un effet connexe de cette position est que le citoyen libre doit être en état de se défendre lui et sa famille contre les méchants et les forces du Mal (car s’il y a Dieu, il y a donc aussi Satan !), et donc justifie la possession par chacun d’armes de toutes sortes pour le plus grand profit des marchands et le malheur des victimes de bavures !
On comprend mieux vu sous cet angle les prises de positions d’une majorité d’adhérents du parti Républicain pour diminuer les aides étatiques aux plus défavorisés : sécurité sociale, bourses d’études, aide aux chômeurs, etc…Mais aussi vénérations faites aux riches à leurs réussites à leurs existences fastueuses et à leur Argent.
Et, pour moi les discours de Mitt Romney, bien que très édulcorés lors de ses face à face avec Obama, sont alors de ce fait très lisibles !